dimanche 31 mars 2013

Northanger Abbey de Jane Austen


Lecture commune 


Avant-propos : J'ai pendant longtemps gardé des romans de Jane Austen à découvrir car je savais que la dame n'en avait écrit que 6. Northanger Abbey était l'avant-dernier de ma liste. Il ne me reste plus maintenant que Mansfield Park. (Mais ce qui est bien, c'est qu'on peut toujours les relire).

Mon résumé : Catherine Morland, 17 ans, accompagne ses voisins, les Allen, dans la ville de Bath pour aller bénéficier de ses eaux, mais aussi de la vie mondaine. Rapidement, Catherine rencontre le jeune et séduisant Henry Tilney, puis devient très amie avec Isabelle Thorpe et son frère John.

Mon avis : Dès la première page, on replonge avec délices dans le style délicieusement ironique de Jane Austen. Sa présentation de la famille Morland est vive et extrêmement drôle. De même, la présentation de son (anti-)héroïne, Catherine, nous met aussi dans l'ambiance : elle nous est présentée comme quelqu'un de vraiment quelconque dans son enfance et qui n'a donc rien pour devenir une héroïne.
Un jeu s'installe entre nous et Jane Austen. Celle-ci va de temps en temps nous commenter de manière très drôle ce qu'aurait pu ou dû faire Catherine si elle avait été une héroïne plus aguerrie. Par exemple, en voyant arriver Henry Tilney au bras d'une dame inconnue, elle aurait pu tout de suite tomber en pâmoison en s'imaginant qu'il était intéressé par la jeune femme (alors qu'elle a tout de suite compris que c'était sa soeur).
Ce livre permet aussi à Jane Austen d'affirmer tout son amour pour les romans. J'ai été très saisie par sa défense ardente du style romanesque face aux critiques qui pouvaient être émises à l'époque. Les romans sont effectivement considérés comme un sous-genre, bon à distraire les demoiselles en mal de frissons. En lisant ses livres, qui sont pour moi tous formidables, j'ai tendance à oublier qu'à l'époque tout le monde ne pensait pas de cette manière et j'ai aimé que Jane me le rappelle. Et évidemment, elle m'a furieusement donné envie de lire Les mystères d'Udolphe d'Ann Radcliffe !
Quant aux personnages ? Si Catherine Morland fait encore partie de ses héroïnes à qui je donnerais bien une claque, je lui pardonne plus aisément qu'à d'autres car elle est en fait l'archétype des gourdes jeunes filles naïves et vivement impressionnables qui peuplent les romans gothiques. D'ailleurs, j'ai apprécié les passages qui se déroulent dans Northanger Abbey où Catherine se fait tout un tas de films dans sa tête. Henry Tilney, quant à lui, est un très bon héros austenien (comprenez : je suis tombée sous son charme). Il est drôle, spirituel, cultivé...A tel point qu'on se demande quand même ce qu'il peut trouver à Catherine (et qu'il m'a un peu déçue quand il l'a dit). Isabelle Thorpe est une garce comme je les aime. Toute mielleuse devant Catherine, elle roule complètement dans la farine la naïve jeune fille et n'a qu'un seul but : faire un mariage d'argent. John Thorpe est quasiment le personnage que j'ai préféré tellement il est imbu de lui-même, orgueilleux, menteur, vantard, assommant et ridicule alors qu'il ce croit très intéressant et spirituel. J'ai aussi aimé que Catherine, sous la pression de ses amis, n'arrive pas à dire au départ qu'elle ne l'apprécie pas (à qui cela n'est jamais arrivé un jour ?)
Je m'attendais juste à ce qu'il y ait plus de passages à Northanger qui n'arrive qu'après une bonne moitié du livre. Mais, la critique de la bonne société de Bath est tellement drôle qu'au final, ce n'est pas si gênant !
Je vous laisse avec quelques citations :
 " Elles manifestèrent à se revoir une grande joie, en personnes qui se sont fort bien accommodées de ne rien savoir l'une de l'autre pendant quinze ans". 
"Lorsqu'on désire plaire à quelqu'un, il faudrait toujours être ignorant. Trop d'instruction équivaut à une incapacité totale à flatter la vanité des autres, ce qu'une personne intelligente souhaitera toujours éviter. une femme surtout, si elle a le malheur de savoir quoi que ce soit, devra le dissimuler aussi bien que possible.
La plume géniale de l'une de mes soeurs romancières a déjà mis en évidence tous les avantages d'une sottise naturelle chez une jolie fille." 
En quelques mots : Encore un très bon moment avec Jane Austen, j'ai adoré certains passages du livre, mais je n'ai pas assez apprécié l'héroïne pour être complètement sous le charme (mais je n'en suis pas loin).

Le billet de Philisine Cave qui est aussi sous le charme de la modernité de l'auteure et celui de Miss Léo, toujours aussi complet !
L'avis d'Emily qui a aussi particulièrement aimé l'humour présent dans ce tome.









vendredi 29 mars 2013

1Q84 d'Haruki Murakami (Tome 3)

Lecture commune avec Lili et Manu.

