mercredi 23 septembre 2015

Les Neufs Géants d'Edward Marston (Nicholas Bracewell, Tome 4)



Claire et moi continuons de lire la série d'Edward Marston consacrée au théâtre élisabéthain. Les Neufs Géants est la quatrième aventure de la troupe des Hommes de Westfield.
Voici les premiers billets : La tête de la reine, Les joyeux démons et La route de Jérusalem.

Dans ce nouvel opus, la troupe est menacée car le terrible tenancier de La tête de la reine désire vendre son auberge. Cela signifie donc que la troupe risque de se retrouver sans endroit où jouer.
De plus, l'un des apprentis de Anne, la logeuse et tendre amie de Nicholas a été attaqué. Lawrence Firethorn s'est épris d'une jeune femme qui n'est autre que l'épouse du futur Lord-Maire de Londres. Nicholas découvre un cadavre dans la Tamise.  Notre régisseur préféré voit donc les problèmes s'accumuler.

C'est pour l'instant le tome qui m'a le moins plu. J'ai trouvé l'aspect policier moins intéressant que dans les autres aventures et les liens entre toutes les intrigues sont un peu artificiels.
Mais par contre, c'est toujours un plaisir de retrouver les membres de cette troupe de théâtre. Il y a des scènes hilarantes. Mes préférées sont celles qui concernent le directeur de la troupe Lawrence Firethorn. Le personnage est truculent. Il va par exemple s'engager dans un concours de noms d'oiseaux avec un batelier et il va d'ailleurs être bien aidé par sa femme Margery qui n'a rien à lui envier quand il s'agit d'employer un langage fleuri.
On découvre aussi les rouages de l'élection du Lord Maire de Londres. Même si c'était globalement intéressant, je préfère quand Marston évoque davantage la vie des théâtres élisabéthains.

Je continuerai tout de même la série, car j'aime beaucoup les personnages et j'aimerai savoir ce qu'il va leur arriver.






lundi 14 septembre 2015

Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke



Il était une fois un gros pavé que j'ai mis beaucoup de temps à lire. Suite à l'annonce de la diffusion de l'adaptation, Lili et moi avons décidé de nous lancer dans cette extravagante aventure de 1144 pages  (et même plus, car il y a de nombreuses notes écrites en très petite police ce qui ajoute à mon avis entre 50 et 100 pages à l'ouvrage). Je l'ai commencé le 18 mai pour le finir le 7 août ! On pourrait croire que si j'ai mis si longtemps à le lire, c'est parce que je ne l'ai pas aimé mais non pas du tout. C'est juste qu'il demande une attention assez importante et que je l'ai laissé de côté quand j'étais fatiguée pour mieux le reprendre et le savourer pendant les vacances.

Angleterre. 1806. La société des magiciens d'York tient sa réunion mensuelle lorsque John Segundus pose une question quasiment révolutionnaire : "Pourquoi n'y a-t-il plus de magiciens en Angleterre ?". Car ces hommes, s'ils se nomment entre eux magiciens, ne font qu'étudier la magie mais ne la pratiquent pas. Segundus va chercher une réponse. Il rencontre alors un étrange personnage, Mr Norrell, qui lui annonce qu'il pratique la magie. La société des magiciens d'York lui demande de le prouver, ce qu'il va faire.

Mais Mr Norrell a un objectif plus ambitieux : il veut participer à la vie politique du pays et aider le gouvernement. Il va d'ailleurs se rapprocher de Sir Walter Pole d'une manière assez fracassante puisqu'il va ressusciter sa fiancée. L'exploit fait gagner une notoriété immense à Norrell mais personne ne sait que, pour le réaliser, il a du passer un pacte avec un mystérieux personnage.

Un autre magicien, Jonathan Strange apparaît et réussit lui aussi à pratiquer la magie. Norrell le considère comme son élève, mais, plus affable que son maître, il gagne plus vite la confiance du gouvernement et est envoyé en mission en Espagne auprès de Wellington pour essayer de combattre les armées napoléoniennes.

