Mon résumé : Jean Spangler, figurante à Hollywood, disparaît un soir de 1949. Son corps n'est pas retrouvé. 2 ans plus tard, Gil Hopkins, ex-journaliste et responsable des relations avec la presse dans un studio de cinéma, reçoit la visite d'Iolene qui était avec Gil, deux acteurs vedettes et Jean le soir où celle-ci a disparu. Iolène a l'air inquiet et lui dit qu'il n'a jamais rien compris à ce qu'il s'était passé ce soir-là. Gil commence à enquêter sur cette affaire, d'abord pour vérifier s'il a bien couvert les traces de ses protégés. Mais rapidement, cette enquête tourne à l'obsession pour lui.
Mon avis : Bienvenue à Los Angeles, ville de tous les vices et de toutes les perversions ! Ici, point de légende dorée, Megan Abbott nous plonge dans les bas-fonds de la cité des Anges où les plus grandes stars de l'époque se livrent à toutes les débauches : alcool, drogue, sexe...Tout est ensuite dissimulé par leurs agents qui n'hésitent pas à acheter le silence des témoins de ces scènes. Gil Hopkins est de ceux que l'on appelle quand on a quelque chose à cacher. Mais quand Iolene lui rappelle la disparition de Jean, il va se demander si cette fois, il n'a pas été trop loin et si au final, il n'a pas couvert un meurtre pour les stars de l'époque Marv Sutton et Gene Merrel, duo d'acteurs spécialisés dans les comédies musicales notamment les rôles de marins (ce qui m'a fait leur donner les visages de Frank Sinatra et Gene Kelly).
Le point fort de ce livre est l'ambiance extrêmement noire recrée par Megan Abbott. On a l'impression de plonger dans un des films noirs de l'époque tant par les descriptions que par les dialogues (d'ailleurs on peut saluer l'énorme travail du traducteur). Les personnages sont eux aussi caractéristiques de ce style : d'un côté nous avons l'enquêteur, homme à femmes, qui a roulé sa bosse un peu partout, de plus en plus désabusé, parfois violent, qui a des difficultés à identifier la frontière entre le bien et le mal. De l'autre côté, nous avons les femmes fatales : la brune, Jean Spangler après qui il court, la rousse Frannie Adlair qui va l'aider dans son enquête et la blonde platine, Midge son ex-femme. La reconstitution est vraiment extrêmement réussie. A l'arrière-plan de l'intrigue, Gil Hopkins doit aussi gérer les excès de Barbara Payton (starlette de l'époque qui a vraiment existé et dont les frasques décrites dans le livre se sont vraiment produites) et sa liaison avec Franchot Tone (ex-mari de Joan Crawford)
Par contre, au niveau de l'intrigue quelques éléments un peu m'ont dérangée. Tout d'abord, la narration est très hachée au départ. Megan Abbott, ne cesse de revenir en arrière puis de passer à autre chose, ce qui fait que l'on doit s'accrocher au départ pour suivre (mais cela vaut le coup) et cela correspond sans aucun doute à la confusion qui règne dans l'esprit de Gil Hopkins. De plus, l'intrigue policière ne semble nous mener que vers un seul suspect dans la première moitié du livre et est un peu plate alors qu'elle prend un tournant intéressant dans la deuxième moitié (bien que j'ai vu venir de loin la révélation finale).
Ce qui m'a le plus gênée, c'est ce mélange entre fiction et réalité sans expliciter ses sources. Pourquoi se servir d'un fait divers réel si on ne donne aucune référence de ses recherches ? Pourquoi ne pas alors carrément tout inventer ? Pourquoi ne pas citer une biographie de Barbara Payton ? Puisque visiblement Megan Abbott s'est documentée, autant qu'elle nous donne quelques titres. Mais ce livre a au moins eu le mérite de faire sortir de l'oubli la disparition de l'actrice Jean Spangler, affaire restée irrésolue.
Jean Spangler |
En quelques mots : Malgré les quelques points négatifs que je soulève, c'est le positif qui l'emporte car j'ai vraiment apprécié cette reconstitution de Los Angeles et la noirceur dans laquelle nous plonge Megan Abbott. Je lirai sans aucun doute un autre de ces romans. Ca me donne aussi envie de ressortir James Ellroy de ma PAL !