Dans les épisodes précédents :
MURAKAMI Haruki - 1Q84 (Tome 1)
MURAKAMI Haruki - 1Q84 (Tome 2)

Je voulais quand même saluer les jolies couvertures qui s'emboîtent dans l'édition de poche chez 10 / 18 (c'est bête, je n'ai pas les trois livres sous la main, sinon je vous aurais fait une photo). 

Attention risque de spoilers sur les tomes précédents ! 

Mon avis : Je savais avant de le lire que beaucoup de personnes avaient trouvé ce tome décevant par rapport aux 2 autres et surtout que le mystère était loin d'être levé sur tous les éléments du monde d'1Q84. Donc au final, je suis un peu déçue mais sans doute moins que si je ne l'avais pas su.
Dans ce nouveau volume, une troisième voix vient se mêler à celle de Tengo et d'Aomamé : il s'agit de celle d'Ushikawa, personnage que l'on a rencontré dans le volume précédent. J'ai au final assez apprécié ce personnage au physique repoussant, qui a toujours été mis de côté par les autres et qui a réussi toutefois à se construire en dépit de cela (même si ces différentes activités sont peu légales). J'aime toujours autant la façon dont Murakami décrit la vie de ses personnages dans tout ce qu'ils ont de plus banal, tout en distillant quelques éléments poétiques. Par contre, j'ai été un peu moins séduite par les multiples références littéraires qui pour certaines n'apportaient pas forcément quelque chose de plus au récit.
J'ai aimé la description de la solitude, déjà présente dans les tomes précédents, mais que j'ai trouvé encore plus importante ici. Solitude de Tengo face au silence. de son père, solitude d'Aomamé dans son appartement et solitude d'Ushikawa dans sa surveillance.
Même si j'ai trouvé le procédé un peu facile, j'ai aussi apprécié les chapitres où l'on revoyait les mêmes événements sous les yeux des différents protagonistes (je m'étais demandée pourquoi Aomamé avait manqué Tengo sur le toboggan, par exemple).
Par contre, je n'ai pas trop accroché à ce qui arrive à Aomamé, j'ai trouvé que l'histoire de cette petite chose était vraiment trop tirée par les cheveux.
Mais au final trop de questions restent sans réponses et laisse tout de même un sentiment de frustration (même si je m'y attendais) surtout après avoir parcouru plus 1500 pages !

En quelques mots : Pour résumer ce livre, je dirais que l'important n'est pas ce qu'il y a au bout du chemin, l'important c'est le chemin. Il y a quand même de jolis moments de poésie et même si on aurait aimé plus de réponses, je ne regrette pas ma lecture.
J'ai  quand  même regardé dans le ciel pour voir s'il n'y avait bien qu'une seule lune (mais je ne l'ai même pas vue!).

Merci à mes copines de LC qui ont repoussé la date d'un jour pour que je publie à temps ! Allez lire leurs billets qui sont aussi un peu mitigés: le billet de Lili et celui de Manu.


mercredi 27 mars 2013

La marque de Caïn d'Anne Perry (Monk, Tome 6)


Lecture commune avec


Dans les épisodes précédents :

PERRY Anne - Un étranger dans le miroir (Monk, Tome 1) 
PERRY Anne - Un deuil dangereux (Monk, Tome 2) 
PERRY Anne - Défense et trahison (Monk, Tome 3) 
PERRY Anne - Vocation fatale (Monk, Tome 4)
PERRY Anne - Des âmes noires (Monk, Tome 5)


Mon résumé : Geneviève Stonefield vient consulter Monk car son mari a disparu. Elle est persuadée que son frère jumeau, Caleb, l'a tué. Les 2 frères sont effectivement on ne peut plus dissemblables : Angus est un chef d'entreprise et un père de famille respectable tandis que Caleb est un chef de la pègre du dangereux quartier de Limehouse. En menant son enquête, Monk va aussi rencontrer la charmante Drusilla Wyndham...

ATTENTION, J'AI GLISSE QUELQUES SPOILERS

Mon avis : Je l'ai un peu moins apprécié que les autres tomes. Il faut dire que je me souvenais bien des deux intrigues et de ce fait je n'ai pas eu d'effet de surprise. Mais, c'était aussi le cas lors des aventures précédentes où pourtant j'avais toujours pris plaisir à redécouvrir une multitude d'éléments que j'avais oubliée. Ici, j'ai trouvé que, quand on connaissait l'intrigue, il y avait moins de rebondissements que dans les tomes précédents. De plus, je trouve que la partie sur Drusilla s'arrête de manière un peu abrupte, on ne sait pas vraiment ce qui lui est arrivé...De même que l'on ne sait pas ce qu'Enid savait...
Mais il n'empêche que la lecture d'un Monk est toujours extrêmement plaisante pour divers aspects. J'ai comme d'habitude un immense plaisir à retrouver Hester, qui, dans ce volume se montre courageuse (comme toujours) en travaillant dans un hôpital de fortune dans le quartier de Limehouse où sévit la fièvre typhoïde. Elle est aussi d'un soutien de poids pour Monk (même quand celui-ci fait l’imbécile) et trouve une solution à son problème (d'ailleurs, on ne sait pas non plus s'il est au courant de ce qu'elle a fait pour lui). Et puis, son témoignage au tribunal est un des grands passages du livre !
Monk, par contre, montre qu'il est toujours aussi naïf devant une jolie femme ! Il est supposé être un fin limier, mais celà ne va pas l'étonner une seule seconde qu'une femme de bonne famille le suive alors qu'elle le connaît à peine. Il nous prouve qu'il n'est bien qu'un homme (c'est pour qu'on arrête de fantasmer sur lui). On a quand même l'impression qu'il a conscience de ses sentiments pour Hester (mais qu'il essaye de les refouler), alors qu'Hester est dans le déni le plus totale. La seule qui soit vraiment triste pour eux 2, c'est Callandra (qui elle a tout compris).
La description de Londres est toujours aussi vivante. On plonge cette fois dans l'odieux quartier de Limehouse où les populations sont laissées à l'abandon et où les pouvoirs publics, par peur et préjugés, refusent d'installer le tout-à-l’égout, qui permettrait à la population de vivre dans des conditions décentes. On longe aussi les rivages de la Tamise (et même, on plonge dedans) et l'on découvre ces bateliers qui franchissent le fleuve au péril de leur vie ainsi que le rôle de la police fluviale (qu'on retrouvera plus tard).