Jonathan Strange et Mr Norrell, c'est un peu la querelle des anciens et des modernes. Jonathan Strange veut innover, découvrir des sortilèges anciens et retrouver la magie des origines. Mr Norrell lui, au contraire, refuse les expériences tout en se refusant bien d'expliquer pourquoi à son élève, jusqu'à l'inévitable rupture.

J'ai particulièrement aimé la cohérence de l'univers crée par Susanna Clarke. Elle a inventé toute une histoire de la magie avec de fausses références incroyables (auteur, date de publication, éditeur) et tout un tas d'anecdotes raconté en notes de bas de page (et parfois la note de bas de page prend toute la place !). Cela doit sans doute rebuter un certain nombre de lecteurs, mais j'ai particulièrement aimé cet aspect, tellement l'ampleur de son travail est phénoménal.

J'ai bien aimé notre duo de héros, chacun étant loin d'être parfait, mais tous deux se révélant au final assez touchants. Norrell a un côté pédant qui peut rebuter, mais au final il s'agit plutôt d'une inaptitude totale à vivre en société. Strange est au contraire un peu trop jouette et il est devient parfois agaçant, mais son attitude à la fin du roman l'a racheté à mes yeux. J'ai aussi aimé le personnage complexe de Childermass, le serviteur de Norrell.



Le livre est parsemé de références à la littérature et à la culture de l'époque. Certains personnages historiques ont une place assez importante comme Wellington ou bien encore Lord Byron, dont j'ai beaucoup aimé le portrait fait par l'auteur.
Il y aussi beaucoup d'humour comme dans les extraits que j'ai pris en photo. On ne se roule pas par terre de rire, mais j'ai beaucoup aimé toutes ces petites touches qui viennent éclaircir un récit parfois sombre.



Malgré tous ces bons points, il y a quand même quelques petites choses qui m'ont un tout petit peu moins emballée. Déjà, il est compliqué de lire un livre de 1140 sans trouver quand même quelques longueurs. Les parties sur la guerre en Espagne m'ont plutôt ennuyée, alors que je ne suis pas du genre à bouder les épisodes napoléoniens sauf que là, justement, ça manquait peut-être un peu de batailles et de souffle. J'ai davantage apprécié la description de Waterloo (et surtout une idée bien spéciale pour éviter la bataille).

Au niveau de l'histoire, si j'ai aimé cette opposition entre les magiciens,  j'ai beaucoup moins aimé toute la sous-intrigue qui tourne autour du gentleman aux cheveux d'argent. Il fallait bien un "méchant" dans l'histoire, mais j'ai trouvé les scènes très répétitives pour au final peu de choses.

La fin m'a aussi laissé sur ma faim. J'apprécie, après avoir lu 1140 pages, d'avoir un point final à une histoire, Ce n'est pas le cas ici et cela me laisse toujours un goût d'inachevé. J'ai l'impression d'abandonner les personnages en route et cela me frustre d'autant plus après avoir passé tant de temps avec eux.

Au final, c'est tout de même le plaisir qui l'emporte. Par contre, je ne sais pas si j'aurai un jour le courage de le relire (et puis surtout, il y a tellement de livres à lire). Il paraît que l'adaptation est très réussie, je compte la regarder bientôt.

Le billet de Lili 

Participation au challenge A year in England de Titine




samedi 5 septembre 2015

Créance de sang de Michael Connelly (Terry McCaleb, Tome 1)



J'ai déjà professé mon amour pour Michael Connelly et sa série Harry Bosch. J'ai bien avancé depuis (j'en ai lu 5), mais comme d'habitude, je n'ai pas pris le temps d'écrire de billets. Je lis les Connelly par ordre chronologique d'écriture parce que les différents personnages se croisent très souvent au fil des différentes séries. Créance de sang vient donc s'intercaler au milieu des Bosch.

