mardi 31 mars 2015

Darcy, what else ? de Teri Wilson

Avant-propos : Après avoir lu Cher Mr Darcy (en fait, je l'ai lu en décembre, mais j'ai seulement fait mon billet hier),  j'ai repris foi dans le genre des austeneries. J'ai noté tout ce qui allait sortir et j'ai acheté Darcy, what else ? le jour de sa parution.

Mon résumé : Elizabeth Scott aime faire participer sa chienne, Bliss, à des concours canins. Sa première rencontre avec un juge, Mr Darcy, ne se passe pas très bien. Mais, lors de ce concours, elle rencontre aussi Sue, qui lui propose de venir préparer ses chiens pour des concours qui auront lieu à Londres. Cela tombe bien, Elizabeth vient d'être mise en congés forcés par la prestigieuse école de Manhattan qui l'employait. Elle fait donc ses bagages et part pour Londres. Mais, il se trouve que le voisin de Sue n'est autre que Mr Darcy... 

Mon avis : Je pensais que les austeneries qui se passaient à la période contemporaine me plaisaient davantage car cela laissait plus de libertés aux personnages. Quand j'ai vu que celle-ci se déroulait dans l'univers impitoyable des concours de chiens, je me suis dit "pourquoi pas ?" (oui, des fois, j'ai des idées bizarres). C'est d'ailleurs l'aspect qui m'a le plus plu. J'ai bien aimé la description des concours, des règles et des manies de ceux qui y participent. Les chiens principaux de l'histoire sont des Cavalier King Charles, race que je trouve assez mignonne avec leurs grandes or
eilles qui traînent partout. 

Cette transposition dans le monde contemporain suit quand même relativement l'histoire. On retrouve les équivalents modernes de Jane, de Caroline et Charles Bingley et bien évidemment d'Elizabeth et Darcy. Quelques passages font sourire, mais ce n'est pas un livre qui nous fait vraiment rire. 

Mais, il y a quand même quelques éléments qui sont un peu bizarres. Par exemple, on sait qu'Elizabeth est professeur, mais on ne saura jamais de quoi.
Ensuite, elle s'est fait renvoyer car un parent d'élève a tenté de la corrompre (lui remettre un chèque, puis de lui caresser le bras) pour qu'elle change la note de son fils, mais au départ, elle en parle comme si c'était un de ses ex ! C'est à cause de lui qu'elle ne peut plus faire confiance à aucun homme riche... Je ne sais pas pourquoi, dans les austeneries contemporaines, on a l'impression que les héroïnes trentenaires ont la maturité amoureuse d'une collégienne (et encore d'une collégienne du XXe siècle). Ca m'énerve, j'ai envie de les secouer. 

Pour un livre où justement l'héroïne n'aime pas les riches, il y a de multiples références à des marques. J'ai eu un peu l'impression d'avoir affaire a du placement de produits. Comme je doute que Moët & Chandon (entre autres) ait besoin d'une auteure plutôt inconnue pour se faire de la pub, je suppose qu'elle l'a fait d'elle-même, ce qui est encore plus lourd. 

Sur le coup, je n'avais pas détesté, mais en y repensant, il y a quand même quelque chose qui m'a foncièrement dérangée. Il s'agit du rebondissement final qui fait qu'Elizabeth se rend compte de tout ce que Darcy a fait pour elle. Dans ce livre, la transposition m'a laissé un sentiment de malaise 
Spoiler:
Puisque Darcy va dans l'ancienne école privée dans laquelle elle travaillait pour les forcer à la reprendre en finançant une aile d'un bâtiment. En quoi est-ce différent de ce qu'elle reprochait au père de son élève ? Ce n'est rien de moins que de la corruption. Cela ne prouve aucunement les compétences d'Elizabeth, ni que le lycée lui a pardonné. Franchement, ce n'est pas un acte qui me ferait tomber dans les bras de Darcy, au contraire....

