lundi 20 août 2012

Casanova et la femme sans visage d'Oliver Barde-Cabuçon

Avant-propos : samedi matin, je parlais avec Minou sur facebook et une heure après en me promenant à la bibliothèque, je tombe sur ce livre (dont je n'avais jamais entendu parler), parfait pour son challenge Badinage & libertinage. Hop, je l'ai tout de suite commencé et l'ai fini dans la journée.
[Quelle sublime couverture !!!!].

Résumé de l'éditeur : Après avoir sauvé Louis XV de la mort lors de l’attentat de Damiens, et malgré son peu de goût pour la monarchie, le jeune Volnay obtient du roi la charge de “commissaire aux morts étranges” dans la police parisienne. Aidé d’un moine aussi savant qu’hérétique et d’une pie qui parle, Volnay apparaît comme le précurseur de la police scientifique, appelé à élucider les meurtres les plus horribles ou les plus inexpliqués de son époque. Epris de justice, c’est aussi un homme au passé chargé de mystère, en révolte contre la société et son monarque qu’il hait profondément. Lorsque, en 1759, le cadavre d’une femme sans visage est retrouvé dans Paris, Volnay doit conduire une enquête sur le fil du rasoir avant que le meurtrier ne frappe de nouveau. Surveillé de près par Sartine, le redoutable chef de la police qui voit d’un mauvais œil ce policier hors normes, Volnay, aidé à cette occasion par le libertin Casanova en personne et une jeune aristocrate italienne tournée vers les sciences et le progrès, remonte la piste d’un crime qui pourrait impliquer la Pompadour et Louis XV lui-même. Mais entre des alliés incertains et des adversaires redoutables, à qui le commissaire aux morts étranges peut-il se fier ? Des intrigues de la Cour de Versailles à la mystérieuse maison du Parc-aux-Cerfs, Casanova et la femme sans visage restitue avec une stupéfiante justesse, dans l’atmosphère si particulière de l’époque, les étonnants personnages que sont Louis XV, la marquise de Pompadour, Casanova et la figure énigmatique du comte de Saint-Germain, et inaugure une série policière des plus prometteuses.

Mon avis : Le début du livre s'ouvre sur une scène de crime. Une jeune femme a été retrouvée morte en pleine rue, le visage arraché. Parmi les premiers sur les lieux se trouve le chevalier de Volnay, commissaire aux morts étranges (par étranges, il faut entendre inhabituelles et non pas surnaturelles). Celui-ci prend en charge la direction de l'enquête et reproche au premier policier arrivé sur les lieux d'avoir saccagé les indices en les piétinant. J'ai eu un peu l'impression de me retrouver dans un épisode des experts, mais après quelques recherches, j'ai découvert que le terme de médecin expert a été utilisé pour la première fois sous Henri IV, que la  première définition du terme médecine légale est parue dans l'Encyclopédie, et que cette discipline est enseignée dès les années 1790. Si cela vous intéresse, je vous conseille d'écouter le passionnant numéro de la concordance des temps "Sur la scène de crime : expertise et médecine légale" avec Michel Porret où il évoque l'histoire de la médecine légale, le rôle du médecin expert Antoine Louis dans l'affaire Calas, la fin de la sorcellerie et bien d'autres choses encore. Donc le début du roman est beaucoup moins anachronique qu'il n'y paraît aux premiers abords (j'avoue ma méconnaissance totale de l'histoire de la médecine légale).
La description du Paris de Louis XV est plutôt plaisante, on se promène allègrement du palais de Versailles jusqu'au Châtelet. Par contre, fervents adeptes du monarque, passez votre chemin, c'est ici la légende noire du souverain qui est mise en avant, il est présenté comme un être froid, apathique, qui s'ennuie perpétuellement et qui est à peine distrait par les très jeunes filles qu'il met dans son lit dans son lupanar  organisé par la Pompadour au Parc-aux-Cerfs (dont l'ampleur réelle, voire même l'existence est discutée par les historiens, mais il faut avouer que c'est hautement romanesque).
Au niveau de l'intrigue policière, la résolution est assez intéressante, on ne peut pas vraiment dire qu'on pouvait s'y attendre et tout trouve une explication logique. Ce qui m'a moins plu, c'est que l'on se trouve plongé dans une théorie de la conspiration, qui met en avant plusieurs organismes ou sociétés secrètes (tels les Francs-maçons) et j'avoue que je ne suis jamais séduite par ce type de sujet. J'aime les complots, mais pas particulièrement les conspirations contre l'Etat (même si j'ai aimé la réflexion sur la façon de faire tomber la monarchie). Dans le livre, on assiste aussi à la lutte entre la Raison et la superstition, même ceux qui font des recherches scientifiques en essayant de développer des théories et en ayant recours à l'expérience, continuent à se laisser séduire par des aspects plus magiques comme la recherche de la pierre philosophale ou de l'elixir de Jouvence. J'aime particulièrement cet aspect dans les livres, quand la rationalisation tente de laisser de côté les croyances, mais où l'ensemble se côtoie au final encore fortement.
Quant aux personnages, certains m'ont laissée un peu perplexe, à commencer par le chevalier de Volnay. Celui-ci commence par tomber amoureux en 2 minutes alors qu'il est présenté comme un être froid et rationnel. Par contre, j'ai aimé qu'il soit réputé incorruptible alors qu'en fait, son attitude est beaucoup plus fine et tendancieuse que cela. Mais, j'ai trouvé son comportement ridicule à la fin.
De même pour le personnage de Chiara. Je l'ai bien aimée, elle est assez énigmatique, mais elle a parfois des réactions assez enfantines, alors qu'elle est supposée être une personne rouée.
Par contre, j'ai apprécié le personnage du moine, dont on ne sait pas qui il est réellement, qui maîtrise l'art du combat tout autant que les plus théories scientifiques.
Et Casanova me direz-vous ? Je garde le meilleur pour la fin. Olivier Barde-Cabuçon nous en livre un magnifique portrait. Il réussit à rendre son côté séducteur sans jamais tomber dans la lourdeur (par exemple, il ne tombe pas dans l'écueil de nous décrire en détails ses parties fines, même si elles sont évoquées). Le personnage est intrigant dans tous les sens du terme. Mais, l'auteur ne cache pas les petites escroqueries auxquelles se livre le vénitien, au contraire, il nous présente toute la complexité du personnage qui, il faut bien l'avouer, est fascinant. Et j'ai été bluffée au moment de la résolution de l'intrigue par quelque chose que je n'avais pas du tout vu venir le concernant.

