dimanche 10 janvier 2016

Le manuscrit perdu de Jane Austen de Syrie James


On sait bien quand on décide de lire une austenerie que l’on peut tomber sur tout et n’importe quoi. À chaque fois, je dis qu’on ne m’y reprendra plus et à chaque fois, je craque. Ce fut le cas pour celui-ci. J’avais dit que j’attendrais de le trouver d’occasion et puis, au détour du rayon livre de mon supermarché, j’ai craqué et je l’ai acheté. Mais je dois dire que cela a été plutôt une bonne surprise par rapport à d’habitude.

Le livre raconte l’histoire de Samantha McDonough qui découvre, dans un livre acheté d’occasion, une lettre de Jane Austen. Celle-ci évoque un manuscrit qu’elle aurait perdu. Samantha se lance donc à sa recherche. Jane évoque le fait qu’il a disparu à Greenbriar dans le Devon. Samantha se rend dans cette demeure et convainc le jeune (et accessoirement beau) propriétaire de fouiller la maison pour retrouver le manuscrit.
Cette recherche du manuscrit prend environ 70 pages. Elle n’est pas désagréable car l’auteur connaît bien Jane Austen et son époque. Par exemple, il y a de nombreuses références à la littérature de l'époque en particulier à La Quichotte femelle de Charlotte Lennox (ouvrage que je ne connaissais pas).

Mais, ce qui m’a vraiment séduite dans cet ouvrage est le fameux manuscrit perdu qui est retrouvé et qui compose la majorité du livre puisqu’il fait entre 300 et 350 pages (coupé par quelques interludes sur lesquels je reviendrai).
Ce manuscrit s’intitule les Stanhope. Il raconte l’histoire de Rebecca Stanhope, jeune fille qui nous rappelle sans conteste les héroïnes austeniennes par sa vivacité d’esprit, par sa bonté, mais aussi parfois par son manque de jugement par rapport à certaines personnes. Son père, pasteur du petit village d’Elm Grove, doit aller acheter de nouvelles cloches pour l’église. Il s’arrête dans une auberge, mais le lendemain matin, il découvre que la somme difficilement réunie par ses paroissiens lui a été dérobée pendant la nuit. Meurtri, il retourne dans sa paroisse et propose sa démission. Son protecteur, Lord Percival, l’accepte. Il considère que Monsieur Stanhope s’est mal conduit car il a joué aux cartes à l’auberge et il l’accuse presque d’avoir joué l’argent des paroissiens. Lord Percival s’empresse ensuite de donner la place vacante à son neveu, Philip Clifford.
Rebecca et son père sont donc contraints de partir. Ils se rendent chez la fille aînée du pasteur, Sarah et tentent de s’adapter à leur nouvelle vie.

Je ne me prononcerai pas sur le style de Syrie James puisque j’ai lu la version française mais il me semble tout de même meilleur que ce que l’on peut lire habituellement.
J’ai surtout été séduite par la façon dont Syrie James a réussi à assimiler les situations et les types de personnages austeniens, tout en créant une intrigue qui lui est propre.
Les promenades, les visites, les repas, les bals, les lettres jouent un rôle essentiel dans ce livre et sont décrits avec précision tout en faisant avancer l’intrigue. Dans la galerie des personnages, on retrouve un jeune premier séduisant au premier abord, un homme plus discret qui se révélera plus tard, une sœur affectueuse, un père sympathique mais un peu inconséquent au niveau financier, un personnage très pompeux mais drôle, une douairière donneuse de leçons, une amie qui va se révéler très égoïste… ces personnages sont éminemment austeniens tout en ayant leur propre caractère. Si l’avenir des héros masculins est très facile à deviner, j’ai eu quelques bonnes surprises grâce à des retournements de situation que je n’ai pas vu venir. Il y a aussi quelques quiproquos qui entraînent des scènes réjouissantes grâce à des méprises (notamment une scène de demande en mariage ratée qui est vraiment drôle). C’est aussi l’un des points positifs de ce roman. D’habitude, les auteurs d’austeneries  se concentrent sur les histoires d’amour au détriment de l’humour et des relations sociales mais, ce n’est pas le cas ici. De plus, il n’y a rien d’extravagant. Par exemple, le mystère de l’argent disparu sera résolu d’une manière simple mais pleine de bon sens. Seul peut-être le départ de Bath ressemble plus à du Dickens qu’à du Jane Austen.