Je n'aime pas ce rapport à l'argent qu'il y a dans certaines austeneries américaines comme Austenland.
Je ne vois pas pourquoi Elizabeth nous a saoulé pendant tout le livre en disant qu'elle n'aime pas l'argent, alors qu'elle ne vit au final qu'à travers ça.

En quelques mots : Passez votre chemin, la seule chose un tant soit peu sympathique est le sujet des concours de chiens. Dans une austenerie, c'est quand même malheureux.

Et après ? Je suis à nouveau guérie du genre pour un certain temps je pense. J'ai lu en a publié 2, mais je ne les achèterai que si je les trouve d'occasion. 

lundi 30 mars 2015

Cher Mr Darcy d'Amanda Grange

Avant-propos : J'ai eu quelques grosses déceptions avec les austeneries (1932, Austenland) et j'ai délaissé le genre pendant presque un an. Ayant lu des avis positifs sur cette version, je me suis laissée tenter...

Mon résumé : L'histoire d'Orgueil et préjugés est racontée sous forme de lettres.

Mon avis : Le gros problème de ce type de réécriture est qu'on nous raconte par le menu les pensées de Darcy. J'ai du mal à lire des passages où le personnage s'épanche sur ses sentiments envers Elizabeth. Pour moi, il ne les a confiés à personne. Mais je comprends le fait que le livre aurait été assez court sans les lettres de Darcy. Même si ces lettres m'ont parfois fait lever les yeux au ciel, on évite quand même les descriptions scabreuses (une auteur qui évite de nous raconter en détail la nuit de noces de Lizzy et Darcy, c'est notable).

De même, j'ai été un peu déçue par le personnage d'Elizabeth. Je n'ai pas vraiment retrouvé ses traits d'esprit dans ses lettres. Ses rapports avec Charlotte sont un peu bizarres. Je ne voyais pas leur amitié de cette manière (Lizzie est très critique envers les choix de Charlotte).

Par contre, j'ai apprécié qu'on ne retrouve aucune des lettres présentes dans Orgueil et préjugés. Beaucoup d'auteurs de ce genre d'austeneries n'hésitent pas à carrément citer des passages du livre de Jane Austen. Eh bien, ici, ce n'est pas le cas. Amanda Grange nous donne la version des personnages suite aux lettres, mais on n'a pas à les relire. Cela peut poser quelques problèmes à ceux qui n'auraient pas lu la version de Jane Austen (mais soyons sérieux, il doit y avoir peu de gens qui lisent ce livre sans connaître la version originale, enfin, j'espère !).

J'ai aussi apprécié les échanges entre Darcy et ses proches sur la situation en Europe à l'époque (c'est quand même le temps des guerres napoléoniennes). Cela n'apparaît  pas du tout chez Jane Austen. Je sais que c'est un sacrilège d'écrire cela, mais cela me semble logique qu'un homme comme Darcy s'informe sur la situation internationale de son époque. Je ne le vois pas comme un personnage coupé du monde. Après, il y a très peu de notion de temporalité chez Jane Austen, donc c'est normal qu'elle ne le rattache pas Darcy à des événements aussi précis.

J'ai trouvé les lettres des personnages secondaires très réussies. Mention spéciale aux lettres de Mary qui m'ont fait beaucoup rire. Mary est sans doute l'un des personnages qui m'intéresse le moins dans le roman, mais ici ses lettres sont tellement pédantes et à côté de la plaque que cela en devient drôle. Par exemple, elle explique très posément que les livres d'Ann Radcliffe sont en fait des guides sur la nature et les moeurs de ceux du "continent" ainsi que les risques auxquels on s'expose. Ou encore, elle écrit que chaque fois qu'elle joue du piano,  tous ceux qui l'écoutent sont muets d'admiration...
Les lettres de Caroline Bingley ne sont pas tristes non plus, même si elles sont malheureusement moins nombreuses. On passe de très bons moments à la lire quand elle s'imagine séduire Darcy, d'autant plus que ses lettres sont souvent suivies de la version de Louisa qui vient contredire tout ce que Caroline a écrit.
Les lettres de Mr Collins dégoulinent de propos mielleux dans son style si caractéristique.
Les missives de Mrs Bennet ne sont pas en reste puisque l'on passe sans cesse du coq à l'âne. Elle ne cesse de se lamenter sur ses pauvres nerfs et ses filles à marier.

