dimanche 30 juin 2013

Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants de Oe Kenzaburo

Avant-propos : Je connaissais Kenzaburo Oe de nom et j'avais repéré Le jeu du siècle, mais je n'avais pas le temps de lire ce mois-ci un roman aussi gros. Je me suis donc rabattue sur ce livre pour son thème qui m'intéressait mais surtout pour sa taille (230 pages).

Mon résumé : Japon, Seconde guerre mondiale. 15 adolescents d'une maison de correction sont évacués vers un petit village perdu dans la montagne. Alors qu'ils viennent d'arriver un de leurs camarades meurt dans d'atroces douleurs. Craignant une épidémie, les villageois s'enfuient, laissant les adolescents seuls, coupés du monde.


Mon avis : Ce n'est pas une lecture de tout repos. Il plane tout au long de la lecture une atmosphère de drame et de violence (violence qui reste beaucoup plus maîtrisée que ce que je ne pensais, ce n'est pas comme chez Ryû Murakami).
Dès le début, le style de l'auteur, très poétique mais aussi très cru, nous plonge dans cette histoire, à la suite de ces enfants, envoyés dans des maisons de correction pour proxénétisme ou bien parce que leurs parents ne veulent plus d'eux. On assiste à leur avancée, de villages en villages, où se répètent des scènes d'humiliations : on leur crache dessus, leur jette des produits à la figure. Ceux qui tentent de s'enfuir sont dénoncés et rattrapés par les villageois. Toute issue semble impossible.
Quant ils arrivent à leur destination finale, l'accueil semble tout d'abord un peu meilleur. un forgeron vient à leur rencontre et les aide à s'installer. Mais rapidement, les enfants vont découvrir qu'il a un tout autre visage. Leur éducateur s'en va chercher un autre groupe et laisse les enfants au bon vouloir des villageois. Ceux-ci vont leur demander d'enterrer les cadavres des animaux du village qui ont été malades. Le soir, les enfants sont tous enfermés à clef dans une grande salle. Quand l'un des jeunes garçons décèdent, les villageois abandonnent alors les enfants et pire que tout, ils coupent l'unique sortie qui correspond à une voie de chemin de fer qui traverse une vallée que l'on ne peut franchir qu'avec un wagonnet. Les enfants se retrouvent alors bloqués sans possibilités de sortir. J'avais très peur que cette partie se transforme en massacre, mais au contraire les enfants vont s'organiser et se montrer beaucoup plus humains que les villageois. J'ai trouvé que Oe réussissait à faire un portrait saisissant de ses jeunes à la fois plein de fougue et d'innocence, capable de faire face aux problèmes les plus sérieux, puis de s'intéresser aux sujets les plus futiles avec un intérêt certain pour toutes les parties de leurs corps. Le héros va aussi s'éveiller à l'amour avec une petite fille que les habitants ont laissé derrière eux, près de cadavre de sa mère morte. Les jeunes vont rencontrer un jeune coréen, dont la communauté était aussi mise à l'écart par les villageois qui va devenir leur ami et leur apprendre qu'il cache un déserteur. Mais, même au cours de cette période plus calme, on n'oublie jamais l'horreur de la situation des enfants qui vivent dans leur crasse, qui sont obligés de chasser pour manger, qui enterrent leurs morts et dont les adultes refusent de les aider la seule fois où l'un d'entre eux réussit à traverser au péril de sa vie.
Le retour des adultes marque le retour de la bêtise humaine. L'ignorance, la vie en quasi-autarcie deviennent le moteur d'une haine aveugle et de comportements odieux. On termine le livre avec une énorme boule dans la gorge. Malheureusement -ou peut-être heureusement d'ailleurs- on ne sait pas ce qui arrive au héros, mais je pense que c'est parce que l'auteur a voulu nous épargner. En général, je n'aime pas ce genre de livre, trop violent psychologiquement,  mais l'auteur réussit vraiment à en faire sortir autant l'horreur que l'humanité.

En quelques mots : un livre coup de poing dont on ne peut ressortir indemne, même si la fin est un peu trop rapide et trop ouverte. Je poursuivrai ma découverte de l'oeuvre de l'auteur.


Bilan Ma PAL fond au soleil (juin 2013)

Comme l'indique le titre du challenge, la PAL doit fondre au soleil. Etant donné qu'on ne l'a pas trop vu qu cours de ce mois de juin ma PAL n'a pas fondu...On trouve les excuses qu'on peut !

Déjà, j'ai découvert que j'avais 160 livres dans ma PAL et non 159 puisque que j'ai ramené L'écume des jours de chez mes parents (j'ai aussi une PAL chez mes parents, mais elle ne compte pas évidemment pas).

Et puis, je me suis fait beaucoup de petits copains (mais comme ils ne sont pas très gros, je compte les lire vite !)
SACKVILLE-WEST Vita - Dark Island
SUTER Martin - Allmen et les libellules (Allmen, Tome 1)
DU MAURIER Daphné - Rebecca
ABECASSIS Eliette - Et te voici permise à tout homme
JAMES Henry - Les papiers de Jeffrey Aspern
GASKELL Elizabeth - Les confessions de Mr Harrison
SACKVILLE-WEST Vita - Une aristocrate en Asie
SACKVILLE-WEST Vita / WOOLF Virginia - Correspondance (1923-1941)
WOOLF Virginia - La traversée des apparences
GRANGER Ann - Un intérêt particulier pour les morts (Lizzie Martin, Tome 1)
SHARPE Tom - Wilt (Tome 1)