En quelques mots : un tome que je trouve un peu moins abouti que les autres, mais qui reste tout de même plaisant à lire.

Les billets d'Adalana, Claire et Syl.




jeudi 21 mars 2013

L'énigme des Blancs-Manteaux de Jean-François Parot (Nicolas Le Floch, Tome 1)


Lecture commune organisée par Syl avec Adalana, Eliza, Natiora, Lilousoleil, Bianca, Emma 


Avant-propos : J'ai suivi ma GO préféré,  Syl, qui m'a déjà entraînée avec bonheur dans la relecture des Monk, dans cette nouvelle aventure au long cours : lire les aventures de Nicolas Le Floch. J'avais déjà lu le premier tome, mais je n'avais jamais poursuivi (et je me demande vraiment pourquoi...). Je me suis donc replongée dans la première aventure pour me rafraîchir la mémoire.

Mon résumé : 1761. Nicolas Le Floch retourne pour quelques jours dans sa Bretagne natale après un peu plus d'un an passé à Paris. Son tuteur, le chanoine Le Floch, est sur le point de mourir. C'est lui qui a recueilli Nicolas, bébé abandonné à la naissance et qui l'a placé sous la protection du marquis de Ranreuil, son parrain, ce qui lui a permis de recevoir une éducation convenable et d'être envoyé à Paris auprès de M. de Sartine, lieutenant général de la police. Mais, Nicolas a laissé derrière lui, la belle Isabelle, fille du marquis de Ranreuil, dont il est amoureux. Son voyage se passe plutôt mal, son tuteur décède et son parrain se fâche quand il voit à quel point Isabelle et Nicolas sont proches. Notre héros rentre donc tout contrit à Paris et se voit confier une affaire importante par M. de Sartine lui-même. Il doit enquêter sur la disparition du commissaire Lardin, son hôte.

Mon avis : Il faut bien avouer que si l'intrigue policière est correcte, elle n'est pas haletante. Les méchants sont très méchants, seuls quelques personnages viennent jeter le trouble (Semacgus est-il ce qu'il prétend être ?) et la résolution est hyper classique avec tous les personnages qui se trouvent rassembler dans la même pièce au moment des révélations.
Mais c'est bien le seul petit défaut que je trouve au livre (en fait, j'en trouve un autre à la fin du billet). Je suis absolument fan de cette reconstitution de la France du XVIIIe siècle sous la plume de Jean-François Parot. Déjà, au niveau du langage, l'auteur a fait le choix quelque peu audacieux d'insérer quelques mots d'époque ce qui donne un charme très particulier au récit. On se délecte à découvrir le sens de mots perdus. Ce n'est toutefois pas une reconstitution complète du langage du XVIIIe (sinon le lecteur n'y comprendrait goutte), mais c'est absolument charmant.
Ensuite, la reconstitution de Paris est absolument magnifique, on se promène dans les venelles putrides, dans les faubourgs, dans les geôles du Châtelet ou encore à la Bastille, mais aussi au Faubourg Saint Honoré et pour finir à Versailles. On a envie de prendre un plan de Paris et de suivre les pérégrinations de Nicolas (chose que j'avais faite la première fois que j'ai lu le livre). Chaque destination nous est décrite avec force de détails, sans pour autant que cela devienne étouffant. Les goûts et les odeurs nous sont restitués de manière précise, parfois appétissants (l'auteur aime glisser des recettes dans ses livres), parfois peu ragoûtants (le fameux Tirepot).
Les personnages principaux sont eux aussi fort sympathiques. Nicolas Le Floch, qui a environ 21 ans est encore un peu naïf ce qui donne de la fraîcheur au personnage. C'est amusant de le voir un peu gêné face à La Paulet, dame patronnesse de la maison-close, Le Dauphin couronné. Mais, ses capacités de déduction et de réflexion vont lui permettre d'avancer dans tous les milieux. Il est assisté d'un inspecteur un peu plus âgé, Bourdeau, qui connaît tous les rouages de la police, qui essaye de prévenir Nicolas (qui  n'en fait parfois qu'à sa tête et reviens tout penaud de n'avoir pas écouté son subordonné). On croise aussi des personnages historiques : de Sartine nous est présenté ici comme un adepte de la déduction autant qu'un habile politicien (et collectionneur de perruques). Nous rencontrons aussi le bourreau Sanson (celui qui guillotinera Louis XVI) qui joue un peu le rôle d'expert médico-légal (mais sans les exagérations que l'on peut constater dans d'autres séries) et qui nous raconte par exemple le supplice de Damiens suite à sa tentative avortée d'assassinat sur Louis XV.
Je trouve juste l'épilogue à Versailles un peu trop gros (en général, je ne suis pas fan des épilogues) avec la marquise de Pompadour qui porte "un regard à la fois adorant et angoissé sur le roi qui, de son côté lui témoignait son attachement par une multitude de petites attentions. Nicolas respirait mieux, il avait l'impression de se retrouver à une réunion de famille." Ce n'est clairement pas la légende noire de Louis XV qui est mise en avant, mais penser être en famille avec le roi, il ne faut peut être pas exagérer !