En quelques mots : Sans atteindre bien évidemment le niveau d'Orgueil et Préjugés, j'ai trouvé que c'était une réécriture honnête et divertissante. Elle a l'avantage de mettre en avant un trait essentiel de Jane Austen que beaucoup de réécritures oublient : l'humour !

vendredi 27 mars 2015

The Red-Headed League d'Arthur Conan Doyle (The Adventures of Sherlock Holmes # 2)

Avant-propos : Nous reprenons avec Syl, Caro et Arieste la lecture du Canon Holmésien. Je n'ai pour l'instant fait qu'un seul billet (sur Le signe des quatre), mais je suis motivée pour découvrir l'ensemble du canon, surtout que j'ai lu ces derniers temps un certain nombre de pastiches, ce qui m'a donné envie de revenir aux origines et de découvrir Les aventures de Sherlock Holmes en VO (bon ok, c'est juste pour crâner avec mon édition BBC). A part ça, je suis super en retard, puisque la LC était pour le 19, mais j'ai réussi à faire un billet, ce qui est un exploit en soi.


Mon résumé : Holmes demande à Watson d'écouter le récit d'un homme,  Jabez Wilson, qui a répondu à une petite annonce qui était réservée aux roux. Il a été engagé par La ligue des rouquins pour recopier l'Encyclopédie en échange d'une somme d'argent. Il vient trouver Holmes parce qu'il a trouvé porte close sans préavis. Il est déçu de ne plus avoir cette ressource financière. A la fin, de son histoire, Holmes et Watson éclatent de rire. Holmes aurait-il déjà compris le fin mot de l'histoire ?



Mon avis : J'avais déjà lu La ligue des rouquins et je l'avais moyennement appréciée. Il faut dire, qu'un peu comme Jabez Wilson, je n'avais rien compris à ce qu'il s'était passé. Du coup, quand Holmes et Watson éclatent de rire, je m'étais sentie un peu bête aussi, vu que je ne savais pourquoi ils riaient. Mais cette fois, je me souvenais de la fin. Je n'ai pas eu l'impression d'être exclue et au contraire, j'ai pu rire du naïf Jabez avec eux.

J'ai donc davantage apprécié ma lecture. Il faut dire que ce piège tendu à Jabez Wilson joue sur nos plus bas instincts : qui n'a jamais rêvé de gagner de l'argent aussi facilement ? En plus, il est distingué pour une raison qui auparavant a dû être davantage une source d'exclusion qu'un facteur d'intégration, ce qui doit lui faire plaisir. Mais il est tout de même très naïf pour ne pas imaginer que cela puisse être une arnaque. C'est quand même trop beau pour être vrai.


J'ai noté 2 petites choses insolites dans cette nouvelle.
Tout d'abord, ceci (c'est Watson qui parle)

Je suppose que, dans la version française, on a choisi un autre verbe... Sacré Watson !

Et la touche finale, qui est une citation de Flaubert en français dans le texte

Sauf que "L'homme c'est rien - l'oeuvre c'est tout" me semblait plutôt digne d'un ado boutonneux du XXIe que de l'auteur de Mme Bovary. J'ai donc cherché sur le net et j'ai trouvé la citation originale "L'oeuvre n'est rien, l'oeuvre - tout" ce qui me rassure sur la correspondance de Flaubert. 

J'avais aussi noté les étranges sauts dans le temps au cours de la nouvelle, mais je pensais n'avoir pas fait assez attention. Mais Caro a confirmé qu'il s'agit d'une des fameuses erreurs qui parsèment les aventures de Sherlock Holmes (elle a d'ailleurs été corrigée dans la version française !). 

Les billets de SylCaro et Arieste

En quelques mots : Une relecture sympathique. Même si elle ne restera sans doute pas mon aventure préférée, j'ai pris plaisir à la redécouvrir. 

