lundi 2 avril 2012

Lydia Cassatt lisant le journal du matin d'Harriet Scott Chessman

"[Mère] avait l'habitude de la pousser à songer au mariage, à se mettre dans une situation telle que le mariage puisse devenir envisageable pour elle, et May lui répondait toujours avec désinvolture : "Je suis une artiste. Je suis indépendante. C'est le seul moyen pour une femme d'en être une."

"May qui me connaît bien sait qu'au sein de la Nation Cassatt, mon petit domaine personnel est riche de livres semés partout : au creux des troncs d'arbres, sous les buissons couverts de baies, sur les bancs au bord des ruisseaux. Ma maisonnette est constituée de livres : romans anglais et français, et recueils de poèmes à tranche dorée. Moi qui suis tellement sage, qui me dévoue entièrement à la vie familiale, je n'ai plus aucun de sens de la mesure sitôt que je me retrouve dans mon domaine. Je lis des heures durant, souhaitant de tout mon coeur que la muraille qui m'entoure me protège sans faille, qu'aucune main n'en pousse la porte d'entrée, que le loquet de celle-ci soit rongé par la rouille."



Il est des livres que l'on referme à regret, la gorge nouée, triste de quitter ces personnages. Lydia Cassatt lisant le journal du matin est de ceux-là.
Par petites touches impressionnistes, Harriet Scott Chessman dresse sous sa plume le portrait d'une femme si souvent représentée sous le pinceau de sa soeur, l'artiste américaine Mary Cassatt.

L'auteure nous fait partager l'intimité des deux soeurs en choisissant 5 tableaux  représentatifs de 5 moments de leur vie ( l'éditeur a eu le bon goût de les reproduire dans l'édition broché, je ne sais pas si c'est aussi le cas pour l'édition de poche). Mais ce n'est pas la description des tableaux qui fait la force du livre, c'est la peinture de la relation assez fusionnelle entre les deux soeurs Mary, "May", l'artiste indépendante et fière de l'être et Lydia, l'aînée, malade et condamnée par la médecine (je ne révèle rien, on le sait dès les premières lignes).
Malgré sa maladie et sa faiblesse physique, Lydia va accepter de poser pour sa soeur et cela va même devenir un besoin impérieux pour elle, la fatiguant et la soulageant à la fois. Par l'intermédiaire de ces tableaux, leur relation va s'approndir. May parvient à exprimer par la peinture ce dont elle ose à peine parler. Quant à Lydia, elle est extrêmement touchante car elle nous fait partager ses souvenirs, ses regrets et sa solitude au crépuscule de sa vie.

En toile de fond, l'auteure nous livre aussi un portrait de Degas (ami de Mary Cassatt) dont elle fait un personnage intrigant, charmeur et charismatique. Cela m'a donné envie de découvrir d'avantage son art à l'heure où il est à l'honneur au musée d'Orsay.

Je n'ai pas été particulièrement séduite par les descriptions des tableaux, mais je pense que c'est tout bonnement parce que je ne suis pas une grande fan du mouvement impressionniste.

En résumé : Un petit livre qui se lit très vite (j'ai mis moins de 2 heures alors que je lis plutôt lentement) mais très précieux par les relations qu'il dépeint entre les 2 soeurs Cassatt. La peinture n'a en fait qu'un rôle de révélateur des sentiments, donc ne passez pas à côté de ce livre, même si vous n'êtes pas particulièrement intéressé par le mouvement impressionniste.

Pour se quitter en beauté, voici un tableau que Degas a réalisé avec les 2 soeurs pour modèles (Lydia est assise, Mary debout)  et qui est décrit dans le livre.





Ce billet entre dans le cadre du challenge Petit Bac 2012 organisé par Enna dans la catégorie "objet"

4 commentaires:

  1. Effectivement ce livre a l'air tout à fait charmant et j'ai très envie de le découvrir après avoir vu les tableaux de Mary Cassatt au Metropolitan. Tu n'aimes pas peinture impressionniste? Pourquoi?

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    1. J'adore compléter mes visites dans des musées par des lectures, donc c'est pour cela que je me suis permise de te le conseiller vivement, surtout que l'auteur a fait un certain nombre de recherches sur la vie de Mary Cassatt. Alors je vais essayer de faire court pour te répondre au sujet de la peinture impressionniste. Déjà, j'aime quand même l'art de toutes les périodes. J'ai vu l'expo Paris au temps des impressionnistes et je l'ai aimée. Mais j'ai quand même une préférence marquée pour la période qui s'étend de la Renaissance jusqu'aux symbolistes. En gros, dès que les contours deviennent trop flous, j'aime moins. J'aime quand le dessin est marqué, quand les artistes tentent de représenter le réel ou un réel sublimé. De toute façon, je compte faire régulièrement des rubriques sur l'art, dresser mon espèce de musée imaginaire donc je pourrai repréciser un peu plus tout cela, car je n'ai pas assez de place dans les commentaires, pour pouvoir bien expliquer.

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  2. Personnellement j'aime beaucoup de styles différents dans dans l'art sauf peut-être certains moments du XVIII et XIX français.

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    1. Il faut vraiment que je mette en place une rubrique sur l'art, comme cela on aura tout loisir d'en discuter ;)

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