Comme je l’ai dit plus haut, le manuscrit est tout de même entrecoupé de quelques interludes contemporains qui ne sont pas forcément très intéressants, voire parfois un peu maladroits, notamment quand l’héroïne commente le manuscrit puisqu’elle dit qu’il ressemble vraiment au style de Jane Austen alors que l’on sait bien que c’est Syrie James qui l’a écrit. Cela donne la désagréable impression que l’auteur s’envoie des fleurs. En même temps, vu que l’intrigue tourne autour d’un manuscrit inédit, cela semble logique que les héros donnent leurs impressions sur le style, mais cela manque un peu de subtilité.
Je regrette aussi que la fin de l’intrigue tourne beaucoup autour de l’argent (c'est quasiment le cas dans toutes les austeneries américaines que j’ai lues). L’histoire d’amour contemporaine semble aussi très artificielle puisque, comme souvent dans ce type d’ouvrage, les héros tombent amoureux en deux jours.

Il y a une certaine continuité par rapport aux autres oeuvres de Syrie James puisqu’elle a écrit un livre intitulé The lost memoirs of Jane Austen (non traduit) qui raconte la découverte d’un coffre avec les mémoires de Jane Austen. Cette intrigue est évoquée dans ce roman et il me semble que le personnage du professeur spécialiste de Jane Austen soit le même que dans celui du premier livre.

Au final, j’ai passé un très bon moment avec ce livre. Je pense que je relirai sans aucun doute la partie qui correspond au manuscrit et que je sauterai peut-être la partie contemporaine.

Je ne sais pas si Milady va traduire les autres ouvrages de Syrie James consacrés à Jane Austen, mais ils vont publier en mars en grand format Le journal secret de Charlotte Brontë, que je lirai sans doute quand il sortira en poche.

En tout cas, c'est la meilleure austenerie que j'ai lue en 2015, les autres étant Darcy what else ? de Teri Wilson et De Darcy à Wentworth de Sybil Brinton (pas de billet). 

Il me reste encore quelques austeneries dans ma PAL (au moins celles-là je les ai toutes achetées d'occasion). Le cadre Mr Collins était un cadeau de Syl. 




Je participe au challenge A year in England chez Titine. 


12 commentaires:

  1. J'ai justement The Lost Memoirs of Jane Austen dans ma PAL (et j'ai aussi The secret diaries of Charlotte Brontë) et d'ailleurs au début de ta chronique j'ai cru que tu parlais de ce livre-là et je me disais que j'allais en faire ma prochaine lecture, vu que je suis dans une période austeneries... Mais je vais quand même lire The Lost Memoirs du coup, ça sera l'occasion de le sortir enfin de ma PAL :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai cru aussi que je lisais The lost, parce qu'ils n'ont pas associé le bon bouquin sur goodreads. Oui ce sera l'occasion ! Après, elle invente une romance à Jane Austen dans The lost alors ça ne doit pas faire le même effet. Là au moins ce sont des personnages que l'on ne connaît pas.

      Supprimer
  2. bon, avant d'entamer les austeneries, je vais continuer ma quête austenienne : Emma et Raison et sentiments (et ce sera tout pour les romans !) Bises

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui profites-en ! Il ne me reste plus que Sanditon, son roman inachevé. Mais je le garde encore un peu de côté. Bises.

      Supprimer
  3. Depuis ce matin j'essaie tout pour te laisser un message ! Je le fais de ma nouvelle tablette. Mais je ne peux le faire qu'en anonyme... Donc, je te disais que j'avais eu des déceptions sur des austineries. Alors je ne Veux plus tenter l'expérience. Bise . Syl.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En anonyme, c'est toujours mieux que rien! Je te comprends, j'ai été déçue aussi, mais je suis moins raisonnable que toi ;-)

      Supprimer
  4. Je ne suis pas très fan des austeneries qui sont souvent calamiteuses mais je note que tu as trouvé celle-ci sympathique.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu verras l'avis d'Emjy (vu que c'est moi qui l'ai poussé à l'acheter^^), s'il rejoint le mien, tu pourras tenter !

      Supprimer
  5. Je l'ai vu à la librairie mais je n'ai pas osé le prendre... vu le nombre de livres que j'ai déjà !!!

    RépondreSupprimer