Mon résumé : Pise, 1491. Angelo da Canossa entre à l'université de Florence (délocalisée à Pise pendant quelques années). Il découvre rapidement qu'il existe des rivalités très fortes entre les étudiants et en particulier entre Giovanni de Medicis et Cesare Borgia. Les étudiants sont rattachés à un cercle selon leurs origines. En tant que florentin, Angelo doit faire partie de celui de Giovanni. Mais voilà qu'il fraternise avec Cesare, du cercle des espagnols...
Pise, Tome 1 |
Rome, Tome 2 |
Pise, Tome 1 |
Mais si il n'y avait que cela ! Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est la précision historique de l'ensemble. Chaque tome se termine avec une bibliographie sérieuse (qui est modifiée et complétée à chaque volume) et l'auteure a travaillé en étroite collaboration avec l'historien japonais Motohaki Hara (dont je n'ai jamais entendu parler mais qui connait visiblement très bien son métier). Fuyumi Soryo a donc problématisé son travail en se posant cette question : "Comment un homme réputé priser l'amusement et préférer la chasse à l'étude, capable de violer sa soeur et d'assassiner son frère, pouvait-il en même temps être respecté de ses hommes et aimé du peuple ?". On voit bien qu'elle cherche à saisir toute l’ambiguïté du personnage et pas seulement les aspects sulfureux. [D'ailleurs, il n'y a aucun aspect sulfureux dans les deux premiers tomes et contrairement à ce que laisse penser la couverture du tome 1, Lucrèce n'est même pas encore apparue dans le tome 2].
Le tome 1 est un tome d'exposition où l'auteur nous présente les différents protagonistes et où, il faut l'avouer, il n'y a pas beaucoup d'action. Mais l'intérêt est ailleurs. L'auteur nous décrit la vie dans une université à l'époque de la Renaissance. Nous assistons à certains cours et surtout aux joutes verbales entre esprits brillants (une opposition au sujet des 2 corps du souverain par exemple). Mais l'auteure nous présente aussi les rivalités, voire les complots ourdis au sein même de l'université. Les oppositions sont nombreuses et les alliances fragiles. Le personnage (fictif) d'Angelo da Canossa nous permet d'entrer dans cet univers Celui-ci n'est pas issu d'une grande famille, mais il est entré à l'université grâce à l'appui des Médicis (sans que l'on sache vraiment pourquoi). Il ne connaît pas les codes, s'adresse aux autres comme s'il était leur égal (grossière erreur) et commet bourdes sur bourdes. C'est toutefois, un étudiant brillant et il est le seul à oser s'opposer dans les cours à Giovanni ou Cesare. Le personnage est assez attachant car il est extrêmement sincère. Il va se retrouver lié à Cesare Borgia qui va lui montrer la ville de Pise et lui faire découvrir ses aspects les plus sombres. Dans cette première partie, le personnage de Cesare apparaît comme très sympathique, ce qui m'a interpellée. Dès qu'il peut, il prend la défense d'Angelo et lui promet de lui apprendre à monter à cheval. Il est agréable, brillant bien que dilettante et extrêmement séduisant. Il est toujours suivi par son bras droit, Micheletto da Corella qui joue pratiquement le rôle de garde du corps et qui règle les problèmes de Cesare dans l'ombre. On croise aussi la sombre figure de Savonarole.
Dans le tome 2, nous continuons de suivre la vie à l'université de Pise, mais certaines scènes se déroulent au Vatican. Le pape est mal en point et les rivalités s'exacerbent autour de la future succession. Rodrigo Borgia est l'un des candidats. Il s'oppose à Giuliano della Rovere et leurs échanges sont épiques. On assiste à des confrontations de haute volée au milieu de la Chapelle Sixtine (dessins magnifiques une fois de plus). Dans ce tome 2, on voit apparaître la face sombre de Cesare. Celui-ci par certains de ces discours ou de ces réflexions en classe (édifiante opposition autour de la Tour de la faim de Dante) révèle qu'il peut se montrer cruel. De plus, on le voit œuvrer dans l'ombre de son père et il demande des rendez-vous avec certaines personnalités, parfois des ennemis, dont on ne comprend tout d'abord pas le sens. Il croise aussi certains hommes célèbres : Christophe Colomb qui évoque le voyage qu'il est en train de mettre en place au nom des souverains espagnols et Leonard de Vinci dans une confrontation particulière savoureuse avec Cesare [et une fois encore, je ne peux qu'admirer le travail de documentation de l'auteure : quand elle décrit les carnets de Leonard, j'ai eu l'impression de me retrouver devant le Codex de Leceister ou Codex de Bill Gates que j'ai eu la chance de voir à Dublin]. Cesare a aussi l'occasion d'admirer le Printemps de Botticelli chez Lorenzo de Médicis est une fois encore j'ai été saisie par la beauté du dessin. On en apprend plus sur le passé de Micheletto que l'auteure présente comme juif (ce qui n'est pas attesté historiquement parlant) mais ce qui permet d'évoquer le sujet de la condition des juifs à l'époque de la Renaissance. Angelo, quant à lui, continue son petit bonhomme de chemin, mais passe un peu au second plan au cours de ce tome. Il se rend compte que Cesare est un personnage bien plus complexe qu'il ne pensait...