Et après ? Nous avons prévu la lecture de la nouvelle suivante pour le 10 avril. Il s'agit d'Une affaire d'identité, qui est la nouvelle que j'avais le moins aimée de toutes celles que j'ai lues, j'espère que j'aurai une aussi bonne surprise qu'avec La ligue des rouquins !

mardi 10 mars 2015

Les joyeux démons d'Edward Marston (Nicholas Bracewell, Tome 2)

Avant-propos : Claire et moi continuons notre LC de la série d'Edward Marston qui se déroule dans l'univers du théâtre élisabéthain.

Le lien vers le billet du  premier tome La tête de la reine.

Mon résumé : La troupe des Hommes de Westfield présente une nouvelle pièce intitulée Les joyeux démons. Mais voilà qu'au cours de la représentation, un démon (qui n'est pas l'un des acteurs devant jouer ce rôle) surgit sur scène. S'agit-il vraiment d'une apparition démoniaque comme le pensent certains membres de la troupe ? Ou bien est-ce que quelqu'un tente de nuire aux comédiens ?

Mon avis : Nous retrouvons avec plaisir notre régisseur préféré qui va à nouveau devoir lutter contre ceux qui veulent saboter la réputation de la troupe.
Ce que j'apprécie dans une série, c'est de retrouver des caractéristiques communes dans chacun des tomes. Ici, le schéma reste à peu près le même que dans le tome 1. La troupe des Hommes de Westfield est menacée, Nicholas enquête, Lawrence Firethorn pousse des colères homériques (qui me font toujours mourir de rire), Edmund Hoode écrit des poèmes pour une femme qui lui est inaccessible, Barnaby Gill rouspète, Nicholas frôle la mort, mais trouve le coupable et tout se termine au cours d'une représentation théâtrale (transcription du traditionnel moment où tous les coupables se retrouvent dans une pièce et où tout est révélé).

J'ai davantage apprécié l'intrigue policière de ce tome (sans doute parce que je m'en souvenais moins). Même s'il y a une petite facilité : le neveu de Lord Westfield a disparu et dans le même temps, on nous évoque un mystérieux patient dans un asile. Qui peut-il bien être ? Mais, au final, les événements ne sont pas aussi simplistes que cela et j'ai été surprise de savoir qui était derrière les attaques menées contre la troupe. J'ai trouvé que les éléments s'emboîtaient plutôt bien.

De nouveaux thèmes intéressants sont venus s'ajouter au thème principal qui tourne toujours autour du fonctionnement d'une troupe de théâtre (des affres de la création aux petits aménagements qui ont lieu en coulisses).
La troupe se trouve confrontée à la réprobation des puritains, en particulier Isaac Pollard, qui n'a qu'un seul but : fermer La tête de la reine (nom de l'auberge où joue la troupe).
On aborde aussi la question des relations étroites entre la superstition et la religion à l'époque, puisque certains sont persuadés que c'est un véritable démon qui s'est matérialisé sur la scène. Le célèbre astrologue John Mortdrake va être consulté. C'est un personnage fictif, mais maintenant que je connais mieux la période, je me rends compte qu'il est inspiré du célèbre astrologue John Dee, qui habitait dans une maison de... Mortlake !
L'un des personnages de la troupe va se retrouver dans la prison du Guichet (Wood Street Compter) ce qui permet à l'auteur de décrire les sinistres conditions de détention des prisonniers.
On plonge aussi dans l'enfer de l'asile d'aliénés de Bedlam qui a une sinistre réputation. Non seulement les riches peuvent y faire enfermer qui ils veulent, mais en plus, ils viennent aussi "voir les fous" comme on va au zoo pour voir les animaux sauvages.

Comme vous pouvez le constater, l'auteur brasse des thèmes divers (sans que ce soit étouffant).

En quelques mots : Un 2e tome qui continue sur la lancée du premier, tout en intégrant d'autres thématiques. Je lirai la suite avec plaisir !

