dimanche 31 janvier 2016

Une drôle de traversée d'Ernest Hemingway


J’ai lu Paris est une fête en décembre. Même si je n’ai pas encore pris le temps de faire un billet dessus, cette lecture m’a donné envie de découvrir les livres d’Hemingway sans pour autant m’attaquer tout de suite à ses œuvres les plus réputées. Mon choix s’est donc porté sur l’une de ses nouvelles. Elle a ensuite été transformée en roman, sous le titre En avoir ou pas, puis adaptée au cinéma par Howard Hawks sous le titre Le port de l’angoisse avec Humphrey Bogart (c'est un des rares classiques du cinéma américain de cette période que je n’ai pas vu). C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai choisi de lire cet ouvrage. 

C’est clairement une drôle de traversée à laquelle nous convie Hemingway. Je pensais que la majorité de la nouvelle porterait sur la contrebande mais en fait non. L’action se déroule à Cuba en 1933 et commence par un violent règlement de comptes. Harry Morgan refuse de transporter des hommes hors de Cuba et ceux-ci se font exécuter sous ses yeux ce qui ne l’émeut pas particulièrement. Il reprend tranquillement son travail qui est d’emmener pêcher au grand large de riches clients. S’ensuivent quelques 30 pages sur la pêche qui, je l’avoue, ne m’ont pas grandement intéressée malgré toute la passion qu’Hemingway met dans ses descriptions.

Mais voilà que son client ne l’a pas payé et a quitté Cuba. Harry se voit donc contraint d’accepter l’offre d’un Chinois qui lui demande de se débarrasser de 12 clandestins en leur faisant croire qu’ils vont quitter l’île.

Le problème est qu’Harry n’est pas vraiment sympathique (et c’est un euphémisme). À aucun moment je n’ai pu m’attacher à son personnage qui déteste tout le monde (la façon dont il traite son second est tout bonnement odieuse, imaginant même un moment le tuer pour se débarrasser d’un problème). Il est raciste (les « nègres » sont fainéants, les « chinetoques» ne sont pas très intelligents) et à aucun moment on a l’impression de le voir confronté à un dilemme moral alors qu’on lui demande quand même de se débarrasser d’êtres humains. Il écoute sans ciller tout ce qu’on lui propose et accepte presque tout quand il se trouve à court d’argent. Même si au final, il va quand même réagir par rapport à la situation, je n’ai pas vraiment apprécié la façon dont il le fait.


Même si j’ai apprécié le style incisif d’Hemingway, le personnage principal et l’histoire sont beaucoup trop noirs pour moi. Je ne pense pas que je lirai un jour En avoir ou pas. L'histoire du  port de l'angoisse me semble quand même assez différente puisqu'elle est transposée en Martinique pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela m'intéressera sans doute plus. Sinon, je pense me tourner vers L'adieu aux armes et Pour qui sonne le glas

mardi 26 janvier 2016

Daphné et le duc de Julia Quinn (Les Bridgerton, Tome 1)


Comme je l’ai écrit avant-hier, je vais essayer de faire un billet sur toutes mes lectures de l’année. Ce n’est pas ma deuxième lecture de l’année, c’est ma quatrième, mais les autres billets me prennent un peu plus de temps (pour Les hommes préfèrent les blondes d’Anita Loos, j’ai envie de revoir le film ; pour Wolf Hall d’Hilary Mantel, c’est compliqué d’écrire un billet sur un pavé de 900 pages).

Après mes deux semaines passées à lire Wolf Hall, j’avais envie d’une lecture plus rapide. J’ai acheté Daphné et le duc samedi, je l’ai commencé dans la foulée, je l’ai terminé dimanche et nous voici donc mardi avec ce billet.

Ce livre est le premier tome d’une série (les Bridgerton) qui est l’une des plus réputées dans la catégorie romance historique. La série était épuisée, mais elle vient de ressortir aux Editions J’ai lu pour elle (les livres seront publiés au rythme d’un par mois). Pour l’instant, les séries de romance historique les plus appréciées m’ont déçue (les Carsington de Loretta Chase, les Wallflower de Lisa Kleypas, les Happily ever after d’Eloïsa James). En est-il de même de celui-ci ?

