mercredi 9 octobre 2013

Meurtre en la majeur de Morley L. Torgov (Inspecteur Preiss, Tome 1)



Avant-propos : La musique classique est un domaine où mes connaissances sont inexistantes assez limitées. Non pas que cela ne m'intéresse pas, mais je n'ai jamais pris le temps ni eu l'occasion de me pencher sur le sujet. Et j'ai une particularité très bizarre : je n'arrive pas à retenir un air qui n'est pas associé à des paroles (alors que j'y arrive très bien pour les airs où il y a des paroles et que je suis bonne au blind test...).
Malgré mon peu de connaissances, je tourne autour de ce livre depuis sa sortie en poche et j'ai fini par l'emprunter à la bibliothèque. Il nous entraîne dans le monde des virtuoses allemands et austro-hongrois du XIXe siècle.

Mon résumé : Robert Schumann est à la tête de l'orchestre de Düsseldorf  mais il est perturbé par une note qu'il entend régulièrement. Ses proches pensent qu'il perd la tête, mais l'inspecteur Preiss va écouter le maestro et se lancer à la recherche de ce "la" qui rend fou.

Un inspecteur mélomane et pince-sans-rire.
Sincèrement, si ce n'était pas précisé que l'intrigue se passait au XIXe siècle (et si je ne connaissais pas les artistes), je ne suis pas sûre que je l'aurais remarqué vu les caractéristiques assez modernes de l'inspecteur Preiss. Véritable self-made man, il a quitté sa campagne natale pour devenir policier. Il s'est éduqué lui-même et a développé un goût sûr pour la musique classique. Il entretient d'ailleurs des amitiés dans ce milieu (et notamment une amitié particulière avec une violoncelliste qui m'a semblé un peu trop libre pour le XIXe) ce qui lui permet de rencontrer des gens haut placés. L'inspecteur a un humour assez particulier, une certaine irrévérence face à sa hiérarchie et du culot en toute situation, ce qui fait que je n'ai pas encore réellement déterminé si je l'apprécie plus qu'il ne m'exaspère. Surtout qu'il s'est permis un petit arrangement avec sa conscience qui m'a laissée perplexe. L'intrigue policière est toutefois originale au départ puisqu'il s'agit de partir à la recherche d'une note, pour devenir ensuite plus traditionnelle avec la résolution d'un meurtre.

Düsseldorf, ton univers impitoyable...
Bienvenue à Düsseldorf, destination littéraire exotique s'il en est où mensonge, trahison, adultère et meurtre sont au programme. Tout ceci en compagnie des compositeurs germanophones les plus chevelus hypes célèbres du XIXe siècle c'est-à-dire Robert Schumann et sa femme Clara, leur ami très proche Johannes Brahms et leur rival Franz Liszt (Wagner est seulement évoqué, il sera le pivot du tome 2). L'ascension des uns provoque la chute des autres (sans compter que Schumann se savonne bien la planche tout seul). On découvre l'ébullition créatrice qui existe à cette époque et l’événement que représente la venue de Liszt dans la ville et dans la maison même des Schumann (où il se comporte d'ailleurs comme un mufle). Tandis que Robert s'enferme dans sa folie, Clara qui n'est "que" concertiste tente de maintenir le train de vie de sa nombreuse famille en se produisant sur scène. Brahms, quant à lui commence à faire parler de lui. Les oppositions de style et les rivalités semblent bien présentées (mais j'avoue que je peux difficilement porter un jugement dessus). En tout cas, elles sont distrayantes.