Et après ? Je vais bien évidemment continuer mes lectures tudoriennes, mais cela m'a bizarrement donné envie de lire quelque chose sur les asiles d'aliénés. Je ne sais pas exactement quoi. J'ai le premier tome de la série de Bizien, mais ça ne passe pas à Londres. J'ai vu que Frank Tallis avait écrit un livre sur ce thème qui se passe en Angleterre, mais il n'en pas dans ma PAL. Je vais creuser un peu la question...Si vous avez des conseils, n'hésitez pas !


samedi 7 mars 2015

La solution à 7 % de Nicholas Meyer (Sherlock Holmes, Tome 1)

Avant-propos : Même si ma passion pour les Tudors continue, je laisse aussi un peu de place pour d'autres centres d’intérêt, comme par exemple, ce qui touche à Sherlock Holmes et à son créateur Sir Arthur Conan Doyle (même si je suis loin d'être experte en la matière puisque je n'ai pas lu le canon en entier).
Comme souvent avec moi, j’accumule plusieurs variations sur le même thème. J’ai lu cette semaine Une étude en écarlate de Jean d’Aillon (lecture au final peu holmésienne, mais ô combien passionnante – je n’ose dire que je ferai un billet, tellement j’en rédige peu). J’ai aussi regardé le premier épisode d’Arthur & Georges, série d’ITV, adaptée du livre de Julian Barnes. Le premier épisode était plaisant, mais j’attends les deux autres pour me prononcer. Enfin, j’ai découvert que L’horreur du West End de Nicholas Meyer venait (enfin) d’être réédité. Cela m’a donné envie de sortir de ma PAL les pastiches de Nicholas Meyer qui sont réputés pour faire partie des meilleurs du genre.

Mon résumé : 1891. Suite à son mariage avec Mary Morstan, Watson voit moins Sherlock Holmes. Celui-ci semble succomber de plus en plus à son addiction à la cocaïne. Sous l’emprise de la drogue, il évoque son pire ennemi : le professeur Moriarty (ce qu’il ne fait jamais quand il a l’esprit clair). Peu de temps après, ce même Moriarty vient voir Watson pour lui révéler  que Sherlock Holmes le harcèle et le menace. Il jure qu’il n’est qu’un simple professeur de mathématiques et prévient Watson qu’il risque de porter plainte contre Sherlock. Aidé par Mycroft, Watson décide de sauver Sherlock Holmes malgré lui et de lui faire rencontrer un médecin viennois qui a publié un article expliquant qu’il pouvait guérir les personnes atteintes d’une addiction en utilisant l’hypnose.

Mon avis : J’ai dévoré cet ouvrage en deux jours.
Il y a tout d’abord un avant-propos, écrit par Nicholas Meyer lui-même, qui nous explique comment ce manuscrit inédit de Watson lui est parvenu entre les mains. Il dit qu’il l’a retouché pour la publication, ce qui explique que l’on ne reconnaisse pas le style habituel du docteur Watson.
Il y a ensuite des « pages liminaires » où cette fois c’est Watson lui-même qui nous explique qu’il a rédigé ce manuscrit en 1939. Il dit qu’il avait promis qu’il ne révélerait pas cette histoire tant que les protagonistes seraient vivants, mais le dernier vient justement de mourir. Il nous précise aussi qu’il rédige cet ouvrage sans notes, ce qui peut expliquer qu’il diffère un peu de ses histoires habituelles. Enfin, il y il avoue qu’il a menti dans Le dernier problème et La maison vide pour dissimuler des événements bien trop graves pour être racontés à l’époque. Mais, il va enfin nous livrer la vérité.
J’ai beaucoup aimé ces deux prologues car ils permettent à l’auteur de nous faire entrer dans son jeu. Il sait qu’il n’est pas Doyle et donc il nous informe qu’il va y avoir un changement de style. Il sait que son histoire va différer du canon et il nous prévient que deux nouvelles seront particulièrement touchées. À nous de savoir si on va le suivre ou pas. Pour ma part, j’ai apprécié cette façon originale de nous faire adhérer à ses théories.