En quelques mots : A part les quelques reproches mineurs que j'ai pu émettre, je suis absolument sous le charme. Je n'ai qu'une seule hâte : découvrir enfin la suite !

Les billets des participantes de la LC  : Adalana, Natiora, Emma, Bianca, Eliza, Lilousoleil et de Miss Léo (qui l'a lu quelques mois avant nous).


mardi 19 mars 2013

Hôtel Iris de Yôko Ogawa

Avant-propos : Si j'adore lire des romances rose bonbon où je sais comment tout va se dérouler, parfois j'aime aussi lire des oeuvres un peu plus transgressives. C'est pour cela que j'avais acheté ce livre d'Ogawa.

Mon résumé : Dans une station balnéaire anonyme, Mari, 17 ans, s'occupe de la réception de l'hôtel familial, quand, un soir, un incident se produit : une femme sort d'une chambre d'hôtel en hurlant sur l'homme qui se trouve encore à l'intérieur, l'accusant de pratiques sexuelles malsaines (quand bien même la dame est visiblement une prostituée). Alors, la voix de l'homme s'élève : "Tais-toi, putain". Le ton autoritaire sur lequel est prononcé cette phrase fascine Mari. Quelques jours plus tard, la jeune fille croise l'homme dans la ville et se met à le suivre. Celui-ci s'en rend compte. S'engage alors entre eux une étrange relation.

Mon avis : On ne peut pas vraiment dire que j'ai été séduite, on ne peut pas vraiment dire que j'ai été choquée.
J'ai aimé le style d'Ogawa, très japonais (dans l'idée que je m'en fais par rapport aux traductions), c'est à dire épuré, un peu glacé mais assez poétique.
Ogawa met en scène la rencontre de 2 solitudes. L'homme est un traducteur de russe de 67 ans qui vit reclus sur une île au large de la station balnéaire et de Mari qui ne rencontre personne d'autre que les clients de l'hôtel, vu qu'elle est déscolarisée (décision maternelle). La différence d'âge ne m'a pas choquée plus que cela, car Mari est tellement esseulée, que je pense que cela aurait pu succomber à n'importe qui (une femme, par exemple). Elle le suit car c'est la seule personne qui va s'intéresser à elle. Ce qui est très troublant chez Mari, c'est le mélange qu'elle va faire entre la soumission/ humiliation /plaisir sexuel et l'amour. Complètement soumise et parfois avilie, elle va dire juste après qu'ils n'ont jamais été aussi proches et qu'elle ne veut pas le quitter de la nuit, ce qui est pour le moins déconcertant (enfin selon moi^^). Quand Mari a une relation sexuelle "traditionnelle", elle n'évoque à aucun moment le plaisir. De plus, j'ai assez aimé la dualité du traducteur qui se montre timide et maladroit dans la station balnéaire et qui devient tyrannique et autoritaire dans ses relations sexuelles. D'ailleurs, il écrit à Mari des lettres d'amour plutôt jolies dans les extraits qui nous sont proposés (et pas du tout sexuelles).

Ce qui m'a vraiment dérangée, c'est le manque de finesse psychologique :

  • Mari est soumise sexuellement et y trouve du plaisir, comme par hasard elle est soumise à sa mère depuis l'enfance (sa mère lui coiffe encore les cheveux tous les matins, alors qu'elle a 17 ans, lui a fait arrêter l'école pour qu'elle vienne s'occuper de l'hôtel, elle n'a pas le droit de sortir sans avoir une bonne raison...). 
  • Mari va à la fête foraine en compagnie du traducteur, alors que c'était l'une des rares sorties qu'elle faisait régulièrement avec son père, qui est mort quand elle était jeune. De plus, elle a dû soigner son grand-père alors qu'il se mourrait d'un cancer. Complexe d'Electre es-tu là? 
  • Le traducteur parle à Mari de son neveu qui a juste quelques années de plus qu'elle et qui doit lui rendre visite. Humm mais que va-t-il donc bien se passer???
  • Le traducteur aime asphyxier Mari avec un foulard ce qui a un lien très fort avec la façon dont sa femme est morte.
Bref, on se croirait dans un cours de psychologie pour débutants, avec des ficelles grosses comme des bras, alors que justement, s'il y a bien un livre où je m'attendais à ne pas avoir toutes les clés en main, c'est bien celui-ci. Heureusement, quelques passages gardent un peu de mystère comme ce qui arrive au traducteur et à son neveu à la fin.