Pour une fois, j'ai gagné des concours et j'ai été sélectionné pour Masse critique (c'est la 1e fois)
HIGASHINO Keigo - La prophétie de l'abeille [Masse Critique Babelio]
MUKASONGA Scholastique - La femme aux pieds nus [gagné chez Philisine]
DELERM Vincent - Le fait d'habiter Bagnolet [gentiment envoyé par Philisine]
SUTER Martin - Allmen et le diamant rose (Allmen, Tome 2) [gagné chez Titine]
INDRIDASON Arnaldur - La cité des jarres (Erlendur, Tome 3) [gagné chez Cryssilda] Il ne forme qu'un seul livre avec les autres, mais je ne lirais pas les 3 à la suite, donc je les compte séparément.
INDRIDASON Arnaldur - La femme en vert (Erlendur, Tome 4) [gagné chez Cryssilda]
INDRIDASON Arnaldur - La voix (Erlendur, Tome 5) [gagné chez Cryssilda]

Livres : 160 + 18 = 178

J'ai poursuivi ma lecture de la série des Pink Carnation et j'ai craqué seulement pour 2 promos en ebooks.
WILLIG Lauren - The Betrayal of the Blood Lily (Pink Carnation, Tome 6)
MORTON Kate - The House at Riverton
BAILLY Samantha - Ce qui nous lie

Ebook : 76 + 3 = 79

J'ai continué la série 7 Shakespeares, mais j'hésite à le lire car le tome 6 (et dernier de la série) n'a pas été annoncé.
SAKUISHI Harorudo - Seven Shakespeares (Tome 5)

Manga : 4 + 1 = 5

Mais j'ai quand même lu quelques livres, même si je n'ai vraiment pas eu autant de temps que je l'espérais. Ce sont surtout des livres qui n'ont fait qu'un petit tour dans ma PAL puisque sur les 5 lus, 3 y étaient depuis moins de 2 mois.
PAL 2012 :
GASKELL Elizabeth - Cranford
PEARS Iain - Le portrait (billet à venir)
PAL 2013 :
SACKVILLE-WEST Vita - Dark Island
FORSTER EM - Maurice
SACKVILLE-WEST Vita - Une aristocrate en Asie

Livres : 176 - 5 = 173

Bilan : 5 livres lus, je vise l'indice 20

Farewell and see you next year !

Eh oui, comme vous le savez tous, le mois anglais se termine aujourd'hui avec un petit pincement au coeur car je pense ne pas trop m'avancer en disant que nous avons vécus un mois anglais de folie avec énormément de billets, de découvertes, de rigolades sur facebook....
Nous aurions tous signé pour une prolongation mais vu le travail titanesque que cela a donné à nos deux formidables organisatrices, il est temps qu'elles prennent un peu de vacances. Mille mercis à Lou et Titine

J'aurais aimé participer à la photo souvenir, mais mon appareil photo marche quand il veut et aujourd'hui, il ne veut pas, il va falloir que j'en rachète un (mais comme quand il marche, il marche très bien, ça m'énerve de le changer). 



Mon bilan a été légèrement moins important que je ne l'espérais puisque j'avais prévu 18 billets et que je finis avec 15 (mais j'ai malheureusement été très prise par mon travail ces 2 dernières semaines). 

Mon livre fétiche pour ce mois est Dark Island !

J'ai honoré toutes mes LC à l'exception d'un Conte de deux villes mais je suis en train de le terminer.

Je n'ai malheureusement pas eu le temps de vous parler de l'adaptation de Persuasion 1995, pour les versions d'Hamlet, pour les Ivory...J'ai vu Maurice mais je ne voyais pas trop quoi dire de plus, vu que c'est une transposition quasi fidèle du livre.

J'ai plein de lectures anglaises dans ma ligne de mire pour cet été à commencer par le tome 1 d'une nouvelle série chez 10/18 qui s'intitule Un intérêt particulier pour les morts. J'ai aussi emprunté à la bibli La dernière conquête du Major Pettigrew, sans parler de tout ce qu'il y a dans ma PAL !

Mes aventures anglaises vont donc continuer !



Une aristocrate en Asie de Vita Sackville-West

Avant-propos : J'ai voulu poursuivre ma découverte de Vita Sackville-West avec le récit de son voyage en Perse, d'autant plus que l'héroïne de Dark Island évoquait justement sa fascination pour ce pays et son séjour là-bas.

Mon résumé : Dans les années 1920, Vita Sackville-West, son mari, 3 autres gentlemen et un certain nombre de muletiers, cuisiniers...partent suivre la piste des Bakhtyari pendant 12 jours, poussés par l'envie de suivre les routes des récits de voyage qu'ils ont lus abondamment.
[Encore une fois, celui qui a écrit la quatrième de couverture n'a pas du lire le livre puisque il est écrit que "le truculent périple du couple sera émaillé de scènes de ménage, Harold ne perdant pas une occasion d’accabler de reproches cette épouse qui l'a emmené se perdre au milieu des nomades", alors que cela n'arrive qu'une fois et qu'il n'est jamais écrit qu'elle a forcé son mari à la suivre au contraire, il avait l'air intéressé aussi !-mais c'est évidemment moins vendeur que la possibilité de scènes de ménage...]

Mon avis : Je dois l'avouer à mon grand regret, je n'ai pas particulièrement été séduite par ce récit. J'ai eu du mal à me plonger dedans car nous sommes au départ noyés dans un océan de références tant géographiques que littéraires que je ne maîtrisais pas du tout. J'avoue ne pas connaître les différentes routes pour aller d'Ispahan à Persépolis et encore moins les récits de voyageurs anglais des XIX-début XXe siècles.  Il faut donc un peu s'accrocher au début (je viens de relire quelques extraits pour me rendre compte que j'avais par exemple manqué une allusion aux Crown Imperials qui sont évoquées au début et qui sont en fait une variété de fleurs que l'on retrouvera plus tard).
C'est aussi un peu de ma faute, car je pensais qu'il serait davantage question de la Perse des villes plutôt que de la traversée des montagnes persanes, récit qui ne me passionne pas plus que cela [n'étant pas du genre en passer mes vacances à faire de la randonnée et à coucher dans des tentes]. De plus, je n'ai pas adhéré à son hypothèse utopique d'une Perse autarcique qui serait idéale.
Il reste toutefois un récit émaillé de très belles descriptions et de petits épisodes humoristiques où nos voyageurs se rendent compte que leur voyage est loin d'être aussi pittoresque qu'ils le pensaient, les paysages ne sont pas d'une beauté à tomber par terre, les peu de nomades qu'ils croisent sont touchés par les maladies et épuisés par la rigueur de la vie dans ces régions. Les voyageurs sont confrontés aux difficiles conditions climatiques (neige, boue, pentes escarpées...) et même s'ils sont épuisés ce voyage va les marquer à jamais. Vita Sackville-West fait preuve d'un grand sens de l'autodérision, reconnaissant ses défauts. En tout cas, cette femme volontaire, obstinée et audacieuse me fascine définitivement !