Eh bien, je dois malheureusement répondre que oui. Pour moi, elle se classe dans la catégorie des romances à faux problème. Je m’explique : évidemment tout le monde sait bien que dans les romances les héros termineront ensemble à la fin, mais que pour y arriver ils devront surmonter de nombreuses difficultés. Sauf que voilà, dans ce livre, la difficulté m’a semblé tellement infime qu’elle aurait pu être résolue en 4 pages et non pas en 400.

L'action se passe à Londres en 1813. Le héros, Simon, a eu de graves problèmes d’élocution dans son enfance. Il n’a commencé à parler qu’à quatre ans et encore, seulement en bégayant. Son père s’est comporté comme si son fils n’existait pas car il avait honte de lui. Simon a su surmonter toutes ses difficultés et a fait de brillantes études. Mais, il n’a jamais pardonné à son père de l’avoir rejeté. Il n’a parlé à aucun de ses amis des difficultés qu’il a pu connaître dans son enfance et il a décidé qu’il ne se marierait jamais.

Voici donc le grave problème auxquels sont confrontés nos héros. Simon refuse de se marier alors qu’il est amoureux de Daphné (qui en plus se trouve être la petite sœur de son meilleur ami). Elle va donc essayer de le convaincre par tous les moyens qu’il doit l’épouser alors qu’il refuse de lui dire pourquoi il ne veut pas. Quand elle réussit enfin à l’épouser, rebelote, il ne veut pas d’enfant et refuse de lui dire pourquoi, jusqu’à ce qu’elle le piège d’une façon plus que douteuse. Bref, l’intrigue tient sur un timbre-poste et tourne en rond. S’il n’y avait eu que ces personnages principaux, je pense que j’aurais reposé le livre.

Mais, comme souvent dans les séries au long cours, ce sont les personnages secondaires qui font tout le sel de l’histoire. Daphné appartient à une grande famille, les fameux Bridgerton, dont les membres sont tous plus sympathiques les uns que les autres. Les enfants ont tout un prénom qui correspond à l’ordre alphabétique : le premier s’appelle Anthony, le deuxième Benedict, le troisième Colin, la quatrième Daphné… Leur mère, Violet Bridgerton, est veuve et se retrouve seule avec huit enfants dont les quatre plus grands sont en âge de se marier. C’est donc sa préoccupation principale, ce qui donne des scènes assez réjouissantes (comme quand elle donne à chacun de ses enfants une liste de prétendants ou bien quand elle tente d’expliquer à Daphné ce qu’il va se passer au cours de sa nuit de noces). Le frère aîné de Daphné, Anthony, est le seul à ne pas m’avoir vraiment plu. J’ai trouvé ses réactions vraiment trop exagérées dès qu’il s’agit de Simon et de Daphné. J’ai beaucoup plus apprécié Colin qui est beaucoup plus espiègle. Les quatre petits derniers sont aussi fort sympathiques même s’ils n’apparaissent que très peu dans l’histoire.

Comme dans toute bonne romance Régence qui se respecte, il y a aussi une douairière qui dit tout ce qu’elle pense, surtout quand c’est un peu provocateur.

Chaque chapitre s’ouvre sur un article d’un journal à sensation écrit par une mystérieuse lady Whistledown dont personne ne connaît la véritable identité. Ces petites entrées sont sympathiques. 

Affirmer que les hommes sont des têtes de mule serait insultant. Pour les mules.

J’avoue que j’ai bien envie d’apprendre la véritable identité de cette chroniqueuse mondaine. Mais, cela n’est pas révélé dans le premier tome.

Même si je suis modérément enthousiaste, je pense que je redonnerai sa chance à un autre volume de cette série pour connaître l’évolution des personnages secondaires, mais j’attendrai de les trouver d’occasion.


dimanche 24 janvier 2016

Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig



J'ai décidé d'essayer de faire un billet sur tous les livres que je vais lire cette année. J'ai toujours tendance à laisser traîner mes avis, alors que pour la quasi totalité de mes lectures, j'ai pris des notes que je n'ai plus qu'à mettre en forme, mais je laisse passer le temps et au final je ne le fais pas. Donc je me lance le défi cette année d'essayer de laisser une trace plus ou moins longue pour chacune de mes lectures. 