En quelques mots : un peu déçue par le côté trop explicatif de l'ensemble, j'ai tout de même apprécié la plume de l'auteure et je pense que je tenterai un autre de ses ouvrages pour me faire une idée. (Mais ça permet au moins de me conforter dans l'idée que je n'ai pas envie de me retrouver saucissonnée et pendue à un crochet "comme une crevette" en train de me prendre des coups de cravache à côté d'une souris morte^^) [Je ne vous raconte pas les mots-clefs de recherche que va donner ce que je viens d'écrire]

Participation au challenge écrivains japonais d'Adalana

vendredi 15 mars 2013

Quelle époque ! d'Anthony Trollope

Lecture commune organisée par Adalana avec Camille, Céline, Denis, Lecture et cie, Malorie, Syl et Titine. 


Tout d'abord, je commence par répondre à la question que vous vous posez tous depuis hier : "Qui a fait le design des boîtes aux lettres rouges anglaises ?" Eh bien, il s'agit de ce cher Trollope qui était inspecteur des postes (et qui écrivait pendant son temps libre!). 



Avant-propos (où je râle, vous êtes prévenus) : A-t-on jamais vu de couverture plus hideuse que celle de l'édition  J'ai Lu ??? Le graphisme est abominable, les personnages absolument affreux (le bossu qui n'a qu'un oeil me ferait faire des cauchemars la nuit) et je ne vous parle même pas du fait que cela n'a absolument rien à voir avec le sujet du livre. Pour cette raison, j'ai décidé de ne pas acheter le livre (je ne juge pas un livre à sa couverture, mais je n'ai vraiment pas envie d'avoir ça dans ma bibliothèque). Je l'ai donc emprunté à la médiathèque (qui n'avait que l'édition de poche) et j'ai découvert le taille microscopique des caractères qui m'a rappelé celle de Daniel Deronda. Me voilà rendu à faire du 20 pages à l'heure avec l'impression de ne pas avancer. (J'ai même abandonné mon habitude de lire plusieurs livres en même temps pour être prête à temps pour la LC.) Et je trouve cela terriblement dommage car cela gâche un peu du plaisir de lecture et surtout cela participe au fait que Trollope ne soit pas plus connu en France (sur ses 47 romans, seuls 2 sont sortis en poche et environ une dizaine ont été traduits, ce qui est fort regrettable). Ca y est, j'ai fini de râler (pour aujourd'hui). 

Mon avis : Dès les premières pages, j'ai été saisie par le style de l'auteur qui nous interpelle et qui nous donne son avis sur ses personnages. Il nous présente l'un de ses personnages principaux, Lady Carbury par l'intermédiaire de 3 lettres qu'elle envoie à différents correspondants. Cette femme nous apparaît alors comme un personnage peu moral, capable de toutes les bassesses mais aussi de toutes les flatteries pour faire que son livre ait une bonne critique dans un journal. Mais dès le chapitre suivant, Trollope nous présente Lady Carbury dans son contexte familial et nous explique ce qu'elle a vécu, et là nous sommes bien forcés de revoir notre opinion sur la dame qui nous devient un peu plus sympathique.
L'une des grandes forces de ce roman est ses personnages. Tous plus ambigus les uns que les autres, qu'on apprécie autant qu'on déteste, qu'on imagine sans pitié et qui se dévoilent alors fragiles, ou à l'inverse qu'on trouve timorés et qui révèlent une force de caractère insoupçonnée, Trollope nous offre une galerie de personnages criants de vérité. J'aimerais vous parler de tous, mais ce serait un peu fastidieux pour vous,  donc je n'évoquerai que quelques uns d'entre eux. Tout d'abord, Melmotte l'un des personnages centraux du roman, le Grand Financier, qui transforme tout ce qu'il touche en or semble-t-il, ce qui lui ouvre les portes de la City et peut-être même du Parlement et qui lui permet aussi d'attirer chez lui les membres de l'aristocratie britannique et même l'empereur de Chine. Personnage grossier et imbu de lui-même, à qui on pardonne tout car il pourrait accorder une faveur (ou encore mieux de l'argent ou une participation dans une de ses entreprises), mais plus haut il s’élèvera...(j'ai d'ailleurs été assez étonnée du sort qui lui a été réservé). Autre personnage imbuvable du roman, Felix Carbury, fils de Lady Carbury, qui est absolument horrible : égoïste, joueur, buveur, lâche, menteur, il n'a que pour lui son joli visage. Même si j'ai détesté le personnage, j'ai adoré suivre ses péripéties et voir jusqu'où il serait capable de tomber. Face à eux, il y a tout de même un homme qui est venu relevé le niveau, c'est Roger Carbury, le cousin de Félix. Pour moi, il est presque l'équivalent d'un Darcy (je sais que tout le monde ne va pas être d'accord avec moi^^), mais j'ai adoré sa droiture, son amour sans failles pour sa cousine Hetta au point de se sacrifier en silence pour elle, à toujours l'aider qu'elle le sache ou non et c'est en cela qu'il m'a rappelé Darcy, même s'il a côté plus terne, il m'a beaucoup émue. Les femmes ne sont pas en reste non plus. Ce sont elles qui connaissent les évolutions les plus importantes, mais on ne peut pas vraiment dire que l'une d'entre-elles m'est touchée parce qu'elles sont pour beaucoup aveuglées par leur amour pour des hommes qui ne le méritent pas et à l'inverse, elles ne voient pas ceux qui les aiment et les respectent vraiment.
Mais c'est aussi un plaisir de lire Trollope à cause de son regard légèrement moqueur sur l'ensemble de la société. Le monde littéraire, les journalistes, les politiciens, les financiers, tous en prennent pour leurs grades. Leurs travers sont dénoncés par la plume parfois acérée de l'auteur : "Ces gens-là ne pouvaient s'empêcher de penser que, parce qu'il faisait de l'esbroufe, Melmotte était puissant; et lui offraient leur derrière pour recevoir des coups de pied, uniquement parce qu'il levait l'orteil". Il réussit à nous intéresser à une sombre affaire de malversations financières autour de la création d'un chemin de fer sensé relier San Francisco au Mexique tout autant qu'à une élection à la Chambre des Communes.