En quelques mots : Un récit de voyage dépaysant, même si parfois un peu trop dense pour le novice, qui permet de découvrir un peu plus l'auteure, mais qui ne me semble pas être un incontournable.



mardi 25 juin 2013

Mariage impossible d'Anne Perry (Monk, Tome 9)


Lecture commune avec Adalana, Claire et Syl 


Avant-propos : Je l'attendais celui-ci ! Il s'y passe en effet un événement extrêmement important, dont force est de constater, à ma relecture, que ma mémoire avait tout emberlificoté et que j'avais mélangé la façon dont ça se passait avec la fin du tome 5 !

Mon résumé : Killian Melville, jeune et brillant architecte, vient voir Oliver pour lui demander des conseils en vue d'un procès pour violation de promesse, car il refuse d'épouser la jeune femme à laquelle il est fiancé, Zillah Lambert. Killian affirme qu'il s'est retrouvé engagé dans ces fiançailles sans en avoir la moindre idée. L'affaire semble perdue d'avance, mais Oliver, fasciné par le talent du jeune homme et par la sympathie qu'il prouve pour lui décide de prendre sa défense...

Mon avis : Ce fut une fois de plus un plaisir de retrouver ces personnages, même si je dois dire que j'ai trouvé parfois leurs idées un peu trop avancées pour l'époque (on peut laisser 2 hommes s'aimer...). Mais j'ai surtout été séduite à nouveau par les différentes intrigues. Pour ma plus grande joie, j'ai retrouvé un thème qui me travaille beaucoup actuellement (la conquête des Indes par les anglais). Hester va soigner un soldat qui a échappé au massacre de Cawnpore lors de la révolte des Cipayes et cet épisode est particulièrement frappant.
Anne Perry développe aussi, avec beaucoup de pudeur, le sujet des déformations physiques (qu'elles soient de naissance ou dues au combat)  et du rejet qu'elles peuvent entraîner dans la société. L'émotion est donc vive, face au destin brisé de Gabriel Sheldon, parti jeune et beau, revenu complètement défiguré et que sa femme arrive à peine à regarder. Monk va être chargé de retrouver les nièces d'une des domestiques de la maison qui ont souffert de divers handicaps à la naissance.
Le destin et le secret de Killian sont aussi particulièrement frappants. J'avais complètement oublié cette intrigue est j'ai été surprise au moment de la révélation. Je ne peux pas en dire trop sous peine de révéler quelque chose, mais lors du procès des thèmes tels que l'homosexualité et le place des femmes dans la société vont être abordés une fois de plus, mais sous un angle différent.
Ce qui me frappe beaucoup au cours de cette relecture est le fait qu'en fait nos héros échouent souvent. Certes, ils résolvent les enquêtes, mais c'est souvent après que le drame ce soit produit. Ils arrivent rarement à l'empêcher, mais ils vont ensuite tout faire pour découvrir la vérité. C'est sans doute ce côté faillible qui fait que je les aime autant.
Quand à la résolution de l'intrigue amoureuse, je trouve que les dernières pages sont très réussies, même si c'est vraiment à l'ultime moment qu'on découvre ce qu'il se passe !

En quelques mots : Une fois de plus, Anne Perry explore les tabous de la société victorienne et le triangle amoureux trouve enfin sa résolution !





dimanche 23 juin 2013

Maurice d'E.M. Forster

Avant-propos : Au temps lointain des VHS, j'ai souvenir d'avoir enregistré un soir sur Arte, le film Maurice, d'avoir grandement apprécié le début, mais faute à un retard (ou à une mauvaise programmation de ma part), de n'avoir pas enregistré la fin et donc de ne l'avoir jamais vue. J'avais été saisie par la prestation d'Hugh Grant, dans un rôle à l'opposé des films dans lesquels j'avais pu le voir.
Un billet de Mrs Figg m'a remis Maurice en tête et j'ai sauté le pas pour la journée consacrée à Forster par le mois anglais.

Mon résumé : Le jeune Maurice Hall est un adolescent médiocre. Il ne se fait remarquer ni par ses notes, ni par ses actes. Il mène un vie tranquille au collège jusqu'à se rencontre avec Clive Durham. Il entame alors une amitié qui devient rapidement exclusive...

Mon avis : Je n'ai pas tout de suite été charmée. J'ai trouvé au départ que Maurice et Clive n'avaient pas beaucoup de difficultés à nouer une relation. De plus, il faut avouer que le personnage de Maurice est peu séduisant : fainéant, peu cultivé, odieux avec sa famille ainsi qu'avec Clive quand celui-ci lui avoue ses sentiments la première fois...Jusqu'au moment où Clive lui écrit une lettre, j'ai eu du mal à m'intéresser à son cas. Et puis, le roman prend une autre ampleur. Maurice devient un homme qui souffre de son homosexualité et qui la voit comme une maladie honteuse qu'il faut éradiquer. Il va donc consulter un médecin qui lui répond qu'il ne va pas entendre parler de ses "balivernes!" et va même jusqu'à consulter un hypnotiseur dans l'espoir de "revenir dans le droit chemin". Tous ses déchirements, toute cette honte de soi rendent le personnage beaucoup plus attachant. Il essaye de contrôler ses "pulsions", mais il se rend compte qu'il est toujours attiré par des hommes.
Mais ce n'est pas le seul thème développé. Maurice est aussi un produit de sa classe (la petite bourgeoisie anglaise). S'il méprise les squires comme les Durham, il est loin d'être progressiste. Il a une conscience aiguë des classes sociales et tient à ce que chacun reste à sa place. Un simple match de criquet avec les domestiques l'horrifie car ceux-ci peuvent le battre. Il va toutefois évoluer au cours du roman, de par sa rencontre avec un garde-chasse. On sent bien que l'on arrive à la fin d'un monde (un peu comme dans Au temps du roi Edouard d'ailleurs).

