Mon résumé : voir le billet du livre. Je vais reprendre tant qu'à faire les 3 mêmes points à savoir l'ambiance, les personnages et l'humour.
ATTENTION, CE BILLET PEUT CONTENIR DES SPOILERS
Mon avis : Le point fort de cette adaptation est l'ambiance qui est très bien transcrite dans les décors et dans la mise en scène. Les images sont travaillées dans les tons bleu-gris, ce qui donne un effet un peu fantasmagorique à l'ensemble que je trouve assez intéressant et assez respectueux de l'oeuvre de Dickens. Les décors sont réussis : la maison des Gargery à l'air d'une maison de forgeron, les marécages sont bien inquiétants, Londres est plutôt bien évoquée. Quant à Satis House, j'ai aimé son aspect vieux manoir hanté (même si on perd complètement l'aspect ancienne brasserie). J'ai vu certains (voir ci-dessous) discourir sur le fait que les pièces étaient trop éclairées (dans le roman, il est vrai qu'on se déplace dans le noir à la bougie), mais en même temps, cela me semble évident que ce n'est pas possible de le retranscrire visuellement [personnellement, je n'ai pas envie de regarder un écran quasi noir pendant 3h]. La pièce du gâteau est bien glauque (la table pour les invités est encore dressée). Par contre, je n'ai pas trop aimé le côté un peu fouillis de l'autre pièce avec ses animaux empaillés et sa peau de tigre au sol. Mais ce ne sont que des détails et globalement, j'ai aimé l'impression visuelle de cette adaptation. A noter aussi le très beau générique avec des papillons [aucune idée pourquoi des papillons, sans doute une métaphore cucu].
Viennent ensuite les personnages. C'est là où les choses vont commencer à se gâter.
Commençons par la bonne surprise, j'ai nommé Herbert Pocket, soit l'un des personnages que j'avais trouvé les plus mièvres du roman. Ici, Harry Lloyd [pour la petite histoire arrière-arrière-arrière-petit-fils de Dickens, c'est sans doute pour cela qu'il comprend si bien le personnage, mais aussi -et j'ai failli tomber de mon siège- Viserys Targaryen dans GOT-vous savez celui qui a des problèmes avec sa couronne- évidemment, il est absolument méconnaissable]. Il donne vie au personnage d'Herbert en étant joyeux mais jamais mou et même drôle. Je dirais même qu'il vole la vedette à Pip, interprété par Douglas Booth. Au départ, j'étais contente car je me suis dit chouette Pip est interprété comme je l'avais saisi, c'est-à-dire avec un côté gentil et un peu innocent. Mais, en fait ce n'est pas vraiment ça. C'est juste que l'acteur a un côté mono-expressif à la Robert Pattison (et le même teint cadavérique). J'ai été plus passionnée par ses cheveux [incroyable le nombre de coiffures différentes que l'on peut faire avec des cheveux aussi courts] que par son jeu. Et de savoir qu'il a été casté pour jouer Roméo dans la nouvelle adaptation qui va sortir me fait juste froid dans le dos [mais je lui prédis un bel avenir auprès des adolescentes pré-pubères, le côté imberbe vampirique étant à la mode].
J'avais trouvé que c'était une très bonne idée d'introduire le personnage d'Orlick dès le début et de lui donner une motivation claire : se venger des humiliations répétées qu'il subit à cause de Pip (parce qu'il faut avouer que dans le roman, on se demande un peu ce qu'il lui prend). De plus, l'acteur à un côté paysan retardé très marqué [il manque même des dents, c'est pour dire !]. Le problème est que SA grande scène de bagarre est absolument ridicule puisque Pip se dégage en 2 temps 3 mouvements.
Autre bonne idée, la façon dont est développé le personnage de Drummle qui devient presque intelligent, mais surtout un rival de Pip bien énervant, par exemple quand il se moque de son surnom. Il y a même une scène dans un bordel (oui, oui) qui ne m'a pas choquée plus que cela, car elle permet juste de montrer l'innocence de Pip et la dépravation de Drummle. Mais comme pour Orlick, cette bonne idée n'aboutit à rien puisque on ne voit pas Drummle devenir violent et s'en prendre à Estella (ce qui est tout de même un élément essentiel de compréhension). De plus, cela aurait été parfaitement lié au fait que Pip dise à Miss Havisham qu'elle ne comprend en fait rien aux hommes. Mais, non, toutes ces bonnes idées tombent à l'eau.
Pour les autres rôles (Magwitch, Jaggers, Wemmick), je n'ai pas grand chose à dire, ils sont plutôt bons (mais pas transcendants non plus).
Passons aux éléments qui me posent vraiment un problème, car j'ai l'impression que le scénariste / réalisateur n'a pas lu le même livre que moi.