contrairement à toi, je ne connais absolument rien de la famille Borgia, je n'ai pas regardé la série à la tv, et ce manga me permet de découvrir cette famille d'une façon totalement inédite !
RépondreSupprimerje suis également séduite par ces deux mangas, ton billet me fait un peu peur maintenant, quand j'y pense, à l'idée de devoir confronter mon avis au tien...gloups ! j'aurai dû attendre avant de te lire !
bref, je finis le tome 2 bientôt, voire le reprendre du début, car lu au début avec de la fièvre re-gloups !
Justement c'est intéressant de voir l'avis de quelqu'un qui ne la connait pas ! Je peux te dire que du coup ce que tu risques de voir ou lire après sur eux risque de te sembler fade !
SupprimerJe suis comme toi, j'ai du mal à résister à l'appel d'un billet même quand je sais que je dois en écrire un sur le même sujet après.
En écrivant mon billet, j'ai failli relire le tome 1 ;-) Vivement le 3 !
voir que les dates de sortie des suivants se rapprochent donnent déjà du baume au coeur ;-)
RépondreSupprimerOui ainsi que de savoir qu'il y a 10 tomes d'édités et que la série continue ! Beaucoup de plaisir en perspective !
Supprimerc'est génial, je n'avais pas encore poussé les recherches jusque là, j'attendais d'écrire mon billet pour fouiller un peu, merci pour les infos !
SupprimerSuite à ton billet sur "Seven Shakespeares", j'ai craqué pour ces deux tomes dévorés en un rien de temps. C'est simple, mon avis rejoint le tien en tous points, sauf la connaissance poussée des Borgia.
RépondreSupprimerJ'espère que la suite sera sur la même lancée.
Ce n'est pas tout à fait le même genre, mais je pense que tu aimerais beaucoup (si tu ne connais pas encore) "Bride Stories", édité par Ki-oon également, qui raconte la vie des peuples nomades en Asie Centrale au XIXe siècle.
Je suis bien contente qu'il t'ait plu ! Effectivement, j'espère que la suite sera aussi de qualité !
SupprimerJ'ai beaucoup entendu parler de Bride Stories, le thème me tente moins mais je pense l'emprunter à la bibliothèque !
aaaahhhh, comment veux-tu que je résistes à cette période du cinquecento que j'affectionne tant (I love Léonard)...mais quelle tentatrice, ton billet est fabuleux et va me faire faire mon baptême des mangas!
RépondreSupprimerJe n'aime pas non plus les mangas et je pense que c'est un bon moyen de commencer. Leonard n'est toutefois qu'un personnage tertiaire. Mais j'attends ton avis !
SupprimerCette série me tentait bien et ce que tu en dis ne fait que renforcer mon envie de la lire. Les dessins, pour le peu que j'en ai vu, m'ont en effet paru très beaux et c'est bien que la mangaka ait fait des efforts de documentation pour faire "couleur locale".
RépondreSupprimerNéanmoins, j'avais entendu aussi que le manga visait une certaine réalité historique, aussi je suis déçue que tu rapportes que le postulat de base de l'auteur est que César Borgia a tué son frère et violé sa soeur. Je crains que le manga ne s'avère malheureusement qu'une énième variante autour de la légende noire de la famille. J'espère que les tomes suivants me donneront tort...
Je l'ai entendu comme son postulat de départ à mon avis (qui ne m'a pas choquée plus que cela car en gros c'est ce que tout le monde dirait dans la rue si on l'interrogeait au sujet du personnage). D'ailleurs, il me semble que dans son interview à la fin du tome 2, elle précise qu'elle n'avait pas saisi l'ampleur de la tâche pour certains sujets. Je pense effectivement qu'à un moment on tournera autour de la légende noire, mais en tout cas pour l'instant ce n'est pas le cas (Lucrèce n'a même pas été évoquée) et c'est un plaisir ! Régalons-nous !J'espère avoir ton avis !
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