En quelques mots : Un roman tout en complexité psychologiques, puisque les préjugés des uns ne sont pas les préjugés des autres. La lutte intérieure de Maurice, son chemin vers l'acceptation de ce qu'il est réellement sont magnifiquement décrits.

Maintenant, j'ai envie de voir / lire : Maurice est dans ma pile de dvds et je compte bien voir Chambre avec vue d'Ivory. Je compte aussi continuer mes lectures en lien avec les membres du Bloomsbury Group. J'ai d'ailleurs découvert que Dora Carrington y était liée. Ca tombe bien, ça fait longtemps que j'ai envie de voir le film éponyme de Christopher Hampton.





jeudi 20 juin 2013

Othello de William Shakespeare


Lecture commune avec Miss Léo


Mon résumé : Othello, Maure vivant à Venise, épouse la jeune et belle Desdémone. Sa réussite dans le commandement des troupes vénitiennes ainsi que son mariage attisent la jalousie de Iago, son enseigne.

Mon avis : Je connaissais l'histoire mais je n'avais jamais lu le texte. Et j'ai été séduite. Si je préfère toutefois le côté énigmatique et les tiraillements philosophiques d'Hamlet, j'ai succombé à la poésie d'Othello. Le personnage, lui-même, n'est pas des plus attachants (vive les euphémismes !), ni des plus intelligents (il est complètement berné par Iago), mais tous ses discours sont d'un lyrisme saisissant.

Desdémone, quant à elle, est un personnage féminin fort et attachant. La belle a eu l'audace de défier son père et d'épouser Othello en secret. Malgré ce qu'elle risque, elle assume ses actions et décide de suivre son mari à Chypre en le suivant sur un navire. Elle se montre ensuite aimante, mais aussi bonne amie envers le malheureux Cassio, lieutenant d'Othello que Iago va transformer en amoureux de Desdémone. Son destin tragique en fait une héroïne inoubliable.

Mais, je l'avoue, je suis surtout fascinée par le personnage de Iago. Sa duplicité et son sens de la manipulation sont phénoménaux. Personne ne va échapper à ses "bons" conseils, tous deviennent de la glaise entre ses doigts. Il arrive à les amener là où il veut, quand il veut et fait éveiller les soupçons chez tout le monde (moi-même lors de son premier dialogue avec Othello, j'ai cru que j'avais mal compris le début, tellement il était affable devant son chef). La manipulation est tellement bien construite, le piège est tellement bien tendu que l'on comprend qu'Othello puisse basculer dans cette jalousie aveugle sans se rendre compte qu'on se joue de lui (enfin, il aurait pu faire un peu confiance à sa femme quand même). J'ai aussi apprécié le personnage de la femme de Iago, Emilia, qui semble sa complice, mais dont au final le rôle va se révéler hautement important.

En quelques mots : une magnifique tragédie qui me fascine plus par le côté manipulateur de Iago que par la passion amoureuse et la jalousie aveugle d'Othello. Je ne sais pas encore si c'est vraiment un coup de coeur car je l'ai fini seulement hier et il faut que je la digère, mais on en est vraiment pas loin !

La râlerie du jour : Je l'ai lu dans la Pléiade version bilingue (rien à voir avec l'illustration que j'ai mise) que j'ai pu emprunter à la bibliothèque dans les rayons comme tous les autres livres. Je me rappelle du bon vieux temps où on devait demander l'autorisation pour y avoir accès. Vous voulez mon avis ? Ce n'était pas plus mal. Car en ouvrant le livre que vois-je ? Des tâches d'eau, des passages fluotés, des numéros indiqués ! Ca me met en rogne qu'on traite si mal un ouvrage si précieux !

Maintenant, j'ai envie de voir : La version de George Cukor, la version d'Orson Welles, la version avec Laurence Olivier,  la version de la BBC avec Anthony Hopkins et la version d'Oliver Parker avec Kenneth Branagh en Iago. Par contre, je ne garde strictement aucun souvenir de la version moderne avec Josh Hartnett.

C'était la journée Shakespeare pour le mois anglais. D'autres billets sont à lire chez



vendredi 14 juin 2013

The Temptation of the Night Jasmine (Pink Carnation, Tome 5)

Avant-propos : Je vous avais parlé, il y a un certain, du début de la série des Pink Carnation.
WILLIG Lauren - The secret history of the Pink Carnation (Pink Carnation, Tome 1)
WILLIG Lauren - The Masque of the Black Tulip (Pink Carnation, Tome 2) 
Et puis, j'ai continué à la lire, mais sans faire de billets [eh oui des fois je lis et je n'en parle pas], non pas parce que ça ne m'a pas plu, mais parce que je n'ai pas eu le temps. Le troisième tome était très bien car il évoquait notamment la révolte irlandaise de 1803 (dont je n'avais évidemment jamais entendu parler). Le quatrième tome était un peu moins haletant et surtout, il achevait un premier cycle : celui consacré à la poursuite de la Tulipe Noire.
Dans ce tome, nous nous dirigeons vers un autre arc narratif mais toujours avec des espions aux noms fleuris.