Des musiciens un brin déconcertants
Je ne les connais que de noms et de réputations, mais quand même j'ai été un peu déconcertée par les attitudes et les actions de certains des personnages principaux. Clara Schumann m'est apparue comme une femme extrêmement froide, parfois très dure (et injuste) envers son mari et pas seulement à cause de sa relation avec Brahms (qui a le bon goût de rester quand même un peu ambiguë), mais aussi dans la vie de tous les jours. Elle ne le croit par exemple pas du tout quand il lui dit entendre un son et ne cesse de le réprimander comme un enfant ou carrément de dire qu'il est fou. Je l'imaginais quand même plus proche de lui et plus admirative d'autant plus qu'elle ne s'est jamais remariée. Mais, il est vrai que la vie avec le virtuose devait être fatigante.
Passons aussi sur la réputation d'étalon de Liszt et de ses 1000 conquêtes.
Ce qui m'a surtout dérangée est le fait que le coupable se trouve parmi ces figures historiques. Je sais bien que c'est une fiction, mais quand on évoque des personnes qui ont existé, j'aime quand même que l'on reste dans le domaine du plausible. Et pour moi, le fait que l'un d'entre-eux ait commis un meurtre fait quand même entrer cet ouvrage dans la science-fiction et je trouve cela un peu dommage.

En quelques mots : Si ça ne me gêne pas qu'on prenne quelques libertés avec des personnages historiques, je trouve ici qu'ils ont été un peu malmenés. L'enquête policière en elle-même est plausible, mais son coupable pas du tout. L'ensemble est tout de même assez plaisant si on fait abstraction des personnages historiques, mais à mon avis si vous êtes un connaisseur, le livre risque de vous faire grincer des dents...

Maintenant, j'ai envie :

  • de lire la suite malgré tout
  • d'écouter des morceaux des compositeurs
  • de lire un autre roman consacré au couple Schumann : il s'agit d' Une étrange histoire d'amour écrit par Luigi Guarnieri et dont Claire avait parlé ici
Contrairement à ce que l'on pourrait supposer l'auteur est canadien d'où ma première participation au challenge littérature du Commonwealth ! 


16 commentaires:

  1. dommage en effet car sinon la période était passionnante

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    1. Oui je trouvais cette reconstitution et cette histoire intéressante jusqu'au dénouement final...

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  2. J'avais lu Le maître chanteur de Minsk du même auteur, un peu de mal à y entrer...

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    1. Je me souviens de ton billet. Je pense que je le lirai quand même, j'ai du mal à ne pas lire les suites des séries !

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  3. Tout me disait dans ce roman: la période, le lieu, le milieu des mélomanes. Mais je n'aime pas trop cette façon de jouer avec les personnages historiques, sauf si c'est bien fait et qu'il s'agit de jouer à surprendre le lecteur. Bref, je ne sais pas si cela vaut le coup de tenter l'expérience avec ce roman.

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    1. Je pense que si tu veux du divertissement très léger, tu peux tenter l'expérience. C'est en effet dommage de gâcher un tel sujet. Le lecteur est surpris, mais pas dans le bon sens...

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  4. Je ne suis pas sûre que le milieu dans lequel se déroule l'histoire me passionne vraiment.

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    1. Sur la 4e de couverture, ils comparent les compositeurs de l'époque à des rock stars^^ Ca me changeait un peu de tout mes romans sur Londres, mais il faut être attiré.

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  5. J'étais super emballée à la lecture du début de ton billet mais la fin et ce que tu dis concernant le coupable me coupe un peu l'élan. Bon sachant que l'idée de départ me plait beaucoup, je vais quand même regarder si ma biblio l'a dans ses rayons ^^

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    1. En tout cas, il y a un public de blogueurs enthousiastes si un auteur se décide à écrire un livre sur cette thématique ^^ Je pense que c'est un bon emprunt biblio !

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  6. L'idée de départ est vraiment excellente et originale. Mais tes réserves me freinent. Dommage.

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    1. Oui c'est vraiment malheureux qu'il soit parti dans cette voie !

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  7. Je ne suis pas connaisseuse mais bon, je connais quand même Schumann... et la musique. N'empêche que je suis pas mal tentée, juste pour voir où ça s'en va!

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    1. Si tu le prends comme un divertissement léger, ça reste sympathique !

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  8. Au début le sujet (sur les musiciens) m'appâtait beaucoup mais ce que tu dis sur les personnages historiques me fait reculer.

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    1. Je crois que cela a fait cela pour quasiment tout le monde ! Nous n'avons plus qu'à attendre qu'un autre auteur s'empare du sujet !

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