jeudi 24 mai 2012

Troubles intentions d'Elizabeth Hoyt

Résumé de l'éditeur : Au coeur du sordide quartier de Saint-Giles, Tempérance se bat pour la survie de son orphelinat. Les caisses sont vides et ses petits protégés menacés d'expulsion. C'est alors que l'énigmatique lord Caire lui propose un échange de bons procédés. Il est sur la piste d'un tueur. Si elle accepte d'être son guide dans les bas-fonds de la ville, il l'introduira dans la haute société où gravitent de riches donateurs. La jeune femme va ainsi passer de la misère la plus noire aux riches salons londoniens, en compagnie de cet homme dévoré par d'indicibles secrets, qui, au fil des jours, éveille en elle une passion interdite...


Avant-propos (ou 36 15 code je raconte ma vie) : Je suis comme Elizabeth Bennet [rien que ca!], je suis pleine de préjugés. Et j'en avais à foison sur la romance, qui me semblait être un sous-genre littéraire pour demoiselles en mal de sensations [dit celle qui se vautre dans la chick-lit dès qu'elle le peut]. Oui, mais voilà, depuis que je me suis mise à traîner [à passer ma vie] sur les blogs, je suis intriguée. Car, parmi mes blogs préférés, il y en a un certain nombre qui parle de romances. Et qui en parle bien [pour ne pas les citer In need of Prince Charming, I don't think so, Marque ta page, Trésors de livres et les lectures de Cécile quand elle se penche sur la romance- ah ses bref sur les Lisa Kleypas !] Pour ne pas mourir idiote, j'ai décidé de me lancer...

Mon avis (ou comment Elizabeth Hoyt a vaincu tous mes préjugés sur la romance) :

  • préjugé n°1 : dans les romances, il n'y a pas d'histoire, ou plus exactement, c'est toujours la même histoire.
Certes, Elizabeth Hoyt respecte quand même la règle n°1 (énoooooorme spoiler : le héros finit avec l'héroïne!!!). Mais pour en arriver là, on ne s'ennuie pas du tout. Je n'irais pas jusqu'à dire que le contexte historique est cohérent, mais il n'y a pas d'incohérences majeures. Si vous avez déjà lu certains de mes billets, vous savez que j'ai une prédilection pour les descriptions des bas-fonds glauquissimes de Londres. Eh bien, ici, j'ai été servi. Ce n'est pas du Anne Perry, mais l'auteur nous décrit tout de même plutôt bien la noirceur du quartier Saint-Giles et le côté sordide de la prostitution.
Plusieurs intrigues s'entremêlent. Il y a notamment une enquête menée par Lord Caire sur le meurtre d'une prostituée. Même si la résolution m'a semblé un peu évidente, ce n'était pas désagréable de le voir tenter de résoudre cette énigme. Et puis, il y a la description de la vie du si charmant orphelinat de la famille Makepeace, tenu par Temperance et par son frère Winter et hérité de leur père. Ils essayent tant bien que mal de ne pas le fermer et sont presque prêts à tout pour cela. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas Lord Caire qui va les sauver...
Et puis, Elizabeth Hoyt réussit à créer du suspense là où l'on ne devrait avoir aucun doute. J'ai lu à une vitesse folle les dernières pages en me posant une question existentielle [Il va pas mourir hein? hein? c'est pas possible???] Et un livre qui vous rend votre naïveté pour quelques heures [surtout à une grande cynique comme moi] franchement, c'est que du bonheur.
Enfin, il y a quand même un justicier masqué habillé en Arlequin, qui malgré le côté ridicule de son costume, est bien intrigant. Franchement, j'aimerais bien savoir qui il est.

  • préjugé n°2 : l'héroïne est toujours une vierge effarouchée qui découvre subitement l'amour.
Eh bien là, non. Déjà, l'héroïne est veuve. Et elle n'est plus vierge (parce que d'après ce que j'ai compris, ca existe des veuves vierges dans l'univers de la romance). Au contraire, la demoiselle (elle n'a quand même que 28 ans) est secouée par des "pulsions", des "démons intérieurs" (comprenez elle aime le sexe, mais personne ne lui a dit que ce n'était pas interdit, ce qui est un peu normal vu l'époque à laquelle elle vit). Evidemment, comme dans toute fiction écrite par une américaine, elle a été punie par où elle a péché ( comprenez elle a couché avec quelqu'un donc quelqu'un est mort, c'est le cliché puritain n°1 [que je déteste!!!] surtout que ca ne marche que pour les femmes). Mais, ce que j'ai apprécié, c'est que Lord Caire a le bon goût de lui dire qu'elle est bête de penser çà (et ça c'est vraiment rare). 