Tout au long du livre, l’auteur fait référence à de nombreuses nouvelles du canon et l’on croise des personnages des aventures passées comme par exemple Stamford, celui qui a présenté Watson à Holmes , ou bien encore le valeureux chien Toby qui joue une fois de plus un rôle important. Il y a aussi beaucoup d'humour.

Dans la première moitié du livre, les événements s’enchaînent à un rythme effréné. On passe de Londres à Vienne. Le médecin qu’Holmes doit rencontrer n’est nul autre que Sigmund Freud ! Cet aspect est très réussi. L’auteur insiste sur les points communs entre les deux personnages en particulier au niveau des méthodes de déduction et de la capacité d’analyse. Freud lui présente une patiente muette qui a tenté de se suicider. Evidemment Holmes va réussir à déduire sa vie rien qu’en l’observant.

J’ai un peu moins apprécié la deuxième partie parce que tout un peu « gros » (il y a une histoire de complot et une folle course poursuite en train). Même si j’ai un peu moins accroché à cause du manque de plausibilité de l’intrigue, le rythme reste haletant et les pages défilent rapidement. Cela ne m’a pas beaucoup dérangée car il faut dire que ce genre de mésaventure m’est aussi arrivé avec les écrits de Conan Doyle (par exemple au cours de la digression en Amérique pour Une étude en rouge).

Par contre, la fin est très réussie car on nous apprend qui est Moriarty, quel est le lourd secret qu’il partage avec la famille Holmes et pourquoi Sherlock Holmes a commencé à se droguer.
A la fin de l’ouvrage, Holmes quitte Watson (ce qui sera le début de ses années perdues), pour aller jouer du violon, en lui disant de raconter qu’il a été assassiné par Moriarty, ce qui fait que l’on retombe sur nos pieds avec Le dernier problème.

Enfin, dans un post-scriptum, Nicholas Meyer nous révèle les sources de ses théories (qui est Moriarty ? qu’est-il arrivé à Sherlock dans son enfance ? ) qui , loin d’être tombées du ciel, s’appuient sur des ouvrages de paralittérature holmésienne, ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant.
On sent que Nicholas Meyer aime vraiment ses personnages et qu’il essaye de faire coller tout le canon ensemble (alors qu’on sait bien qu’il existe des contradictions dans ce qu’a écrit Conan Doyle).

J’ai lu, au sujet de l’auteur, un très intéressant article du New York Times, qui explique qu’il a écrit ce livre en réaction aux Sherlock Holmes avec Basil Rathbone car ceux-ci ont donné une image trop policée du détective, mais aussi l’impression que Watson était un balourd (je ne les ai pas vus). Meyer voulait donc évoquer un Holmes imparfait, plus proche de la vision de Doyle et donner plus de crédit à Watson (qui explique par exemple que s’il apparaît un peu lent à suivre Holmes dans ses aventures, c’est parce que c’est le sentiment qu’il a face à un esprit aussi vif, mais cela ne veut pas dire qu’il soit bête).
L’article du NYT dit que Meyer a « réinventé » Sherlock Holmes ce qui a ouvert la voie à nos adaptations contemporaines avec un personnage beaucoup moins lisse. Je laisserai aux spécialistes le soin de trancher la question, mais j’ai trouvé cet article intéressant.

En quelques mots : Un pastiche réussi, drôle et ultra-référencé. Même si la deuxième partie est moins plausible, on le dévore très rapidement.

Et après ? Le livre a été adapté en film sous le pitoyable titre français  de Sherlock Holmes attaque l’Orient Express (alors qu’on ne parle même pas de ce train dans le livre ; on parle certes de trains viennois mais tous ne sont pas ce train mythique). J’essaierai de le voir surtout qu’il a un casting assez incroyable (Laurence Olivier, Alan Arkin, Robert Duvall et Vanessa Redgrave).

Nicholas Meyer a écrit 2 autres pastiches que je vais m’empresser de lire. Je vais peut-être aussi reprendre ma lecture du canon avec Syl.