Tout d'abord, j'ai dû mal à me prononcer sur l'interprétation de Gillian Anderson dans le rôle de Miss Havisham. Je suis tout de même un peu déçue, mais c'est en partie dû à des choix de réalisation. Ce n'est pas de sa faute si, en plus de lui demander de se gratter la main sans cesse, la caméra fait un plan de 30 secondes dessus [et c'est long 30 secondes] pour nous faire bien comprendre que c'est l'une des manifestations de sa folie. Ce n'est pas de sa faute si on lui fait insister sur le côté fou de Miss Havisham en zappant presque totalement le côté manipulateur. Je dirais qu'elle fait ce qu'elle peut avec les faiblesses du scénario. Par contre, elle est magistrale et totalement flippante dans sa dernière scène, ce qui me laisse vraiment penser qu'elle aurait pu être meilleure.
Mais ce n'est rien à côté de ce qui a été fait à Joe ! Pauvre Joe qui se retournerait dans sa tombe s'il n'était pas un personnage fictif ! Joe l'homme profondément bon et simple devient intelligent, se permet de débarquer au club de Pip pour faire un esclandre [j'en suis encore toute retournée] et explique à Pip qu'il devrait avoir honte de lui d'avoir abandonné sa famille [je ne suis pas sûre de m'en remettre !]. Bref, quand on a rien compris à ce point-là au personnage de Joe, je crois qu'on n'a rien compris au livre.
Quant au personnage d'Estella ? La pauvre, il n'était déjà pas facile de la sauver par rapport au roman, car tout ce qu'elle avait pour elle était sa beauté. Mais, je peux vous dire que j'ai fait un bond quand je l'ai vu apparaître à l'écran car bon sang qu'elle est laide [et en plus elle se tient mal comme vous pouvez le voir sur le photo et c'est comme ça pendant tout le film] ! C'est un peu comme si on nous collait une gravure de mode pour jouer Jane Eyre ! Sans sa beauté et son pouvoir sur les hommes Estella n'est plus grand chose. Mais, ce n'est pas grave, les scénaristes ont essayé de combler ça en créant une romance avec Pip. Au départ, j'ai trouvé ça plutôt bien vu car étant enfant, elle aurait eu cette faiblesse pour Pip ce qui expliquait que Miss Havisham le renvoie et montrait qu'elle entraînait Estella à séduire les hommes. Mais après, elle passe son temps à copiner avec Pip, n'est pas du tout la dame de glace qu'elle devrait être et va même jusqu'à échanger un baiser avec lui avant son mariage dans une scène grotesque où elle retire ses chaussures, ses bas et remonte sa robe à mi-cuisses pour aller dans l'eau avant de se faire embrasser par Pip ! [vous ne m'ôterez pas de l'idée que le réalisateur n'a pas tout compris à la période]. Je ne vous parle même pas du moment où elle embrasse sur le museau le cheval qui vient de tuer son mari !
Dernier aspect : l'humour. Ca va aller vite il n'y en a pas, à part une scène qui n'est pas dans le roman où Herbert apprend à danser à Pip. Comme le dit si bien Andrew Davies -réalisateur d'orgueil et Préjugés avec Colin Firth mais aussi de Little Dorrit et Bleak House de Dickens - " si on supprime l'humour de Dickens, ce n'est plus du Dickens " (combien je regrette qu'il ne se soit pas attelé à cette adaptation !).
En quelques mots : Certes, je pointe beaucoup de points négatifs et c'est une adaptation assez moyenne du livre de Dickens, mais est-ce pour autant un mauvais téléfilm si on ne connaît pas l'histoire ? Eh bien, la réponse est non, cela se suit quand même avec plaisir et même si certaines interprétations de l'oeuvre peuvent faire bondir, il y avait quelques idées intéressantes et les 3 épisodes passent tout de même assez vite. Je le reverrai à l'occasion.
Les avis de Perséphone et de Livia qui sont tous deux un peu mitigés, mais pas toujours pour les mêmes raisons que moi.
Viennent ensuite les personnages. C'est là où les choses vont commencer à se gâter.
Commençons par la bonne surprise, j'ai nommé Herbert Pocket, soit l'un des personnages que j'avais trouvé les plus mièvres du roman. Ici, Harry Lloyd [pour la petite histoire arrière-arrière-arrière-petit-fils de Dickens, c'est sans doute pour cela qu'il comprend si bien le personnage, mais aussi -et j'ai failli tomber de mon siège- Viserys Targaryen dans GOT-vous savez celui qui a des problèmes avec sa couronne- évidemment, il est absolument méconnaissable]. Il donne vie au personnage d'Herbert en étant joyeux mais jamais mou et même drôle. Je dirais même qu'il vole la vedette à Pip, interprété par Douglas Booth. Au départ, j'étais contente car je me suis dit chouette Pip est interprété comme je l'avais saisi, c'est-à-dire avec un côté gentil et un peu innocent. Mais, en fait ce n'est pas vraiment ça. C'est juste que l'acteur a un côté mono-expressif à la Robert Pattison (et le même teint cadavérique). J'ai été plus passionnée par ses cheveux [incroyable le nombre de coiffures différentes que l'on peut faire avec des cheveux aussi courts] que par son jeu. Et de savoir qu'il a été casté pour jouer Roméo dans la nouvelle adaptation qui va sortir me fait juste froid dans le dos [mais je lui prédis un bel avenir auprès des adolescentes pré-pubères, le côté imberbe vampirique étant à la mode].