  • préjugé n°3 : le héros est toujours une espèce d'homme idéal (et/ou un grand débauché qui va trouver la rédemption auprès d'une jeune vierge), qui n'existe jamais dans la vraie vie [par opposition évidemment à la fausse vie que tout le monde connait]  
Alors, certes il est lord. Mais, on ne peut pas vraiment dire que ce soit l'homme idéal. On ne peut pas vraiment dire que ce soit un grand débauché puisqu'il a sa prostituée régulière. Ce qu'il lui faut bien parce que Lord Caire n'aime pas qu'on le touche (!). Et là où le livre est quand même bien construit, c'est qu'Elizabeth Hoyt va trouver une solution "logique" pour qu'il puisse copuler tranquillement (parce qu'évidemment il ne fait pas l'amooooooooour avant de rencontrer la femme de sa vie). Et donc cela engendre une pratique sexuelle un peu spéciale [je ne vous dis rien, je préfère laisser votre esprit gamberger].
Mais malgré cela, je suis tombée sous le charme de lord Caire. Evidemment, il est beau, grand et fort et arrive à tuer ses ennemis d'un coup de canne [il a une épée dedans, mais quand même]. De plus, il traduit Catulle pour son plaisir [personnellement cette seule raison me suffirait amplement pour me jeter sur lui].  Il assume totalement qui il est. Il ne prend pas de gants pour avouer ses fantasmes. Il n'utilise pas de périphrases ridicules. [Ce qui prouve bien qu'il en a dans le pantalon si tant est que l'on pouvait en douter à un seul moment vu les descriptions plutôt détaillées de son équipement]. Mais, bon quand même, il a des problèmes relationnels avec sa maman et même avec son papa (mais il ne peut plus rien y faire car celui-ci est mort) [psychologie de bas étage : on peut supposer que c'est pour cela qu'il veut que personne ne le touche]. Evidemment, sa mère apparaît être une femme méchante et le traite mal [donc on a bien envie de le consoler]. Ah oui, et puis il revendique ne ressentir aucune émotion [si avec ca, vous n'avez pas envie de vous jeter sur lui pour lui en faire ressentir]

  • préjugé n°4 : il y a quelques scènes de sexe, qui ne feraient détourner les yeux qu'à ma grand-mère. C'est plein de membres tumescents qui mènent évidemment toujours la demoiselle (passive) à l'extase. 
Disons-le clairement, ce n'est pas ma grand-mère qui rougissait comme une idiote, en poussant des "oh la la" et en gloussant bêtement, c'était bien moi. Au début, cela commence gentiment. On apprend que mordre dans une tartelette aux prunes, c'est érotique [par contre, l'auteur ne dit rien au sujet des tartes]. On découvre qu'évoquer le drame de la prostitution infantile est un bon sujet de conversation pour donner à un homme l'envie de vous embrasser [je note, je testerai, j'ai quand même peu d'espoirs sur le résultat. Déjà, il va falloir que je réussisse à caser le sujet dans une conversation, c'est pas gagné]. Mais, rapidement, on plonge dans une partie beaucoup plus "hot" (ça commence quand même par une scène de voyeurisme dans une maison de plaisirs). Et puis, Temperance est très loin d'être passive (au contraire, c'est une sacrée coquine). Et lord Caire a un certain don pour vous attirer à lui, vous plaquer contre le mur et vous faire palpiter de partout [euh je veux dire Temperance bien sur]

  • préjugé n°5 : dans la romance, tout est rose bonbon. 
Bon, ici, tout n'est pas noir non plus, mais il y a quand même une bonne dose de vice et de perversité chez les héros. Par exemple, la rencontre de Silence et Mickey est un bonheur d'humiliation raffinée, où, en fait, la perversion vient de ce que tout le monde va s'imaginer et non pas de ce qu'il s'est réellement passé.


Conclusion : Voilà, je suis tombée sous le charme de la romance. A tel point que j'ai commandé la suite (qui devait arriver aujourd'hui, mais drame, ce n'est pas le cas). Je ne vais pas lire que ça [depuis DD (décidément, il m'aura fait de l'effet celui-là), je ne lis que des lectures faciles, donc là j'ai besoin de noirceur, de prise de tête sur des concepts que je n'arrive pas à comprendre, de polars, de drames (résultat : depuis j'ai lu Jane (coeur à prendre) Jones, no comment)], mais j'y reviendrai [surtout dès que mon colis sera arrivé].