En quelques mots : Les 800 pages se lisent au final assez facilement et avec un grand plaisir tellement le style de l'auteur est fluide. Et dire qu'il a mis seulement 6 mois pour l'écrire alors que j'ai mis presque 15 jours à le lire !

Les billets d'Adalana, Camille et Eliza (qui a suivi notre LC mais qui l'avait lu l'an dernier).


Oh et lors de mon dernier voyage à Londres je suis passée à Grosvenor Square (de nuit, d'où la qualité de la photo, je l'avais photographié à cause d'Anne Perry, mais on le retrouve dans Au temps du toi Edouard et donc dans Quelle époque !). Aujourd'hui, on y trouve notamment l'ambassade américaine.







jeudi 14 mars 2013

Tag des 11 questions, le retour

 Budapest sous la neige l'an dernier. 
J'avais déjà répondu à ce tag ici, mais il s'agissait évidemment d'autres questions, posées à l'époque par Grignoteuse. Cette fois, c'est Pando qui m'a taguée et comme j'ai bien aimé ses questions, je renouvelle l'expérience avec plaisir.


1) Le classique que tu aimerais bien lire un jour dans l'absolu mais qui te fait peur rien que d'y penser
Je dirais Les Misérables. Il me fait peur surtout depuis que j'ai vu la réédition de l'Intégrale chez Pocket, dont j'adore la couverture, le problème étant que je ne vois même pas comment j'arriverai à tenir le livre dans ma main. Si je craque, je l’achèterai en 3 volumes. Mais pfffffffffff 1500 pages quoi. Peut-être pendant les vacances si je m'ennuie beaucoup. Je sais que je passe à côté de quelque chose. Mais là, je rêve de livres courts (vous verrez pourquoi demain ou samedi)
2) Question sérieuse : les ebooks sont-ils l'instrument du démon?
Pour ma part, non (ou alors je suis sous l'emprise de Satan). J'ai une liseuse et je trouve cela très pratique pour partir en vacances ou n'importe où, surtout que je déteste corner mes livres donc quand je me déplace, je l'embarque. Et puis, c'est vraiment pratique pour les livres en anglais d'avoir le dictionnaire intégré. Je ne regrette pas mon achat, mais je continue bien évidemment d'acheter des livres papiers. 
3) Question sérieuse bis : qui a les plus beaux cheveux, Thor ou Loki?(évidemment c'est Thor mais pour le principe)
Hummmm moi les cheveux pour les hommes, je les aime courts, alors c'est un peu mort. Je vais dire Loki mais joué par Matt Damon dans Dogma de Kevin Smith (même si je ne suis pas fan de Matt Damon, je le préfère à Chris H et Tom H). Oui je sais on peut me fouetter pour cela. 
4) Une chanson qui te fait penser au printemps
Il fait si beau de Vincent Delerm que j'écoute en boucle dès les premiers jours de beau temps. 
5) Est-ce que c'est vraiment indispensable d'assortir son sac à main à ses chaussures?
Tu parles à quelqu'un qui n'est même pas capable d'assortir son bonnet à son écharpe, alors je dirais non. Dans l'absolu, ce serait formidable. Mais, je n'ai qu'un sac à main car je suis incapable de changer tous les jours sans oublier mes clefs, ma carte bleue...Par contre, j'ai plusieurs paires de chaussures. 
6) Le couple que tu shipperas jusqu'à la fin du monde (ça peut être d'une série, d'un film ou d'un bouquin, voire même de la vraie vie mais là c'est plus risqué :P)
Ma première pensée a été pour Amelia Peabody et Radcliffe Emerson. Je les aime d'amour, depuis la première fois que je les ai découverts (il y a plus de 15 ans). Eux et moi c'est pour la vie. 
7) Le film que "tout le monde aime" mais que tu n'as jamais compris et/ou à l'inverse celui que "tout le monde" déteste mais que toi tu trouves très bien merci beaucoup
Intouchables. Dois-je vraiment expliquer à quel point ce film ne m'a pas fait rire (à quelques exceptions près, mais très limitées) avec son humour d'il y a 20 ans (sérieusement pas de bras, pas de chocolats????), mais surtout la tonne de préjugés qu'il véhicule (les noirs vivent en banlieue à 15 dans un appart, il y en a toujours un en prison, ils s'adoptent entre eux) et le fait qu'on dise qu'il donne une autre vision du handicap. C'est sur tous les handicapés ne sont effectivement pas millionnaires et ne vivent pas dans les mêmes conditions que François Cluzet dans le film. 
8) Si il fallait vraiment que ce soit la fin du monde, dans l'idéal, ça se passerait comment? (on pourrait arguer que dans l'idéal ça se passerait pas, mais ne jouons pas sur les mots merci :P)
Vite. Une bonne explosion et plus rien. Pas envie d'être la dernière survivante d'un monde qui n'existe plus (je ne saurais vraiment pas quoi faire). 
9) (je rame tellement que je suis à deux doigts de demander officiellement si c'est pas beaucoup 11 questions, ça ferait un truc un peu méta ça pourrait être cool) (mais du coup en pensant je ne sais pas pourquoi que mieux vaut allumer une chandelle que maudire l'obscurité - ouais c'est beau - je me dis que je peux demander) Ton proverbe ou expression préférée
Je vais être hyyyyyyyyyper originale : "La meilleure façon de résister à la tentation, c'est d'y céder". D'un certain Oscar. 
10) Le livre que tu voudrais faire lire à tout le monde tellement il est trop génial ♥
Hummm difficile je conseille toujours les personnes selon leur goût donc un seul livre pour tout le monde, ce n'est pas possible. 
11) Et sinon il neige? 
Tu fais bien de m'en parler, ca me permet de me lancer dans l'un de mes sujets favoris actuellement : "y'a plus de saison ma bonne dame". Plus sérieusement, ca a été un des pires hivers que j'aie jamais connu, avec des chutes de neige du jour au lendemain, du verglas, des chutes de températures vertigineuses (la semaine dernière, il faisait 14 et j'avais arrêté le chauffage...), mardi, j'ai été obligée d'abandonner ma voiture au boulot et de revenir en train. Bref, j'ai hâte que ça se termine (enfin aujourd'hui, il ne neige plus, mais il est encore quasiment impossible de marcher sur les trottoirs) ! 