D'autres avis chez Tasha, Manu et Lili
Un roman et un auteur qui m'attirent énormément depuis quelques mois ! Ce que tu dis sur le fait de mélanger de la fiction et de la réalité sans citer ses sources m'énerve aussi. J'ai eu le même problème avec "Des corps en silence", de Valentine Goby.
RépondreSupprimerJe pense qu'il vaut quand même le coup d'être lu. Mais franchement, je ne connaissais ni Franchot Tone, ni Barbara Payton et si je n'avais pas cherché, je n'aurais pas su qu'ils avaient existé.
SupprimerJe ne demande non plus une démarche à la Ellroy et de nous écrire un livre complet sur ses recherches et ses motivations (quoique, il est dans ma LAL), mais quelques éléments ne tueraient personne.
Après, je sais que tout le monde n'est pas comme nous, mais personne n'est obligé de lire les appendices s'il n'en a pas envie, donc autant en mettre pour ceux qui aiment çà.
Je suis d'accord avec toi sur ce mélange entre réalité et fiction car au final, j'ignorais qu'il y avait tant de faits réels dans ce roman ! Très désagréable.
RépondreSupprimerOui et c'est un peu idiot de ne pas le dire ! Après je conçois que sans doute ces acteurs sont davantage connus aux Etats-Unis que chez nous, mais j'ai quand même culture cinématographique plus vaste que la moyenne et je ne les connaissais pas ! Ce qui m'a mis la puce à l'oreille, c'est quand elle a évoqué que Tone était l'ex-mari de Joan Crawford. Je trouve cela dommage de passer à côté de telles informations pour ceux que cela intéresse !
SupprimerTiens, je n'en avais jamais entendu parler.Il fait dire que je ne connais pas grand chose aux thrillers et aux polars ... Le synopsis donne très envie. C'est tout à fait le genre d'histoire qui pourrait me plaire.
RépondreSupprimerPS : Rien à voir mais j'ai enfin écouté la playlist que tu m'as envoyée. Je t'envoie un mp dans la journée ! :)
Oui je pense que cela pourrait te plaire vu ton amour du cinéma. Après c'est vraiment très noir.
SupprimerJ'attends ton mp alors :-)
Je comprends très bien tes réserves sur le mélange réalité/fiction : citer des sources serait bienvenu. Je me suis surprise à plusieurs reprises à pianoter sur mon ordinateur pour vérifier quelques faits. Et parfaitement d'accord avec toi: elle sait à merveille créer une atmosphère noire!
RépondreSupprimerMoi je fais ca très souvent, à tel point que je ne sais pas si je sais encore lire sans internet sous la main ;-)
SupprimerJ'ai vraiment adoré l'atmosphère.
En tout cas, merci pour la découverte ! Une de mes prochaines lectures sera Café givré, encore trouvé chez toi ;-)
Je t'en prie! ;-) J'espère que tu aimeras Café givré!
SupprimerJe te tiendrai au courant :-)
SupprimerJ'adore Ellroy (peut-être un peu moins, ses plus récents ouvrages). Le mélange fiction- réalité n me dérange pas. Je regrette juste que certains auteurs n'affichent plus leurs sources bibliographiques.
RépondreSupprimerOui c'est exactement ca. Là franchement on peut croire que certains personnages sont de fiction alors qu'ils ont réellement existé.
SupprimerJe suis d'accord avec toi pour la progression un peu bancale de l'intrigue - heureusement que l'ambiance compense cette petite lacune.
RépondreSupprimerJe n'ai pas été dérangée par le flou entre réalité et fiction - je pense que je serais moins bien rentrée dedans si j'avais su d'emblée où commençait l'imagination. Et puis du coup, c'était un petit travail de recherche sympa à faire à la fin ^^
Je pense qu'il n'aurait pas fallu l'annoncer au début mais mettre quelques explications en fin du volume pour éclaircir tout cela, parce que si je n'avais pas connu l'époque, je pense que je ne me serais pas rendue compte que certains personnages avaient existé et donc je n'aurais pas cherché.
SupprimerMais effectivement l'atmosphère compense un peu tous ses petits défauts.
Oui, c'est vrai que quelques notes à la fin auraient pu être sympa :)
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