Bonus 1 : Si vous ne le savez pas, j'adooooooore les livres où l'on trouve des prénoms à coucher dehors (cf Hunger Games). Et avec Elizabeth Hoyt, c'est du grand art ! Les enfants de la famille Makepeace s'appellent Concord (homme), Asa (H), Winter (H), Temperance (depuis Bones, c'est un classique) et Silence (F) [avec son nom d'épouse, ca donne Silence Hollingbrook que du bonheur!]. Il y a une autre soeur mais j'ai oublié son petit nom, car elle est juste citée. J'ai aussi beaucoup aimé Godric St John. Mais alors le coup de génie de l'auteure, c'est que tous les enfants de l'orphelinat portent des prénoms composés en Joseph ou Mary !!!! Par exemple, Joseph Tinbox. Et pour les filles, attention les yeux : Mary Little, Mary Sweet, Mary Hope, Mary Pentecôte, Mary Evening et Mary Church ! J'en redemande !


Bonus 2 : Le top des phrases que l'on trouverait complètement niaises si l'on n'était pas en train de lire une romance et qui là, vous collent des papillons dans le ventre et le sourire aux lèvres :
    1. "-Moi? Je suis mille fois pire que Sir Henry, répliqua-t-il, son visage tout près de celui de la jeune femme. Vous feriez mieux de vous enfuir tout de suite et de ne plus me revoir" [Ah le bon vieux coup du je suis mystérieux et un brin dangereux, vous êtes trop bien pour moi, je me sacrifie pour votre propre bien. Imparable]
      2. "J'aurais traversé les flammes pour te rejoindre, fit-il d'une voix enrouée" [Dans le contexte que je ne peux vous évoquer sans spoiler, c'est à tomber par terre]
      3. "(...) ce n'est pas parce que l'amour ne s'exprime pas qu'il n'existe pas" [Si vous saviez qui lui dit ça...]
      4. "Ses lèvres avaient le goût des larmes." [D'accord, c'est parce qu'elle est en train de pleurer, mais quand même, c'est bôôôô]
      5. "c'est un gredin flamboyant" [Je m'incline devant tant d'éloquence]

14 commentaires:

  1. Et bien il me tentait bien avant ton avis, maintenant j'ai vraiment vraiment très envie de le lire ^^

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    1. Je ne peux que te le conseiller si ça te tente ! Evidemment ce n'est pas un chef d'oeuvre de la littérature, mais ca se lit très très bien :-)

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  2. Tu es tellement drôle que tu m'as convaincue ! Je tenterai au moins une fois, et pourquoi pas avec ce titre... Mes préjugés seront peut-être aussi vaincus !

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    1. Merci :-) Je pense que tu pourrais tomber plus mal qu'avec ce titre. Je considère en effet qu'il faut toujours essayer pour se faire sa propre opinion. Après, j'ai une forte tendance à aimer les histoires d'amour, donc il faut voir si tu y es allergique ou pas ^^

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  3. Ah, c'est marrant, je l'ai vu chez Sandy qui n'a pas aimé, du coup je ne l'ai pas noté, mais j'adore ton billet !

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    1. Tant mieux pour moi, tant pis pour Elizabeth Hoyt^^ J'ai vu, elle reproche les prénoms et surtout le côté puritain, ce que je déteste aussi. Mais, je trouve que dans le contexte ce n'est pas si étonnant et surtout, j'ai retenu le fait que lord Caire lui dise que c'est idiot de penser ca. Mais, c'est sur que je ne le conseillerai pas à quelqu'un les yeux fermés, parce que ca peut vraiment déplaire.

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  4. Patacaisse a aimé et moi j'ai trouvé plutôt original... mais je ne sais pas si je vais lire la série. J'avais pris ce livre au hasard.

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    1. Patacaisse dit que le 3e est le meilleur donc je ne vais pas pouvoir résister ^^ Ce qui m'embête, c'est qu'on ne va plus parler de lord Caire et Temperance, mais j'attends de voir ce qui arrive aux autres !

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  5. Tiens, depuis quelque temps, je suis moi aussi curieuse de ce genre mais je n'ai pas encore osé franchir le pas !

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    1. Je pense vraiment qu'il faut essayer pour voir. Après, Troubles intentions, c'est quand même un peu spécial. C'est un peu dur de te le recommander sans bien connaître tes goûts, mais si tu n'es pas rebutée par mon billet, tu peux peut être tenter !

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  6. Le troisième est trop trop bien. Et ton article est trop trop bien également (et je vais me coucher car grosse fatigue ;-) ) .

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    1. Merci ! J'ai reçu le 2 ca y est ! Mais j'ai commencé Coeur Rebelle alors je ne vais pas lire les 2 en même temps, mais ce sera pour bientôt...Repose-toi bien !

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  7. si je suis d'humeur à lire de la romance je penserais à ce livre ;) tu ne veux pas le mettre dans le challenge victorien ?

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    1. Shame on me, j'ai fait un billet confusionnant avec ma référence à Anne Perry. Mais en fait ca se passe en 1737. Donc ce n'est pas victorien :-( Par contre Coeur rebelle le sera et je le collerai dans ton challenge ^^

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