dimanche 20 janvier 2013

L'Attrape-coeurs de JD Salinger

Avant-propos : Comme vous avez pu le constater, j'ai, depuis quelque temps,  une certaine envie de lire des romans "incontournables". J'ai donc profité d'une LC et du challenge Oh, I love New York sur Whoopsy Daisy pour enfin lire L'Attrape-coeurs.

Mon résumé : Holden Caulfield, 17 ans, se fait renvoyer de la prestigieuse Pencey Prep car il a échoué à ses examens. Il nous raconte ses derniers jours à Pencey puis son retour à New York peu avant Noël. Il nous précise qu'il se trouve actuellement dans un endroit spécial, sans nous dire lequel.

Mon avis : Roman culte de plusieurs générations d'américains, cité a de multiples reprises dans des films et des séries, j'ai toujours voulu découvrir ce livre, sans toutefois être vraiment attirée par son sujet.
D'ailleurs, j'avais bien raison car les errements d'Holden Caulfield ne m'ont pas passionnée en eux-mêmes. Holden est l'américain typique, fils de bonne famille, délaissé par ses parents, en échec scolaire pour se faire remarquer car il est loin d'être bête, comme on en a vu des dizaines ces dernières années. Mais, j'ai trouvé cette lecture intéressante car Holden Caulfield est le premier, c'est à partir du succès de L'Attrape-coeurs que ce profil-type a inondé la littérature et le cinéma américains. 
Holden est un personnage attachant, même s'il peut être assez énervant. Menteur pathologique, immature, vantard, on a souvent envie de lui remonter les bretelles (et plus encore). Mais, il est aussi touchant par certains côtés : son attachement à ses frères et en particulier à sa soeur Phoebe (ce qui donne de jolies scènes quand ils se retrouvent), ses rencontres avec des bonnes soeurs ou bien de jeunes enfants au musée, son côté complètement perdu.
Holden est un adolescent sans repères. Il reproduit ce qu'il croit être le comportement des adultes : il boit jusqu'à l'ivresse, accepte les services d'une prostituée... D'un autre côté, il idéalise l'enfance. Il ne sait pas comment se comporter par rapport aux personnes, fantasme d'ailleurs sur le fait de se réfugier dans une cabane au milieu de nulle part (ce que d'ailleurs Salinger a fait) et est obsédé par l'idée de sa propre mort qu'elle soit accidentelle ou qu'il la provoque lui-même. Les thèmes sont donc extrêmement noirs.
C'est aussi de par son style oralisé, parfois vulgaire, que le livre a provoqué des polémiques à sa sortie. Je dois dire que cet aspect m'a dérangée car j'ai lu le livre en français. Je ne reproche rien à la traductrice qui a fait ce qu'elle a pu, mais je regrette vraiment de ne pas avoir lu le livre en anglais. J'avais peur de ne pas comprendre tous les termes d'argot, résultat, il y en a même un que je n'ai pas compris en français (vous savez ce que signifie "pageot"? J'ai fini par comprendre par le contexte mais j'ai eu du mal). J'en avais assez des bicause (avec le i), des "et tout" à chaque fin de phrase. J'avais surtout l'impression de voir de l'argot des années 80 (date de la traduction) et non pas des années 50 (date de la publication).
Enfin, je n'ai pas aimé ne pas connaître le sort d'Holden. On apprend certes où il se trouve, mais on ne sait pas ce qui lui arrive après. Et je n'aime pas ce genre de fin ouverte quand on a passé autant de temps avec les personnages.

En quelques mots : Je comprends mieux pourquoi le livre a pu choquer et en même temps devenir culte. Même si aujourd'hui le thème de l'adolescent sans repères au comportement auto-destructeur est un thème éculé, il n'en demeure pas moins que c'est L'Attrape-coeurs qui a ouvert la voie à ce type de littérature. Je le lirai en anglais si j'en ai l'occasion car il perd sans aucun doute de sa force lors de la traduction.

En plus : Je vais enfin pouvoir lire Et devant moi, le monde de Joyce Maynard (auteure de Prête à tout, notamment) qui raconte sa relation avec Salinger et qui a provoqué un scandale lors de sa parution car elle a osé "s'en prendre" au mythique auteur, alors qu'en réalité ce qu'elle a écrit confirme les propos de la propre fille de Salinger.


Première participation au challenge Gilmore Girls chez Touloulou

Participation au challenge Oh, I love New York sur Whoopsy Daisy 




16 commentaires:

  1. Je t'encourage vivement à le relire en VO. Je l'ai découvert en terminale en anglais et ça a été une révélation pour moi :p
    J'ai très envie moi aussi de découvrir Joyce Maynard ("Et devant moi, le monde" bien sûr mais aussi "Labor Day" qui est en ce moment même en train d'être adapté au cinéma avec Kate Winslet)

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    1. Oui je pense que je le ferai s'il sort un jour en ebook (un comble qu'il n'y soit pas d'ailleurs!). Je pense aussi que je n'ai pas l'âge approprié, j'aurais sans doute plus été marquée effectivement vers 17-18 ans.
      J'avoue que je n'ai fait que voir Prête à tout, mais j'aimerais bien le lire un jour. Je vais me renseigner sur Labor Day, j'ai loupé l'info !

