vendredi 1 novembre 2013

Disparitions de Natsuo Kirino

Avant-propos : J'ai quelque peu délaissé le superbe challenge d'Adalana ces derniers mois par faute de temps, mais j'y suis revenue ce mois-ci (enfin au mois d'octobre, même si on est déjà le 1er novembre^^).

Mon avis : Le livre commence par un article de journal qui présente la disparition d'une jeune fille de 5 ans, qui était en vacances avec ses parents dans la maison de campagne d'un couple d'amis sur l'île d'Hokkaido (la plus septentrionale des 4 grandes îles du Japon). L'article précise qu'il n'y a absolument aucune piste. 
Mais suite à cet article, le livre prend une toute autre direction. Nous découvrons 2 personnages qui vivent une histoire d'amour. Peu à peu, nous découvrons qu'ils ont en fait une liaison et qu'il s'agit de la mère de la jeune disparue et de l'ami chez qui sa fille a disparu. 

Une narration complexe
Le livre est extrêmement difficile à résumer puisqu'il y a des retours en arrière permanents. Au fur et à mesure que l'histoire avance, on découvre des éléments du passé de Kasumi, la mère de la petite disparue. Et puis, après la disparition, l'intrigue fait un saut de 4 ans dans le temps. On va suivre aussi les pas d'autres personnages : ceux de son amant et ceux d'un ancien inspecteur de police qui va vouloir reprendre l'enquête (mais qui n'arrive qu'à la moitié du livre). Si le procédé n'est pas d'une originalité folle, l'ensemble est extrêmement maîtrisé par l'auteur qui distille ses informations au compte-goutte. 

Ceci n'est pas un livre policier, mais un livre sur les états d'âme. 
L'article de journal et le titre laissent penser qu'on va suivre l'enquête menée pour retrouver la petite Yuka. Mais ce n'est pas du tout le cas et je dirais que c'est presque mieux comme cela. Nous suivons en fait les états d'âme des personnages, d'abord la passion brûlante et destructrice des deux protagonistes qui les poussent à se retrouver sous le même toit pour les vacances avec leurs conjoints respectifs tout en poursuivant leur relation et en se préparant à tout quitter et à abandonner (jusqu'à leurs enfants). C'est alors que le drame survient. 
4 ans plus tard, on retrouve Kasumi qui s'enfonce totalement dans la dépression et qui ne peut pas abandonner l'idée que sa fille vit toujours, même si l'enquête n'a jamais progressé. Cela devient même sa raison de vivre, ce qui l'éloigne de tout le reste de sa famille. Les descriptions de l'état psychologique de Kasumi sonne juste sans sombrer dans le pathos. Elle est rongée par la culpabilité d'avoir songé à un moment à abandonner ses enfants. Elle relance l'enquête avec un ex-inspecteur sur le point de mourir d'un cancer, ce qui donne de très beaux passages sur la rencontre de deux solitudes dans le Japon contemporain. On découvre aussi la façon dont les autres protagonistes ont vécu après le drame et notamment l'évolution plutôt inattendue de l'amant de Kasumi. 

Mais là où le bât blesse...
J'étais vraiment séduite par ce livre et notamment par l'incertitude quant au sort de Yuka qui nous transportait au plus proche de l'état émotionnel de sa mère. Je m'étais même faite à l'idée que peut-être on ne saurait pas (ce qui à mon avis aurait été une fin brillante). J'ai commencé à décrocher quand les protagonistes ont commencé à rêver de ce qui a pu se passer. Et cela se termine presque sur un rêve. Résultat, on ne sait pas exactement ce qui s'est passé, ni si s'est bien la bonne hypothèse. J'ai trouvé cela vraiment décevant. 

En quelques mots : Il ne faut pas s'attendre du tout à une intrigue policière. L'analyse psychologique des personnages est magistrale, malheureusement la fin un peu trop onirique m'a déçue. 

Et après ? : Je pense que je retenterai l'expérience avec un autre de ses livres car j'ai aimé la finesse de ses descriptions de la psychologie des personnages. 
Et le prochain billet sera sur un livre avec une fin qui ne m'a pas déçue, promis! 


12 commentaires:

  1. Je ne suis pas sûre d'avoir envie de lire ce livre. Il aurait mieux valu ne pas avoir de solution qu'une solution"rêvée".

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    1. Voilà c'est exactement çà. C'est dommage parce que à part cela, c'est vraiment un roman brillant.

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  2. Je suis aussi le challenge d'Adalana en pointillés en ce moment. Pour le mois Natsuo Kirino j'avais acheté Out mais je ne l'ai pas encore commencé.
    Natsuo Kirino était justement l'un des auteurs qui m'ont donné envie de m'inscrire au challenge, parce que j'avais adoré Disparitions, lu il y a 2-3 ans. C'est vrai que j'aurais préféré ne pas savoir ce qui était arrivé, moi aussi, mais ça n'a pas gaché mon plaisir de lecture pour autant. Comme toi, j'avais beaucoup aimé le fait que le roman soit bien plus psychologique que policier.

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    1. Je pardonne beaucoup moins facilement au livre que j'ai vraiment aimé d'avoir une fin décevante. Je trouvais ce livre tellement bien écrit et intéressant que cette fin banale m'a profondément déçue.

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  3. C'est le roman qui m'avait donné envie de relire cette auteure !
    Contente que tu aies apprécié malgré la fin décevante.

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    1. Oui c'est juste qu'avec un tel niveau auparavant, j'attendais plus de la fin, mais je retenterai l'expérience ! Merci pour la découverte.

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  4. Manu aussi a fait une lecture enthousiaste avec une fin en queue de poisson sur le titre qu'elle avait choisi. Serait-ce un travers de l'auteur ? En tout cas, vous m'interpelez quand même et me donnez envie d'y goûter moi-même :)

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    1. C'est bien dommage car il n'y a rien de plus décevant qu'une fin ratée sur un roman avec tellement de potentiel ! J'espère que cela te plaira !

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  5. Je note malgré cette fin décevante ;-)
    pour l'analyse psychologique (et parce que j'ai aimé cette auteur avec "Le vrai monde")

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    1. Je continuerai ma découverte de l'auteure car même si la fin est décevante, son style est quand même enthousiasment !

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  6. Comme le dit Lili, j'étais moi aussi très enthousiaste et puis, je suis ressortie déçue de ma lecture de "Monstrueux" à cause d'une fin un peu décevante.

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    1. Oui ca à l'air malheureusement d'être une caractéristique de l'auteure :(

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