On sait bien quand on décide de lire une austenerie que l’on
peut tomber sur tout et n’importe quoi. À chaque fois, je dis qu’on ne m’y
reprendra plus et à chaque fois, je craque. Ce fut le cas pour celui-ci. J’avais
dit que j’attendrais de le trouver d’occasion et puis, au détour du rayon livre
de mon supermarché, j’ai craqué et je l’ai acheté. Mais je dois dire que cela a
été plutôt une bonne surprise par rapport à d’habitude.
Le livre raconte l’histoire de Samantha McDonough qui
découvre, dans un livre acheté d’occasion, une lettre de Jane Austen. Celle-ci évoque
un manuscrit qu’elle aurait perdu. Samantha se lance donc à sa recherche. Jane
évoque le fait qu’il a disparu à Greenbriar dans le Devon. Samantha se rend
dans cette demeure et convainc le jeune (et accessoirement beau) propriétaire
de fouiller la maison pour retrouver le manuscrit.
Cette recherche du manuscrit prend environ 70 pages. Elle n’est
pas désagréable car l’auteur connaît bien Jane Austen et son époque. Par exemple,
il y a de nombreuses références à la littérature de l'époque en particulier à La Quichotte femelle de Charlotte
Lennox (ouvrage que je ne connaissais pas).
Mais, ce qui m’a vraiment séduite dans cet ouvrage est le
fameux manuscrit perdu qui est retrouvé
et qui compose la majorité du livre puisqu’il fait entre 300 et 350 pages
(coupé par quelques interludes sur lesquels je reviendrai).
Ce manuscrit s’intitule les Stanhope. Il raconte l’histoire
de Rebecca Stanhope, jeune fille qui nous rappelle sans conteste les héroïnes austeniennes
par sa vivacité d’esprit, par sa bonté, mais aussi parfois par son manque de
jugement par rapport à certaines personnes. Son père, pasteur du petit village
d’Elm Grove, doit aller acheter de nouvelles cloches pour l’église. Il s’arrête
dans une auberge, mais le lendemain matin, il découvre que la somme difficilement
réunie par ses paroissiens lui a été dérobée pendant la nuit. Meurtri, il
retourne dans sa paroisse et propose sa démission. Son protecteur, Lord Percival,
l’accepte. Il considère que Monsieur Stanhope s’est mal conduit car il a
joué aux cartes à l’auberge et il l’accuse presque d’avoir joué l’argent des
paroissiens. Lord Percival s’empresse ensuite de donner la place vacante à son
neveu, Philip Clifford.
Rebecca et son père sont donc contraints de partir. Ils se
rendent chez la fille aînée du pasteur, Sarah et tentent de s’adapter à leur
nouvelle vie.
Je ne me prononcerai pas sur le style de Syrie James puisque
j’ai lu la version française mais il me semble tout de même meilleur que ce que
l’on peut lire habituellement.
J’ai surtout été séduite par la façon dont Syrie James a
réussi à assimiler les situations et les types de personnages austeniens, tout
en créant une intrigue qui lui est propre.
Les promenades, les visites, les repas, les bals, les
lettres jouent un rôle essentiel dans ce livre et sont décrits avec précision
tout en faisant avancer l’intrigue. Dans la galerie des personnages, on
retrouve un jeune premier séduisant au premier abord, un homme plus discret qui
se révélera plus tard, une sœur affectueuse, un père sympathique mais un peu
inconséquent au niveau financier, un personnage très pompeux mais drôle, une
douairière donneuse de leçons, une amie qui va se révéler très égoïste… ces personnages sont éminemment austeniens tout en ayant leur propre caractère.
Si l’avenir des héros masculins est très facile à deviner, j’ai eu quelques
bonnes surprises grâce à des retournements de situation que je n’ai pas vu
venir. Il y a aussi quelques quiproquos qui entraînent des scènes réjouissantes
grâce à des méprises (notamment une scène de demande en mariage ratée qui est
vraiment drôle). C’est aussi l’un des points positifs de ce roman. D’habitude, les auteurs d’austeneries se concentrent sur les histoires d’amour au
détriment de l’humour et des relations sociales mais, ce n’est pas le cas ici.
De plus, il n’y a rien d’extravagant. Par exemple, le mystère de l’argent
disparu sera résolu d’une manière simple mais pleine de bon sens. Seul
peut-être le départ de Bath ressemble plus à du Dickens qu’à du Jane Austen.