Je précise que, pour l'instant, la série n'est pas traduite en français. 

Mon résumé : Charlotte Lansdowne voit revenir son cousin (éloigné) Robert, duc de Dovedale, et propriétaire de la demeure dans laquelle elle vit avec sa grand-mère, la duchesse douairière . Va-t-il les chasser de leur résidence ? Pourquoi est-il revenu après 12 ans passés aux Indes ?

Mon avis : Dans ce tome nous retrouvons avec plaisir le sympathique trio du tome 2 avec Henrietta, Penelope et Charlotte. Si Hen s'est mariée, les deux autres demoiselles sont encore célibataires ce qui dérange beaucoup la duchesse de Dovedale, la grand-mère de Charlotte [personnage que je vénère de vieille dame qui passe son temps à houspiller les jeunes hommes sans que ceux-ci ne sachent comment réagir, vu que la bienséance prime sur tout, par exemple, elle les oblige à la porter dans une chaise à porteur^^], organise des soirées en invitant tous les riches célibataires encore disponibles espérant caser sa petite-fille. Mais Charlotte ne maîtrise pas le jeu de la séduction, contrairement à Penelope qui va finir par se faire prendre à son propre jeu.
La douce Charlotte quant à elle, rêve en fait à Robert, qui l'avait soutenue au moment de la mort de ses parents, avant de partir en Inde. Mais celui-ci ne semble pas s'intéresser à elle. J'ai beaucoup apprécié le personnage de Charlotte, déjà car elle lit beaucoup (elle se réfugie dans la bibliothèque où elle dévore Evelina de Fanny Burney) et aussi car c'est une "daydreameuse" (elle s'imagine tellement de conversations  dans sa tête avec Robert que parfois elle ne sait plus ce qu'ils se sont dit en réalité) [toute ressemblance avec la personne qui écrit ces lignes est purement fortuite]. Mais malgré tout, c'est une jeune femme affirmée car quand les choses ne vont pas se passer comme elle le désire avec Robert, elle ne va pas passer son temps à se lamenter, elle va évoluer.
Robert est revenu pour venger un soldat lâchement assassiné par un autre officier britannique, car il avait découvert qu'un complot se tramait. Robert se sent coupable car il a eu vent de ce complot, mais a cru que ce n'était pas aussi grave que semblait affirmer le soldat. Il a donc remonté la piste jusqu'à l'Angleterre et jusqu'à son propre manoir puisque les responsables font partie des prétendants que la duchesse a sélectionné pour Charlotte ! De plus, ils se réunissent dans une ancienne abbaye où ils ont des soirées de plus en plus dépravées, agrémentées d'opium et de filles de petite vertu. Robert se rend compte que le complot dépasse tout ce qu'il imaginait et qu'il pourrait bien toucher la royauté.
Pour oublier Robert, Charlotte entre comme demoiselle d'honneur auprès de la reine Charlotte (les deux s'appelant effectivement pareil). Elle rencontre le roi George III avec qui elle parle de Miss Burney avant qu'il ne sombre à nouveau dans une de ses crises. J'ai particulièrement aimé cette entrée dans le Palais royal, car la vie de cour y est décrite de manière intéressante, l'auteure évoque les changements qui ont lieu à cette époque (par exemple, on évoque Beau Brummel et le style vestimentaire sobre qu'il va finir par imposer). Mais, ce sont surtout les passages sur la folie du roi George (l'équivalent de notre Charles VI : long règne, alternance de crises de folie et de moments de lucidité) qui sont particulièrement touchants. Même si un nid d'espions n'a pas comploté contre lui, on ne doute pas qu'à la cour ses ennemis ont été nombreux (à commencer par son propre fils).

J'en oublierai presque nos deux héros contemporains, Eloïse et Colin (descendant de l'espion Purple Gentian). Dans ce tome, Eloïse se demande si Colin n'a pas adopté l'activité de son ancêtre...

En quelques mots : une héroïne touchante, des péripéties nombreuses et un contexte historique toujours aussi plaisant. C'est vraiment dommage que cette série ne soit pas traduite (et le niveau d'anglais n'est pas facile) !

Du coup, j'ai envie de lire / voir... : C'est complètement par hasard que j'ai cumulé quelques lectures en rapport avec l'Empire des Indes (voir aussi Sally Lockhart et on l'évoque dans Cranford). Ca m'a donné envie de poursuivre, tout d'abord avec le tome 6 The Betrayal  of the Blood Lily qui se déroule en Inde, mais aussi avec La neuvième pierre de Kylie Fitzpatrick qui traîne dans ma PAL depuis un an et plus tard  avec La Pierre de lune de Wilkie Collins.
J'aimerai aussi découvrir Evelina de Fanny Burney que Charlotte lit avidement.
J'ai aussi envie de retrouver George III. Pour l'instant, je n'ai pas d'idées de lectures, mais je suis ouverte à toute suggestion. Par contre, je compte bien voir La folie du roi George (qu'on trouve en ce moment en promotion dans les opérations 5 dvds pour 30€ alors que d'habitude il coûte très cher) ainsi que le film Amazing Grace sur l'abolition de l'esclavage au Royaume-Uni (qui a eu lieu après la mort de George III mais d'après ce que j'ai lu, l'action du film commence sous son règne). Enfin, j'aimerai voir la mini-série de la BBC sur Beau Brummel (si un jour j'arrive à mettre la main dessus!)





Le souci du détail

Exceptionnellement, pas de livres, pas de films, mais un petit clin d'oeil à notre chère Alice qui se lance dans une grande aventure.

Il faut savoir que sans Alice, je ne serais pas en train de vous parler maintenant [et il faut avouer que votre vie serait cruellement vide], puisque c'est en participant à son challenge austenien en tant que non-blogueuse que le virus m'a pris et que j'ai ouvert par la suite mon blog. Elle est en quelque sorte ma "marraine" virtuelle.



