Résumé de l'éditeur : L'Héritage d'Esther, publié en 1939, rassemble en un bref récit tout ce qui fait l'art de Marai. Retirée dans une maison qui menace ruine, engourdie dans une solitude qui la protège, une femme déjà vieillissante voit soudain resurgir le seul homme qu'elle a aimé et qui lui a tout pris, ou presque, avant de disparaître vingt ans plus tôt. La confrontation entre ces deux êtres complexes - Esther la sage, ignorante de ses propres abîmes et Lajos l'insaisissable, séducteur et escroc - est l'occasion d'un de ces face à face où l'auteur des Braises et de La Conversation de Bolzano excelle. Un face à face où le passé semble prêt à renaître de ses cendres, le temps que se joue le dernier acte du drame, puisque "la loi de ce monde veut que soit achevé ce qui a été commencé."
Mon avis : Ce court roman est la confession d'Esther, femme de 45 ans, qui nous raconte comment un certain Lajos a influencé sa vie. Il a disparu 20 ans auparavant (on ne sait pas vraiment pourquoi au départ) et annonce son retour dans une lettre, presque comme s'ils s'étaient quittés la veille.
Esther essaye de nous dire que le passé est oublié, que sa visite n'a pas d'importance, mais on comprend à travers ce qu'elle dit qu'elle n'a jamais vraiment oublié cet homme qui l'a pourtant trahie et dépossédée d'une partie de son argent.
Lajos est un personnage fascinant : séducteur et menteur, personne ne semble avoir résisté à son charme à commencer par la propre famille d'Esther où il avait été accueilli à bras ouverts.
Esther va-t-elle réussir à résister cette fois-ci ou bien va-t-elle succomber une fois de plus aux belles paroles de Lajos ?
Le style de Marai m'a emportée dès la première page. Les sentiments d'Esther sont décrits tout en pudeur. Elle ne se livre jamais vraiment. On a l'impression que le temps s'est arrêté pour elle il y a 20 ans et qu'elle ne s'est jamais vraiment remise de ce qu'il s'est passé.
Sa vie semble avoir été une lutte entre la raison (ne pas tomber dans le piège de Lajos) et sa passion pour cet homme.
Il n'est pas facile de décrire un personnage comme celui de Lajos sans nous le rendre antipathique. On sait qu'il ment, on a lu son portrait dressé par Esther avant de le rencontrer et pourtant, le personnage de Lajos réussit à nous séduire par ses beaux discours.
C'est aussi une réflexion sur les occasions manquées, les opportunités qu'ils n'ont pas saisies et qui viennent les hanter plus tard, tout en ne sachant pas si cela aurait bouleversé leur vie.
Le choix d'Esther m'a semblé assez dur à accepter sur le moment, mais en y réfléchissant, je la comprends.
J'ai trouvé la fin très cruelle, mais il n'aurait pas pu en être autrement. On peut l’interpréter de plusieurs manières
Spoiler:
En quelques mots : Je suis tombée sous le charme de cet auteur et je compte découvrir beaucoup d'autres de ses romans (j'en ai déjà deux autres dans ma PAL dont Libération qui raconte l'entrée de l'Armée Rouge dans Budapest qui me tente énormément).
Je le conseille aux amateurs de Zweig, surtout pour ses thématiques autour de l'amour passion, de l'amour déçu et du temps qui passe inexorablement .
J'aime beaucoup Zweig ! Je ne peux donc que noter cet auteur !
RépondreSupprimerJe pense qu'il te plaira ! Il suffit de lire la 1e page pour savoir si on aime ou pas...
SupprimerUn écrivain qu'on m'a conseillé depuis longtemps mais que je n'ai toujours pas lu, je note ce titre en tout cas !
RépondreSupprimerJe ne peux que te le conseiller à mon tour !
Supprimerj'e vous conseille de lire aussi Le Premier Amour de Sandor Maraï. C'est un auteur que j'aime beaucoup aussi tout comme Zweig.
RépondreSupprimerMerci du conseil :-) Il se trouve que c'est l'autre livre de Marai qui est dans ma PAL.
SupprimerJe ne suis pas sûre que ce soit pour moi, j'ai toujours du mal à comprendre les personnages de Zweig.
RépondreSupprimerAlors je ne te le conseille pas parce que la décision de l'héroïne est assez difficile à comprendre.
SupprimerJe rejoins tout à fait tes impressions, j'ai moi aussi été emportée par le style et cette présentation des personnages tout en pudeur, en leur laissant quelques ombres, de même qu'à l'intrigue. Je trouvais la fin plus ouverte que toi, mais en relisant la première page, je crois que tu dois avoir raison quant à l'issue...
RépondreSupprimerC'est bien d'avoir plusieurs interprétations. Je n'aime pas particulièrement les livres à fin ouverte, c'est peut-être pour cela que je me suis fixée sur cette fin tragique en particulier. Mais je pense tout de même que la clé se trouve au début. J'aime d'ailleurs assez les romans qui forment une boucle (comme Rebecca par exemple).
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