Je dois poser à mon tour 11 questions et cela tombe bien car j'avais l'esprit occupé par tout un tas de réflexions philosophiques que je vous livre (et en plus j'y réponds, même si je sais que je ne suis pas sensée le faire). 

1.  Est-ce que vous aussi, vous lisez beaucoup moins vite quand la police est minuscule que quand un livre est imprimé avec des caractères de taille normale? 
Question qui me traumatise depuis 15 jours que je peine à lire 20 pages à l'heure de mon édition de Quelle époque ! de Trollope, je regrette vraiment de ne pas avoir eu une police de caractère normale.

2. Est-ce que vous aussi vous avez déjà mangé quelque chose sans savoir ce que c'était, vous l'avez trouvé bon, et quand on vous a révélé le nom de la chose, vous vous êtes dit que si on vous avait prévenu avant de le manger vous n'auriez peut-être pas goûté (ou pas trouvé ça bon) ? 
Ca m'est arrivée à la cantine dernièrement avec du requin. Le nom des plats n'est jamais affiché et nous avons tous goûté et apprécié cela avant qu'on nous dise ce que c'était...

3. Est-ce que vous avez déjà eu honte de préférer une adaptation à une oeuvre originale?
Pour ma part, c'est le cas avec Vous avez un mess@ge et Rendez-vous de Lubitsch. J'adore Lubitsch, je suis fan de James Stewart, mais rien à faire, je préfère la version Tom Hanks/ Meg Ryan, que je connais par coeur. Mais j'ai honte. 

4. Est-ce que vous (re)mangerez un jour de la nourriture d'un grand magasin de meubles suédois ?
Pour ma part, ayant mangé du gâteau aux excréments juste avant la révélation du scandale, je n'en suis pas sûre, même si je vous avais dit il y a peu que l'une de mes gourmandises préférées venait de là-haut (D'aucun pourrait dire que c'était une drôle d'idée de manger chez un marchand de meubles, ce qui n'est pas faux).

5. Pourquoi se sent-on obligé de franciser le nom du pape (ou le nom de toute chose d'ailleurs)? Pourquoi ne l'appelle-t-on pas Franciscus (ou Francesco au pire) ? 
Parce que François Ier, c'est juste pas possible.

6. Est-ce que vous aussi vous sautez partout de savoir qu'en ce moment même quelque part en Angleterre, les répétitions pour la saison 3 de Sherlock ont commencé ? 
Benedict Cumberbatch, je t'aime. (Ca faisait longtemps).

7. Et d'ailleurs, est-ce que vous avez une théorie sur la façon dont il a simulé sa mort? 
Je l'ai repassé un million de fois au ralenti. Je pense qu'il a sauté dans le camion poubelle.

8. Puisqu'on est dans les séries TV, est-ce que vous aussi vous sentez l'excitation monter à l'idée de savoir que la saison 3 de GOT commence dans 17 jours ? 
GOT = Game of Thrones.

