Mon résumé : Oxford, 2054. L'équipe du Médiéval d'Oxford profite de l'absence du recteur d'Histoire pour organiser un voyage dans le temps vers l'an 1320, époque pourtant classée de type 10 sur l'échelle des risques. Kivrin Engle, jeune historienne, est impatiente à l'idée de découvrir la période et de confronter la vision qu'ont les historiens du Moyen-Age à la réalité. Seul le professeur Dunworthy, qui a effectué des voyages dans le temps au XXe siècle, est inquiet de ce qui pourrait arriver à Kivrin. Le transfert semble bien se passer, mais quelques minutes après le technicien chargé du voyage tombe malade...
Mon avis : J'avoue que, même si au final, j'ai adoré cette lecture, il y a quand même quelques défauts assez importants. Tout d'abord, il y a des problèmes de traduction. Le seul titre le prouve puisque en anglais il s'agit de Doomsday Book soit le livre de l'Apocalypse ou du Jugement dernier et non pas le grand livre. Certes le mot fait aussi référence au Domesday Book anglais (dont la graphie d'origine était Doomsday) qui est un grand recensement effectué à la demande de Guillaume le Conquérant pour connaître les ressources de l'Angleterre (et accessoirement les taxes qu'il pourrait lever). Justement, ce recensement était tellement important que les anglais de l'époque le pensait irréversible. Tout ça pour dire qu'une fois de plus, la traduction est à côté de la plaque (alors que je n'ai plus fait d'anglais depuis le lycée quand même !). Si il n'y avait que le titre. Mais j'ai dû relire certaines phrases plusieurs fois pour trouver quel en était le sujet. Les mots fuligineuse (jamais entendu = qui produit de la suie) et fébrifuge (j'ai compris d'après le contexte = antipyrétique -merci le dico! = qui lutte contre la fièvre) ont été employés chacun à 3 reprises. Enfin, les abréviations étaient trop nombreuses et pas expliquées : tech (=techniciens), vid (=vidéos), holos (=hologrammes), TP (= tenues de protection!!) et CE sachant qu'il a été écrit en 1992 (= communauté européenne). Je ne doute pas que ces abréviations soient présentes dans le livre original, mais elles sont peut être utilisées en anglais (j'avoue ne pas avoir poussé le vice jusqu'à aller voir quel terme était traduit, mais j'en ai eu l'idée) alors qu'en français à part tech, le reste n'a aucun sens.
Mais, il y aussi des problèmes de rythme dans les 200 premières pages. Dès le début, on plonge dans l'action avec le transfert sans trop savoir qui est qui et qui fait quoi et il est un peu dur de retenir le flot d'informations déversé sur nous (d'ailleurs, j'ai relu les premières pages après et je me suis rendue compte de tout ce que j'avais manqué). Mais juste après le rythme se ralentit : on sait qu'il y a eu un problème avec le transfert dès les premiers chapitres, mais on ne saura quel est ce problème (alors qu'on s'en doute vraiment très très fortement) qu'au milieu du livre. Les personnages passent beaucoup de temps à se chercher et à s'appeler au téléphone ce qui casse le rythme.
Alors pourquoi au final est-ce un coup de coeur ?
D'abord pour ses personnages et en particulier les personnages secondaires. Kivrin me laissait un peu de glace au départ car elle était trop sûre d'elle, que rien ne lui arriverait et que ce serait formidable. De plus, elle tombe rapidement malade et passe la première moitié du livre au lit, ce qui n'est pas particulièrement intéressant (même si cela permet de décrire l'intérieur d'une maison au Moyen-Age). Mais dans la deuxième moitié du livre, elle se révèle et devient extrêmement attachante. Dunworthy, quant-à-lui, a tellement peur de tout pour Kivrin (des brigands, des violeurs, des maladies, du froid...) qu'on se demande si il n'est pas amoureux d'elle. D'ailleurs, il va remuer ciel et terre pour essayer de la faire revenir. J'ai beaucoup aimé son humour car il est très ironique avec parfois un petit côté méchant
Ensuite pour ce qu'il se passe en 2054. Comme leur technicien tombe malade, une quarantaine va être déclarée à Oxford. J'ai aimé la façon dont sont présentées les réactions des personnes face à cet événement : que ce soit l'attachement obsessionnel à un détail (le risque de manquer de papier toilette pour Finch), le refus de changer quelque chose à sa vie (poursuivre des fouilles archéologiques par exemple), la volonté de chercher un coupable (les voyages spatio-temporels ou la communauté européenne avec des manifestations d'euro-sceptiques) ou bien encore le refuge dans la religion, tous ces éléments m'ont semblé crédibles. L'auteure décrit aussi la mutation d'un virus, le H9N2, qui pourrait se transmettre du poulet à l'homme (et je vous rappelle que le livre a été publié en 1992, ce qui fait froid dans le dos, tellement ce qu'elle décrit correspond à ce qu'on nous a expliqué au moment du H1N1). Le seul élément étonnant est que l'auteure n'ait pas pensé à "inventer" des téléphones sans fil (il me semble pourtant qu'il y avait déjà des téléphones portables en 1992??? avec d'énormes antennes?), car le côté "je dois attendre chez moi un coup de fil" semble terriblement daté.