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  2. Je l'ai lu et je n'ai pas un énorme souvenir e qui n'est pas bon signe en général. Bises

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    1. Il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup d'évènements auxquels se raccrocher. C'est plutôt une errance à travers la ville, des rencontres et des états d'âme.

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  3. Je l'ai lu, je crois, dans une traduction plus ancienne, beaucoup plus convaincante (car plus proche des tours de langage des années 50). J'ai souvent eu envie de le relire, mais ce roman reste tellement lié pour moi à une époque (j'avais grosso modo l'âge du narrateur) que j'aurais peur en quelque sorte de commettre un sacrilège.

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    1. Je te comprends bien quand on a un souvenir aussi fort d'un livre, c'est parfois dur de le relire. Oui il y a bien une traduction qui date des années 50 est qui a été faite par Sébastien Japrisot (sous son vrai nom).

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  4. Ouh là, ce que tu indiques sur le traduction semble donner au roman un côté ringard qu'il n'a pas du tout en VO!
    Si comme toi je me suis un peu perdue dans les errances du narrateur, je me rappelle en revanche avoir trouvé certains passages absolument hilarants (notamment sa description des garçons de Pency Prep). J'ai aussi été extrêmement touchée par la part d'innocence contenue dans l'invention du "catcher in the rye", à partir des vers mal compris du poème de Robert Burns.
    C'est assez triste, finalement, cette histoire d'un ado qui souffre de grandir, qui ne sait pas comment grandir, et qui rêve de sauver les enfants de leur entrée dans le monde adulte...

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    1. Oui je pense que ringard est exactement le terme qui convient ! J'avais peur de la VO mais au final, je pense que j'aurais eu le niveau pour comprendre.
      Je suis d'accord avec ce que tu écris sur l'innocence et le fait de les sauver de l'âge adulte. J'ai aussi été touchée quand il retourne ivre dans Central Park et qu'il n'arrive même plus à trouver le lac, ni les fameux canards...Il y a de bons passages, mais j'attends définitivement la VO pour pouvoir me prononcer !

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  5. J'ai une amie qui adore ce livre et critique de façon véhémente la traduction, elle aussi aime beaucoup plus celle de Sébastien Japrisot, donc ça confirme tes impression sur la trad datée.
    J'ai lu ce roman quand j'avais 16 ans, et je dois dire qu'il m'a marquée. C'est vrai qu'Holden fut le premier "paumé" dans la littérature, il provoque un écho quand on est jeune je trouve.
    Tu verras dans la saison 2 de GG, Jess n'est pas sans rappeler Holden !

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    1. En même temps, je comprends qu'il soit difficile à traduire. Je pense effectivement qu'il doit marquer plus jeune.
      Vivement la saison 2 alors ! (Je sais déjà que Jess c'est Milo <3)

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  6. Je l'ai lu quand j'étais ado et j'ai le même sentiment que Touloulou.

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    1. J'aurais dû le lire plus jeune. Mais à l'époque je lisais déjà les Monk, on ne peut pas tout faire ;-)

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  7. Coucou Shelbylee : Que j'ai aimé ce livre dans mon adolescence! Je n'étais pas choquée par le ton, au contraire je trouvais que c'était une libération de pouvoir faire parler les gens tels qu'ils sont (ici un ado avec ses tics de langage) et non de manière académique. Le personnage est irritant comme tous les ados!!! mais il a des côtés attachants que tu soulignes. A mon avis ce n'est pas un thème éculé mais universel car l'adolescence est un passage "obligé" de la vie. Ceci dit comme je l'ai lu dans les années..euh! autour de 68(?), je me demande si j'éprouverais le même intérêt et si le livre n'a pas vieilli!

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    1. Je pense qu'il devait choquer le parents surtout ^^ Je n'ai pas non plus été choquer par le ton, mais j'ai l'impression que la traduction ne lui donne pas sa pleine mesure.
      Ce qui me semble éculé, ce n'est pas le thème du passage de l'adolescence à l'âge adulte en lui-même, mais plutôt le côté gosse de riche malheureux au comportement destructeur. Il y a des souffrances moins visibles et toutes aussi tragiques. Je pense que tu conserverais quand même tes souvenirs de ta première lecture et donc qu'elle serait agréable tout de même. Je trouve que si la traduction fait vieillotte par moment, le roman garde quand même des aspects très modernes (et c'est tout la force des classiques!)

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  8. On a envie de lui mettre des claques, c'est vrai. Mais j'ai beaucoup aimé découvrir le NY de l'époque !

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    1. C'est vrai que cette plongée dans l'Amérique des années 50 est très intéressante.

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