Ce livre marque notre première rencontre avec Terry McCaleb, ex-agent du FBI, qui a pris une retraite anticipée car il a dû subir une transplantation cardiaque. Suite à un article paru dans les journaux, une femme se présente sur son bateau pour lui demander d'enquêter sur la mort de sa soeur. Terry n'en a pas très envie, mais Graciela lui révèle la raison pour laquelle elle est venue le voir : le coeur qui bat dans sa poitrine est celui de sa soeur, Gloria.

On l'apprend dès le premier chapitre, mais j'ai presque l'impression d'écrire un spoiler tellement cette révélation m'a surprise. Cet aspect change tout. Terry va alors s'engager corps et âme dans la découverte de ce qu'il est arrivé à Gloria. Il ne peut évidemment s'empêcher de penser qu'il lui est redevable, que c'est parce qu'elle est morte qu'il a pu vivre. Il va se jeter dans l'enquête au risque de mettre en péril sa propre santé et de perdre ce don qu'il a reçu.

Pour ce qui est de l'enquête, je peux difficilement vous en dire plus, mis à part que le meurtre qui semblait être un malencontreux accident survenu au cours d'un braquage se retrouve être un assassinat. Connelly maîtrise sur le bout des doigts son intrigue et une fois de plus tous les pièces du puzzle s'emboîtent parfaitement. Je n'ai pas trouvé le coupable avant qu'on me le révèle et j'ai été époustouflée car il y a avait un énorme indice qui aurait dû me crever les yeux à côté duquel je suis totalement passée. De plus, le motif de celui-ci a des répercussions essentielles sur Terry.

Pour les habitués des séries de Connelly, on croise un personnage venu de l'univers de Bosch, la journaliste Keisha Russell. Terry parle de l'avocat Mickey Haller Jr qui a déjà été évoqué auparavant et qui aura ensuite sa propre série (je me demande d'ailleurs si Michael Connelly l'avait déjà prévu à ce moment-là). On évoque aussi les affaires du Poète et celle de Bremmer.

Le seul petit reproche que je pourrais faire est que Connelly aurait pu éviter le énième rebondissement final. Mais j'écris cela à froid, après avoir terminé ma lecture depuis plus d'un mois. Sur le coup, j'étais totalement emportée et cela ne m'a pas dérangée particulièrement.

Je vais évidemment poursuivre ma lecture des différentes séries de Connelly.


Etant donné que j'aime beaucoup Clint Eastwood, j'ai voulu découvrir son adaptation de Créance de sang. Je savais que Michael Connelly avait été déçu par les deux adaptations de ses livres en films (c'est pour cela qu'il s'est impliqué dans la série TV Bosch) et franchement, je comprends pourquoi. Ce n'est pas un mauvais film, je l'aurais d'ailleurs sans doute beaucoup aimé si je ne connaissais pas le livre. Clint Eastwood est un bon Terry McCaleb, mais c'est le scénario qui pêche. Brian Helgeland a voulu simplifier les choses. Il a échangé 2 personnages : Buddy Lockridge devient Jasper "Buddy" Noone et James Noone devient James Lockridge. Si cela ne dit rien a ceux qui n'ont pas lu le livre, je peux vous dire que quand on l'a lu, ça change beaucoup de choses. L'intrigue a été simplifiée alors que ce qui me plaît chez Connelly, c’est justement le fait que les motivations des personnages sont toujours complexes. Sans compter qu'on fait un peu passer Terry pour un idiot puisque c'est un gamin de 7 ans qui lui explique dans une enquête que le "Tueur au code" n'utilise jamais le chiffre 1 (alors que le FBI s'est cassé les dents dessus pendant plusieurs années !). C'est dommage car pour le reste, c'est plutôt fidèle, il y a des dialogues entiers qui correspondent au livre. Je ne comprends vraiment pas pourquoi les personnages ont été inversés, tant qu'à faire, j'aurais préféré qu'ils en inventent un nouveau, plutôt que de les dénaturer.

Première participation au mois américain de Titine