Au départ, j'ai été un peu déçue par ce qu'il se passait au Moyen-Age puisque
En quelques mots : Même si je vois les défauts du livre (et certains ne l'aiment pas du tout d'ailleurs), je n'ai pas pu le lâcher et j'ai été séduite et bouleversée par la fin. Je vais poursuivre dès que j'aurai mis la main dessus avec Sans parler du chien qui semble un brin moins dramatique. Le livre Black-out dont on a beaucoup entendu parlé il y a quelques mois fait aussi partie de cette série.
En tout cas, ça m'a guérie de mes envies de voyages spatio-temporels^^
Il faut que je lise "Sans parler du chien" (je l'ai sur mon Kindle) ! Il me fait très très très envie. ;-)
RépondreSupprimerP.S. Il faut que je réponde à ton commentaire sur "To kill a mockingbird" sur mon blog, mais je suis un peu à la bourre (comme d'hab).
Il est mieux noté que celui-ci, donc je n'imagine même pas ce que ça va être !
SupprimerPS : j'ai dû l'écrire hier soir, donc tu as le temps !
Ah, je ne savais pas que Black Out était dans cette série. Sans parler du chien est hi-la-rant. Rien de moins!
RépondreSupprimerJe viens de commander sans parler du chien :-) Visiblement, c'est Colin le héros de Black-out, j'ai hâte aussi, même si c'est plutôt young adult.
SupprimerAaah contente que la découverte de Connie Willis ait été un succès ! Bon, tu relèves quand même quelques côtés bancals comme moi dans "Sans parler du chien" mais bon, il faut reconnaître que l'auteur produit tout de même un travail de Titan et globalement de très bonne qualité ! Je note celui-ci du coup pour continuer à plonger dans son oeuvre : on va alterner nos lectures héhé ^^
RépondreSupprimerOui en relisant ton billet, j'ai vu qu'on retrouvait les mêmes défauts. J'ai hâte de lire Sans parler du chien !
Supprimerchouette tu es en train de te convertir à la SF ;) je n'ai jamais lu mais au vu de tous les prix littéraires qu'elle a reçu il faudra que je m'y mette :)
RépondreSupprimerJe vais devenir une vraie adepte si ça continue ;-) Oui il faut que tu essayes, je pense que ça te plairait !
SupprimerJe ne connais pas et, malgré quelques défauts, il a quand même l'air vraiment bien alors je le note !
RépondreSupprimerBonne continuation avec cet auteur pour toi et bonne semaine.
Oui, j'ai voulu souligner les défauts car certains sont vraiment dérangés par eux. Mais si on tient jusqu'au bout, on est récompensé.
SupprimerIl faut que je m'habitue à ton nouveau pseudo :-)
Je note parce que tout ce qui touche aux voyages dans le temps m'intéresse :)
RépondreSupprimerLe côté voyage dans le temps n'est pas l'aspect central, mais si tu aimes cela, je pense que tu pourras y trouver ton compte !
SupprimerJ'ai beaucoup aimé "sans parler du chien" mais je ne sais pas si celui-ci me plairait car je n'aime pas la période du Moyen Âge.
RépondreSupprimerOui j'avais vu chez Lili que tu avais dit que ça me plairait sûrement ;-)
SupprimerEn plus, ce n'est pas un Moyen-Age de Fantasy, c'est plutôt comme les historiens le décrivent réellement et ça peut être ennuyant pour certaines personnes.