Je commence donc par ma première lecture de l'année 2016. J'avais dit dans mon bilan que je voulais revenir vers les classiques que j'avais un peu laissé de côté en 2015. Stefan Zweig était sur ma liste, mais je n'avais pas encore choisi le titre que j'allais lire, vu que j'en ai plusieurs qui m'attendent dans ma PAL. Et puis le dvd de Lettre d'une inconnue de Max Ophuls s'est retrouvé en promo. Comme j'en avais entendu beaucoup de bien, je l'ai acheté et j'ai sorti le livre de ma PAL. 

Lettre d'une inconnue est une courte nouvelle de Zweig puisqu'elle fait seulement une cinquante de pages.
R. , un romancier viennois célèbre, reçoit une lettre le jour de son anniversaire. Il n'a aucune indication sur la personne qui l'a envoyée. Dès le début de sa lecture, il apprend que le fils de l'auteure de cette mystérieuse épître est mort et que s'il lit cette lettre, c'est qu'elle aussi est décédée. Il découvre alors qu'il a passé sa vie à côté de quelqu'un sans même s'en apercevoir. 

Cette lecture n’a pas été de tout repos. Cela a même été une véritable lutte car j’éprouvais un véritable sentiment de rejet envers le personnage féminin et en même temps, j’étais totalement fascinée par cette histoire. Tout de suite après ma lecture, j’ai écrit ce qui suit.

Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer parce que c’est l’histoire d’une gamine qui tombe amoureuse d’un rêve.
Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer parce que cette passion aveuglante me semble excessive.
Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer parce qu’elle oublie totalement de vivre en espérant des miettes d’attention.
Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer parce que c’est l’histoire d’une « stalker » qui tombe amoureuse d’une star.
Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer parce qu’elle aime le héros « comme une esclave, comme un chien ».
Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer parce que tout le monde a déjà aimé sans retour et l’on s’en remet.
Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer parce que c’est l’histoire d’une femme qui gâche sa vie.
Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer parce que l’héroïne trouve toutes les excuses du monde un homme qui n’en a aucune.
Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer mais cette histoire m’a bouleversée.
Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer mais la fin m’a serré le cœur.
Cette nouvelle je ne voulais pas l’aimer mais à la fin, c’est Zweig qui a gagné.

Au final, c’est donc un coup de cœur car il est quand même très rare de lire un livre qui vous laisse un tel sentiment de malaise et en même temps qui arrive à vous émouvoir. Je n’adhère pas aux sentiments de l’héroïne qui pour moi tiennent plus de la folie que de l’amour, mais j’ai aimé le côté jusqu’au-boutiste de l’ouvrage ; cette véritable descente aux enfers qui ne s’arrêtera qu’à sa mort (je rappelle qu’on le sait dès le début). Son personnage est fascinant car on peut d’ailleurs se demander si au final elle n’est pas cruelle et égoïste de n’avoir rien dit de son vivant.

Je reprocherais juste à mon édition (celle du livre de poche) d’avoir les pires notes de bas de page du monde (et pourtant j’aime ça) parce qu’elles sont très confuses. Par exemple, il est écrit que le directeur de l’Opéra rend visite au héros. 
Note de bas de page :
entre 1918 et 1924, c’est Richard Strauss, le grand compositeur qui, après la mort en 1929 de son librettiste d’élection, Hugo von Hofmannsthal, allait demander un livret à Zweig : La Femme silencieuse, d’après Ben Johnson, opéra qui fut créé à Dresde en 1936 (et en l’absence de Zweig, alors en exil à Londres). Curieuse péripétie musicalo-politique de la machine nazie…
Résultat, on ne comprend même pas qui est le directeur de l’opéra, les dates sont totalement anachroniques étant donné que la nouvelle a été publiée en 1922 et en plus, on assimile le narrateur de la nouvelle à Stefan Zweig, ce qui m’a beaucoup perturbée, surtout que cela est fait à plusieurs reprises.