Comme je l’ai dit plus haut, le manuscrit est tout de même
entrecoupé de quelques interludes contemporains qui ne sont pas forcément très
intéressants, voire parfois un peu maladroits, notamment quand l’héroïne
commente le manuscrit puisqu’elle dit qu’il ressemble vraiment au style de Jane
Austen alors que l’on sait bien que c’est Syrie James qui l’a écrit. Cela donne
la désagréable impression que l’auteur s’envoie des fleurs. En même temps, vu
que l’intrigue tourne autour d’un manuscrit inédit, cela semble logique que les
héros donnent leurs impressions sur le style, mais cela manque un peu de subtilité.
Je regrette aussi que la fin de l’intrigue tourne beaucoup
autour de l’argent (c'est quasiment le cas dans toutes les austeneries américaines
que j’ai lues). L’histoire d’amour contemporaine semble aussi très artificielle
puisque, comme souvent dans ce type d’ouvrage, les héros tombent amoureux en
deux jours.
Il y a une certaine continuité par rapport aux autres oeuvres de Syrie James puisqu’elle a écrit un livre intitulé The lost memoirs of Jane Austen
(non traduit) qui raconte la découverte d’un coffre avec les mémoires de Jane
Austen. Cette intrigue est évoquée dans ce roman et il me semble que le
personnage du professeur spécialiste de Jane Austen soit le même que dans celui
du premier livre.
Au final, j’ai passé un très bon moment avec ce livre. Je
pense que je relirai sans aucun doute la partie qui correspond au manuscrit et
que je sauterai peut-être la partie contemporaine.
Je ne sais pas si Milady va traduire les autres ouvrages de
Syrie James consacrés à Jane Austen,
mais ils vont publier en mars en grand format Le journal secret de Charlotte
Brontë, que je lirai sans doute quand il sortira en poche.
En tout cas, c'est la meilleure austenerie que j'ai lue en 2015, les autres étant Darcy what else ? de Teri Wilson et De Darcy à Wentworth de Sybil Brinton (pas de billet).
Il me reste encore quelques austeneries dans ma PAL (au moins celles-là je les ai toutes achetées d'occasion). Le cadre Mr Collins était un cadeau de Syl.
Je participe au challenge A year in England chez Titine.
J'ai justement The Lost Memoirs of Jane Austen dans ma PAL (et j'ai aussi The secret diaries of Charlotte Brontë) et d'ailleurs au début de ta chronique j'ai cru que tu parlais de ce livre-là et je me disais que j'allais en faire ma prochaine lecture, vu que je suis dans une période austeneries... Mais je vais quand même lire The Lost Memoirs du coup, ça sera l'occasion de le sortir enfin de ma PAL :-)
RépondreSupprimerJ'ai cru aussi que je lisais The lost, parce qu'ils n'ont pas associé le bon bouquin sur goodreads. Oui ce sera l'occasion ! Après, elle invente une romance à Jane Austen dans The lost alors ça ne doit pas faire le même effet. Là au moins ce sont des personnages que l'on ne connaît pas.
Supprimerbon, avant d'entamer les austeneries, je vais continuer ma quête austenienne : Emma et Raison et sentiments (et ce sera tout pour les romans !) Bises
RépondreSupprimerOui profites-en ! Il ne me reste plus que Sanditon, son roman inachevé. Mais je le garde encore un peu de côté. Bises.
SupprimerDepuis ce matin j'essaie tout pour te laisser un message ! Je le fais de ma nouvelle tablette. Mais je ne peux le faire qu'en anonyme... Donc, je te disais que j'avais eu des déceptions sur des austineries. Alors je ne Veux plus tenter l'expérience. Bise . Syl.
RépondreSupprimerEn anonyme, c'est toujours mieux que rien! Je te comprends, j'ai été déçue aussi, mais je suis moins raisonnable que toi ;-)
SupprimerJe ne suis pas très fan des austeneries qui sont souvent calamiteuses mais je note que tu as trouvé celle-ci sympathique.
RépondreSupprimerTu verras l'avis d'Emjy (vu que c'est moi qui l'ai poussé à l'acheter^^), s'il rejoint le mien, tu pourras tenter !
SupprimerUne austenerie qui me tente beaucoup.
RépondreSupprimerJ'espère qu'elle te plaira autant qu'à moi !
SupprimerJe l'ai vu à la librairie mais je n'ai pas osé le prendre... vu le nombre de livres que j'ai déjà !!!
RépondreSupprimerJ'aimerais que ce genre de choses m'arrêtent ^^
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