Toutes celles qui ont déjà effectué un swap avec elle le savent bien, c'est une grande spécialiste des petits détails qui font très plaisir.

Et voici qu'elle a lancé Le souci du détail "un concept-store de jolies choses" comme elle le dit elle-même. Je sais que cela lui a pris du temps ainsi que beaucoup d'énergie et je trouve cela extrêmement courageux de sa part.

Mais qu'y-a-t-il à l'intérieur ? Plein de jolies choses pour embellir notre vie de tous les jours.
Tout ceci est organisé en différentes catégories : Ma jolie maison, mes jolis enfants, mes jolies fêtes et mes jolies détails.


Je souhaite beaucoup de bonheur à Alice dans ce nouveau challenge et personnellement, j'ai craqué sur ce magnifique bracelet.

N'hésitez pas à y aller faire un tour ! 


jeudi 13 juin 2013

Cranford d'Elizabeth Gaskell

Avant-propos : Ce livre m'a été offert par ma copine Alice lors d'un swap fort sympathique. J'ai profité du mois anglais pour trouver une bonne excuse pour le lire.

Mon résumé : Bienvenue à Cranford, petite bourgade sise en Angleterre, où l'essentiel de la journée est organisé autour des visites que se rendent les dames de la bonne société . Cranford est un village où peu d'hommes sont acceptés dans la communauté, mais voici qu'un certain Mr Brown s'y installe...

Mon avis : Cranford est un roman feuilleton qui a tout d'abord été publié dans un journal et cela se sent au départ. J'ai adoré le personnage de Mr Brown, si choquant pour les bonnes dames de Cranford et quelques pages plus loin, il décède ! A peine le temps de s'attacher que les personnages nous quittent. Heureusement, cette tendance passe après la première centaine de pages et on retrouve ensuite une trame plus suivie qui nous permet de vraiment découvrir les habitants de ce petit village.
Que raconte Cranford ? Une succession de rencontres autour de tasses de thé, de parties de cartes et de ragots racontés par de bonnes dames pas toujours bienveillantes. Dis comme cela, cela n'a rien de transcendant. Et pourtant, tout le talent de Mrs Gaskell est de nous faire parvenir à nous intéresser à ces petites tranches de vie insignifiantes grâce à sa plume acérée. Que ce soit dans l'ironie ou dans l'émotion, Gaskell excelle. Certains passages font franchement sourire et même plus encore (par exemple, ces demoiselles pensent que quand une femme se marie, elle perd toutes ses capacités de réflexion). Mais on passe souvent du rire aux larmes car c'est aussi une chronique douce-amère de la vie et du temps qui passe. Le destin et le personnage de Miss Mattie sont représentatifs de cela. Mais quoi qu'il advienne la solidarité est toujours au rendez-vous !

La râlerie du jour : Mais pourquoi y-a-t-il une note en bas de page qui nous explique au milieu du livre ce qu'il advient du frère de Miss Mattie ? Etant donné que c'était à peu près le seul élément inattendu du livre, ce n'est pas des plus malins !

En quelques mots : ce n'est pas évident de faire un billet sur ce livre car l'histoire est quelque peu décousue, mais il est extrêmement plaisant à lire grâce à la capacité de l'auteur de transformer en aventure le moindre déplacement de 200 m !

En plus : la BBC en a fait évidemment une adaptation que je possède (évidemment aussi), mais j'attends d'avoir lu Les confessions de Mr Harrison (que je viens de commander) pour me lancer dans mes dvds.

D'autres avis chez Adalana, Alice, DeuzennClaudialuciaEliza, Emily, GeorgeKarine, LouSyl

5e billet pour le challenge victorien, 9e billet pour le challenge myself, 10e billet pour le mois anglais et 14e billet pour le Thursday Next challenge ! 
Et un livre de ma PAL 2012 qui s'envole ! 








mardi 11 juin 2013

Le grand alibi (Stage fright) d'Alfred Hitchcock (1950)

Mon résumé : Eve Gill (Jane Wyman) vient en aide à son ami Jonathan Cooper (Richard Todd) car celui-ci est accusé du meurtre du mari de la femme dont il est amoureux, la célèbre actrice Charlotte Inwood (Marlene Dietrich). Celle-ci lui a demandé d'assassiner son mari pour qu'elle puisse avoir un alibi et échapper aux soupçons. Mais Jonathan a été surpris en flagrant délit et pense en fait que Charlotte a voulu le piéger... 

Mon avis : Si le film ne présente pas de prouesse technique particulière, contrairement à La Corde ou L'inconnu du Nord-express, il possède de très nombreux atouts. Tout d'abord, Hitchcock construit son film en flash-back. Il commence par la fuite des deux personnages principaux et on revient ensuite sur les causes de cet événement, ce qui nous fait plonger tout de suite dans l'action.


Ensuite, son scénario, qui semble si simple au départ, puisque tous les éléments nous sont donnés, nous prend au piège. Je ne dirai pas de quelle manière, mais j'ai été complètement bluffée par le retournement final que je n'ai absolument pas vu venir. Les dialogues sont remplis d'humour que ce soit l'humour taquin du formidable père d'Eve ou bien l'humour macabre de la scène du petit garçon avec la poupée. Et puis, il y a une magnifique scène dans un taxi où le dialogue est en complet décalage avec ce qu'il se passe (l'attraction entre deux personnes).


Et enfin le film brille par son casting quatre étoiles. Marlène Dietrich est absolument formidable dans son rôle de veuve noire manipulatrice. Elle est heureuse d'être débarrassée de son mari, ce qui lui permet de choisir entre ses amants. Elle joue aussi à merveille la star. Face à elle, Jane Wyman est loin de démériter au contraire. Elle est charmante, drôle et joue les apprenties détectives avec beaucoup d'audace. Le film est construit sur une opposition entre les deux personnages : star / jeune demoiselle tout le monde ;  actrice confirmée / apprentie actrice ; femme fatale / maladroite et naïve en amour...D'ailleurs, à ce sujet, l'héroïne va beaucoup évoluer puisqu'elle nous apparaît au départ amoureuse de Jonathan, alors qu'il ne lui jette aucun regard,  mais va au fur et à mesure changer d'avis notamment grâce à sa rencontre avec un sémillant inspecteur de police.