J'avais trouvé que c'était une très bonne idée d'introduire le personnage d'Orlick dès le début et de lui donner une motivation claire : se venger des humiliations répétées qu'il subit à cause de Pip (parce qu'il faut avouer que dans le roman, on se demande un peu ce qu'il lui prend). De plus, l'acteur à un côté paysan retardé très marqué [il manque même des dents, c'est pour dire !]. Le problème est que SA grande scène de bagarre est absolument ridicule puisque Pip se dégage en 2 temps 3 mouvements.
Autre bonne idée, la façon dont est développé le personnage de Drummle qui devient presque intelligent, mais surtout un rival de Pip bien énervant, par exemple quand il se moque de son surnom. Il y a même une scène dans un bordel (oui, oui) qui ne m'a pas choquée plus que cela, car elle permet juste de montrer l'innocence de Pip et la dépravation de Drummle. Mais comme pour Orlick, cette bonne idée n'aboutit à rien puisque on ne voit pas Drummle devenir violent et s'en prendre à Estella (ce qui est tout de même un élément essentiel de compréhension). De plus, cela aurait été parfaitement lié au fait que Pip dise à Miss Havisham qu'elle ne comprend en fait rien aux hommes. Mais, non, toutes ces bonnes idées tombent à l'eau.
Pour les autres rôles (Magwitch, Jaggers, Wemmick), je n'ai pas grand chose à dire, ils sont plutôt bons (mais pas transcendants non plus).
Passons aux éléments qui me posent vraiment un problème, car j'ai l'impression que le scénariste / réalisateur n'a pas lu le même livre que moi.
Tout d'abord, j'ai dû mal à me prononcer sur l'interprétation de Gillian Anderson dans le rôle de Miss Havisham. Je suis tout de même un peu déçue, mais c'est en partie dû à des choix de réalisation. Ce n'est pas de sa faute si, en plus de lui demander de se gratter la main sans cesse, la caméra fait un plan de 30 secondes dessus [et c'est long 30 secondes] pour nous faire bien comprendre que c'est l'une des manifestations de sa folie. Ce n'est pas de sa faute si on lui fait insister sur le côté fou de Miss Havisham en zappant presque totalement le côté manipulateur. Je dirais qu'elle fait ce qu'elle peut avec les faiblesses du scénario. Par contre, elle est magistrale et totalement flippante dans sa dernière scène, ce qui me laisse vraiment penser qu'elle aurait pu être meilleure.
Mais ce n'est rien à côté de ce qui a été fait à Joe ! Pauvre Joe qui se retournerait dans sa tombe s'il n'était pas un personnage fictif ! Joe l'homme profondément bon et simple devient intelligent, se permet de débarquer au club de Pip pour faire un esclandre [j'en suis encore toute retournée] et explique à Pip qu'il devrait avoir honte de lui d'avoir abandonné sa famille [je ne suis pas sûre de m'en remettre !]. Bref, quand on a rien compris à ce point-là au personnage de Joe, je crois qu'on n'a rien compris au livre.

Dernier aspect : l'humour. Ca va aller vite il n'y en a pas, à part une scène qui n'est pas dans le roman où Herbert apprend à danser à Pip. Comme le dit si bien Andrew Davies -réalisateur d'orgueil et Préjugés avec Colin Firth mais aussi de Little Dorrit et Bleak House de Dickens - " si on supprime l'humour de Dickens, ce n'est plus du Dickens " (combien je regrette qu'il ne se soit pas attelé à cette adaptation !).
En quelques mots : Certes, je pointe beaucoup de points négatifs et c'est une adaptation assez moyenne du livre de Dickens, mais est-ce pour autant un mauvais téléfilm si on ne connaît pas l'histoire ? Eh bien, la réponse est non, cela se suit quand même avec plaisir et même si certaines interprétations de l'oeuvre peuvent faire bondir, il y avait quelques idées intéressantes et les 3 épisodes passent tout de même assez vite. Je le reverrai à l'occasion.
Les avis de Perséphone et de Livia qui sont tous deux un peu mitigés, mais pas toujours pour les mêmes raisons que moi.