En quelques mots : même si ce n'est pas un coup de coeur et que je lui ai trouvé quand même quelques défauts, cette lecture fut agréable. Je trouve que ce livre devrait être plus connu. Personnellement, je suis tombée dessus par hasard, sinon je n'en avais jamais entendu parlé (il est paru en février de cette année). Je lirai la suite des aventures quand elle sera publiée. En attendant, ça m'a bien donné envie de ressortir mes Jean-François Parot, surtout qu'on y croise aussi de Sartine.

Première participation au challenge Badinage et libertinage chez Minou a lu 
dans la catégorie les nostalgiques 

   Participation au challenge histoire chez Falaise Lynnaenne

Participation au challenge Petit Bac chez Enna, 
 catégorie personne connue






10 commentaires:

  1. Merci d'avoir inauguré la catégorie des nostalgiques !
    Personnellement, je n'aime pas les policiers, même historiques, donc je passe mon tour, mais ce que tu dis de la médecine légale me surprend et m'intéresse. J'ignorais que ce terme était aussi ancien. Je suis aussi curieuse face à ce portrait de Casanova si réussi. ;)

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    1. Argh j'adore les policiers et les policiers historiques ;-)
      Moi aussi ca m'a étonnée pour la medecine légale, je me suis dit, ca y est encore un qui surfe sur la vague des experts mais en fait pas du tout !
      Je ne suis pas une experte sur Casanova, j'ai lu un numéro d'Historia sur lui (d'ailleurs il faudrait que je le retrouve) mais je pense que l'auteur arrive à le restituer de manière assez complexe.

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  2. Je ne suis pas tentée plus que ça donc je ne note pas, trop de choses à lire déjà !

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    1. Ah je comprends bien le trop de choses à lire ! Mais ce mois-ci j'ai décidé de ne pas m'acheter de livre (et pour l'instant je m'y tiens :o) donc j'aime errer à la biblio et tomber sur des livres dont le titre ou la couverture me saute aux yeux !

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  3. "Casanova et la femme sans visage" a été sélectionné en 2012 pour le grand prix des maisons de la presse et pour le prix Landerneau polar 2012.

    Sorene

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  4. Merci pour le lien sur la médecine légale ! Même si je suis intriguée par la présence de Casanova dans ce polar ( j'avais vu un reportage sur lui et c'est plus une figure d'aventurier que j'y ai vu en plus de celle plus traditionnelle de séducteur...), ce polar ne m'attire pas plus que ça.

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    1. J'ai écouté toute l'émission et elle est franchement éclairante tout en restant simple d'accès.
      Oui Casanova a eu une vie beaucoup plus riche que l'image traditionnelle ne donne de lui.
      On ne peut pas être attirée par tout, on a déjà assez de tentations comme çà ;-)

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  5. C'est bien que tu en parles. D'un autre côté, il y a tellement de bouquins à lire et la rentrée littéraire qui débute ... bouh !

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    1. Oui je sais la vie est dure ;-) Moi je me contente des sorties en poche question de budget et de place donc ca limite déjà un peu, mais malgré ca je pense que j'ai déjà assez de lectures pour 10 ans facilement !

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