En quelques mots : un Hitchcock très plaisant dont le scénario plus complexe qu'il n'y paraît m'a agréablement surprise. Ce film gagne à être connu.

L'avis de Maggie






La corde (Rope) d'Alfred Hitchcock (1948)

Avant-propos : J'ai décidé que, pendant le mois anglais, "le mardi, c'est hitchcockerie" (ce n'est pas beau, mais ça rime). Etant donné que 2 de mes chaînes préférées se sont données le mot pour me faire une programmation d'enfer (il me reste encore 6 films à voir), il y aura même 2 billets pour le prix d'un chaque mardi  (mais je viens de me rendre compte qu'en fait, il ne me reste plus que 2 mardis, je m'arrangerai) !

Mon résumé : Scène d'ouverture : deux hommes sont en train d'étrangler quelqu'un avec une corde. Ils mettent ensuite le cadavre dans un grand coffre en bois sur lequel ils décident de servir le buffet...

Mon avis : Une fois de plus, Hitchcock réalise une prouesse technique. Le film est conçu comme un long plan-séquence ; le but étant de rendre quasiment invisible les changements de bobine. Je le savais avant de le voir et je n'ai vu que 4 ruptures dans le film alors qu'après vérification sur internet, j'ai découvert qu'il y avait 8 plans-séquences (vu que les bobines ne duraient que 10 minutes à l'époque). L'effet est donc réussi. On ne peut que souligner la virtuosité de la caméra d'Hitchcock qui se déplace avec brio dans cet espace clos et la qualité de l'interprétation des acteurs qui respectent les contraintes techniques (qui devaient être nombreuses vu que les caméras de l'époque ne sont pas les caméras actuelles). L'effet pervers de cette mise en scène est toutefois de donner une impression de théâtre filmé, puisque aucun changement de plan n'est possible (et donc le film manque un peu de changements de rythme).


Le scénario est étonnant par son audace et son cynisme, les deux étudiants ayant pour objectif de commettre le crime parfait et d'inviter ensuite la famille de la victime à dîner dans la pièce même où se trouve encore le cadavre. De plus, ils invitent aussi leur ancien professeur (James Stewart) qui leur a inspiré ce crime car il a défendu des théories où il approuve le meurtre et l'érige au rang d'art quand il est réalisé par des êtres supérieurs sur d'autres qui sont inférieurs (ce qui est pris strictement au pied de la lettre par les étudiants). Autre sujet audacieux pour l'époque, les deux protagonistes laissent transparaître leur homosexualité.


Au niveau de l'interprétation, John Dall campe un jeune homme absolument glaçant par son immoralité (ce qu'il fait de la fameuse corde m'a littéralement sciée). Mon ami Farley Granger (voir ici) joue un second rôle, ce qui lui va beaucoup mieux que de porter un film sur ses épaules, d'autant plus qu'il interprète un pleutre (ce qui est nettement plus facile à jouer pour quelqu'un qui n'a pas de charisme). En même temps, il représente le côté moral puisqu'il n'arrive pas à supporter ce qu'ils ont fait et panique de plus en plus au fil de la soirée. Quant à James Stewart, j'ai regretté qu'il n'arrive que dans la deuxième partie du film. Il est une fois de plus bluffant que ce soit dans l'ironie (il y a un merveilleux dialogue en rapport avec le cinéma où l'une des protagonistes avoue son amour pour Errol Flynn, Cary Grant et James Mason ainsi que pour "vous savez cette actrice qui a joué dans vous savez quoi"-) ou bien dans le cynisme (quand il expose sa théorie, il fait froid dans le dos). Toutefois, je trouve que la façon dont il découvre l'affaire relève presque plus de la divination que de la vraie découverte ce qui atténue un peu le plaisir de l'ensemble.

En quelques mots : Si j'ai aimé la tension et l'extrême noirceur des personnages ainsi que l'exercice de style, j'ai trouvé que l'histoire était résolue un peu par miracle et que l'ensemble donnait une impression de théâtre filmé. Mais cela reste quand même un bon Hitchcock (même si le maître ne l'aime pas).

Les billets de Maggie et Titine 




lundi 10 juin 2013

L'énigme du message perdu de Nancy Springer (Enola Holmes, Tome 5)


Lecture commune 
avec Manu et Syl 

Avant-propos : J'ai lu ce livre en fait il y a 6 mois sur la lancée de notre LC  des aventures d'Enola Holmes avec Manu et Syl. Mais nous n'avions pas donné de date pour la LC du coup, elle était un peu tombée dans l'oubli jusqu'à ce que Syl et le mois anglais nous relance dans les aventures de la petite soeur de Sherlock. Je peux déjà vous dire que 6 mois après, je me souviens encore de l'histoire dans ces grandes lignes, ce qui est quand même plutôt bon signe !



Dans les aventures précédentes...
SPRINGER Nancy - La double disparition (Les enquêtes d'Enola Holmes, Tome 1) 
SPRINGER Nancy - L'affaire Lady Alistair (Les enquêtes d'Enola Holmes, Tome 2)
SPRINGER Nancy - Le mystère des pavots blancs (Les enquêtes d'Enola Holmes, Tome 3)
SPRINGER Nancy - The case of the Peculiar pink Fan / Le secret de l'éventail (Les enquêtes d'Enola Holmes, Tome 4) 

Mon résumé : Mrs Tupper, la logeuse d'Enola, demande un soir à la jeune fille de venir la voir. Elle a reçu un mystérieux message qui évoque des événements qui se sont produits près de 45 ans auparavant au moment de la guerre de Crimée et dans lequel il est demandé à la vieille dame de délivrer son "message". Mrs Tupper n'a absolument aucune idée de la signification de ceci et demande son aide à Enola car elle a remarqué que la jeune fille était bien plus que ce qu'elle ne voulait montrer...