9. Savez-vous combien de temps de votre vie avez-vous perdu à regarder des séries TV ? 
Pour ma part 4 mois 2 jours 11 heures et 45 minutes. Et je ne regrette quasiment aucune d'entre elles.  

10. Est-ce que vous saviez qu'Alice c'était Nancy Drew en fait et que  les éditeurs français nous ont menti depuis plus de 50 ans ? 
J'ai appris ca, il y a 15 jours environ et je ne m'en suis toujours pas remise. 

11. Est-ce que vous savez qui a fait le design des boîtes aux lettres rouges anglaises ? (ok je sais ce n'est pas un Trivial Pursuit mais c'est pour préparer mon prochain billet...)
Vous aurez la réponse demain ou samedi.

Je pense que vous avez compris que je ne vais taguer personne avec mes questions stupides tirées par les cheveux. Mais si vous voulez répondre à l'une d'entre elles en comm, vous êtes les bienvenus !

lundi 4 mars 2013

Au temps du roi Edouard de Vita Sackville-West

Lecture commune avec Adalana

Mon résumé : Nous sommes en 1905 et la demeure de Chevron est l'un des endroits où il faut être vu si l'on fait partie de l'aristocratie britannique. Pendant que Lucie la maîtresse des lieux distrait les invités, son fils Sebastien, âgé de 20 ans, duc en titre, se réfugie sur les toits pour retrouver un peu de calme et fuir toutes les personnes présentes au dîner.

Mon avis : Un début absolument virevoltant. En lisant les descriptions de Vita Sackville-West, on a l'impression que tout le premier chapitre est une sorte de plan-séquence, où l'on passe d'un lieu à un autre d'un personnage à un autre sans rupture, juste par petit décalage et c'est magnifique. On en sort avec une légère impression de tête qui tourne, mais c'est grisant.
Mais ce qui fait selon moi tout le charme de ce livre, c'est la description de ce microcosme par des observateurs différents, souvent ironiques voire désabusés. Sebastien est l'un d'entre eux. Il peine à trouver sa place dans ce monde, ne se reconnaît pas dans les amis de sa mère et pourtant, il ne peut s'empêcher de jouer son rôle. Par les différentes relations qu'ils entament avec des femmes, il cherche tour à tour à se rapprocher de son monde car il partage un certain nombre de valeurs et de comportements avec le reste de la noblesse, mais aussi à s'en éloigner le plus possible en frayant avec des "classes inférieures" tout en se demandant si leurs différences ne sont pas insurmontables. Sebastien est un personnage qui irrite parfois par ses enfantillages et son indécision, mais qui arrive aussi à être assez séduisant. Un seul regret que la fin soit ouverte et que l'on ne sache jamais ce qu'il décide vraiment de faire.
Autour de lui gravite toute une galerie de personnages. Sa soeur, Viola, partage les réticences de Sebastien envers leur classe, mais n'est pas du tout fascinée par elle. Son destin est assez intéressant car atypique. Le frère et la soeur rencontre l'explorateur Lionel Anquetil qui va les pousser chacun à changer de vie. Pour Sebastien, cela aura lieu dans une scène mémorable sur les toits où Anquetil lui dit qu'il faut qu'il parte s'il ne veut pas être prisonnier de sa vie. Lucie, la mère de Sebastien et Viola, représente la frivolité dans toute sa splendeur. Séduisante à première vue car elle a toujours le mot qu'il faut, elle se révèle totalement creuse et égoïste. Sa meilleure amie, Sylvia, devient la maîtresse de Sebastien. Lucie ne l'ignore pas mais ne l'évoque jamais car dans ce monde tout se sait, mais tout se tait. Sebastien va aussi rencontrer Thérèse, la femme d'un docteur, qui est absolument éblouie par le monde de Sebastien et rêve d'y entrer mais elle sera vite confrontée à un dilemme.
Les domestiques de la maison ne sont pas laissés de côté et l'on s'amuse de voir qu'ils reproduisent les codes sociaux de leurs maîtres en faisant par exemple s'asseoir les domestiques à l'office de la même manière qu'à la table du dîner servi dans la pièce principale. De la gouvernante au charpentier tous aiment bénéficier du  prestige de servir à Chevron.
Mais c'est aussi le portrait d'un monde qui meurt. L'auteur y fait allusion à plusieurs reprises, les changements de mentalité se font sentir, les fils ne veulent plus faire le même métier que leurs pères, les automobiles remplacent les voitures tirées par des cheveux...L'oisiveté, la frivolité, les excès des représentants de l'aristocratie britannique commence à être stigmatisés. On a l'impression d'assister à la fin d'une époque, ce qui est mis dans le livre sur le compte de la mort du roi Edouard par certains (rendez-vous compte on sort un miroir de poche pour se recoiffer lors du couronnement du roi George !)

En quelques mots : J'ai adoré la plume cynique de l'auteur qui arrive à nous décrire l'aristocratie britannique sous toutes ses coutures et dans tous ses travers. Presque un coup de coeur si la fin ne se terminait pas sur un point d'interrogation (un personnage dit qu'il va faire quelque chose, mais au final on ne sait pas si il l'a fait).

Le billet d'Adalana, qui a aimé tout comme moi.

Le billet d'Eliza qui m'a Sackvillisée  ainsi que nombre d'entre nous dont Deuzenn !