Mon avis : Décidément, cette série s'améliore au fil du temps. Moi qui lui ai souvent reproché sa légèreté, j'ai apprécié que dès les premières pages, l'auteure fasse, par exemple, référence à la charge de la brigade légère de Tennyson. Et surtout, le contexte historique est plus travaillé que d'habitude. Le prologue nous plonge en pleine guerre de Crimée et nous évoque le sort de ces femmes de soldats qui suivaient leurs maris à l'arrière du front. Mrs Tupper, la logeuse effacée d'Enola est l'une de ses femmes. Elle évoque un peu son expérience à la jeune femme avant de se retrouver enlevée !
L'aventure devient alors émouvante car Enola a trouvé inconsciemment une mère de substitution auprès de sa logeuse. Elle se rend compte de l'affection qu'elle porte à la femme qui a toujours été là pour elle depuis son départ de la maison familiale. On vibre avec elle et on espère qu'elle va réussir à la retrouver à temps. J'ai aussi aimé la résolution de l'enquête autour du message pleine de malentendus qui ont eu des conséquences plus ou moins importantes. Enfin, Enola se débarrasse de cette fascination qu'exerce sa mère et se met enfin en colère par rapport au fait que celle-ci l'ait abandonnée.
Dans ce tome, on retrouve avec plaisir Florence Nightingale, personnage que tout amateur d'Anne Perry connaît bien et qui ici va jouer un rôle essentiel, tant au niveau de l'intrigue qui tourne autour de Mrs Tupper qu'au niveau des relations entre Sherlock et Enola puisqu'elle va tenter d'éclairer le grand détective sur la condition féminine. Nancy Springer évoque le fait que Florence Nightingale n'a presque plus quitté son lit après la guerre de Crimée et tout en continuant à recevoir des personnes chez elle. J'ai vérifié et cette anéecdote est véridique (et ça même Anne Perry ne me l'a pas appris !).

En quelques mots : Le pénultième opus de cette série est sans doute celui qui est le plus attachant au niveau des personnages et le plus construit au niveau de l'intrigue. Plus qu'un seul ouvrage pour découvrir comment vont se terminer les aventures d'Enola...

Les avis de Manu et de Syl 











dimanche 9 juin 2013

La madone de Pellini de Rivière et Federici

Avant-propos : Je devais lire Cranford pour ce premier dimanche victorien, mais je n'ai pas eu le temps de le finir. Mais je ne voulais manquer en aucun cas ce premier rendez-vous, je me suis donc rabattue sur un cycle de 2 bds, découvert chez ma copine Miss Léo et emprunté hier à la bibliothèque.

Mon résumé : Des manuscrits inédits sont retrouvés à Lamb House, maison d'Henry James dont La madone de Pellini. Cette histoire nous conte la rencontre de l'écrivain avec une mystérieuse demoiselle qui ressemble à un tableau peint par Pellini, un artiste du XVe siècle...

Mon avis : J'ai apprécié le premier tome, intitulé Lamb House et notamment l'atmosphère mystérieuse qui se dégage de cet opus. Nous plongeons dans les séances de spiritisme, mais aussi dans les instituts d'études psychiques et leurs aliénistes. La première partie est bien mise en place, nous découvrons Nora, jeune femme qui semble porter le poids d'un lourd passé et qui se lie d'amitié avec Francesco Guibilati, peintre victorien et Henry James dont elle a lu Daisy Miller. Elles les accompagne pour découvrir une exposition sur un peintre oublié, Giovanni Pellini [il est fictif au cas où vous vous poseriez la question]. Mais, elle commence à ressentir des sensations étranges et à être en proie à des crises (comme s'enfuir au milieu de la nuit).
Le deuxième tome, intitulé L'Orphelinat de Rosewood, m'a un peu moins plu car la résolution de l'intrigue, même si je m'y attendais plonge un peu trop dans le fantastique pour moi, mais cela reste quand même plaisant.

Par contre, les dessins me laissent perplexe. Parfois magnifiques notamment en ce qui concerne les décors (la ville de Londres, la forêt, la brume...), j'ai trouvé que le dessin des personnages manquaient souvent de finesse. D'ailleurs, j'ai parfois eu du mal à reconnaître Nora d'un dessin à l'autre ! De plus, les personnages ont parfois une tête de gros bébés joufflus et boudeurs avec d'énormes lèvres (qui font peur). Mais, à d'autres moments les traits sont d'une finesse remarquable. Tout cela donne une à l'ouvrage une identité visuelle un peu décousue selon moi.

En quelques mots : Je penche toutefois pour le côté positif, ces 2 tomes se lisent rapidement et avec plaisir. C'est un bon emprunt à la bibliothèque. Ils m'ont donné envie d'en apprendre plus sur Henry James. J'ai découvert dans le billet de Lou que Colm Toibin avait écrit un ouvrage sur l'auteur de Daisy Miller. J'ai bien évidemment envie de lire ce livre ! 



En plus : Je ne peux m'empêcher de signaler que les couvertures ne ressemblent pas vraiment aux dessins qui composent l'ouvrage (impossible de savoir si c'est bien Riccardo Federic qui les as réalisées, vu qu'il y a une simple indication conception graphique par Trait pour trait). J'avais lu il y a quelques temps que souvent les couvertures de bd n'étaient pas réalisées par les dessinateurs, ce que je trouve d'un non-sens complet, car s'il y a bien un ouvrage qu'on juge par sa couverture, c'est bien une bande dessinée !

Les avis de Miss Léo et Lou