Je relirai sans aucun doute ce texte un jour, surtout que je pense que nos réactions doivent évoluer selon le moment où on le lit. Par contre, je ne suis pas sûre de regarder tout de suite l’adaptation, parce qu’elle est forcément différente de la nouvelle et j’ai envie de rester encore un peu avec mes souvenirs du livre.

dimanche 17 janvier 2016

Empoisonneuse à la cour des Borgia de Sara Poole (Francesca Giordano, Tome 1)




Résumé de l'éditeur : Rome, fin du XVe siècle. Bien plus qu'un art, l'empoisonnement est un véritable métier à la cour des Borgia. Et c'est celui de Francesca, comme de son père avant elle, jusqu'à ce qu'il meure dans la rue, roué de coups. Déterminée à venger son assassinat, la jeune femme prend la charge d'empoisonneuse au service du cardinal Rodrigo Borgia.Désormais au coeur des intrigues d'une des familles les plus puissantes de Rome, Francesca devient la confidente de Lucrèce Borgia et l'amante de César. Mais surtout, sa vendetta fait d'elle la pièce maîtresse d'une partie d'échecs immémoriale, dont l'issue pourrait replonger l'Europe dans l'obscurantisme...


Tout ce qui touche à la famille Borgia m’intéresse et cela faisait longtemps que je tournais autour de ce livre. J'avais quelques doutes en voyant la couverture du livre et le résumé, surtout qu'en général l'histoire de la famille Borgia est rarement traitée avec finesse (au hasard, la série de Canal +). Malgré cela, je n'ai pas pu résister à la tentation de découvrir ce livre quand je l'ai trouvé d'occasion, même si je n'en attendais pas grand chose. Je pensais tomber sur une romance historique mais en fait, on penche plus vers un roman d’aventures ce qui n’a pas été pour me déplaire.

Le personnage principal, Francesca, est assez original puisqu’il s’agit d’une tueuse et qu’en plus elle le revendique puisque c’est en assassinant son rival qu’elle obtient la place d’empoisonneuse auprès des Borgia. Elle va commettre d’autres meurtres au cours de cette aventure. C’est un personnage complexe car même si elle assume totalement ces meurtres, elle s’inquiète quand même pour le sort de son âme. Il est assez rare d’avoir une meurtrière comme héroïne (en tout cas plus rare qu’un meurtrier) et surtout on le sait dès le départ.

Comme annoncé dans le résumé, Francesca va coucher avec César mais l’auteur pour une fois ne sent pas le besoin de nous de nous expliquer en détail leur nuit passée ensemble. D’ailleurs, elle ne leur invente pas une histoire d’amour, puisque Francesca, même si elle a du mal à se l’avouer, est amoureuse d’un verrier, Rocco, qu’elle a refusé d’épouser car elle jugeait que sa position d’empoisonneuse était trop dangereuse pour lui et surtout pour son fils.

Le contexte historique est bien restitué. L’auteur connaît bien la période et ses descriptions des tenues et des décors  sont très réussies. J’ai aussi beaucoup aimé son portrait de Rodrigo Borgia. Elle rend bien le caractère ambivalent du personnage. Sous des dehors affables,  c’est un fin tacticien qui ne laisse rien au hasard et qui peut se révéler cruel. Il prend Francesca sous sa protection mais en échange, elle sait très bien qu’elle devra faire tout ce qu’il lui demande sans qu’il ait besoin de la menacer ouvertement. Leur relation est très intéressante car elle est faite autant de confiance que de méfiance.

Une grande partie de l’intrigue évoque le sort des juifs d’Europe. En 1492, ils ont été chassés du royaume d’Espagne et affluent à Rome notamment dans le ghetto. Francesca va devoir nouer des alliances avec eux, même si elle n’est pas exempte des préjugés de l’époque. 1492 est aussi une date essentielle pour la famille Borgia puisqu'il s'agit de l'année où Rodrigo devient pape. Le conclave est raconté de manière fort divertissante avec de nombreuses intrigues. 

Le rythme de l’intrigue est échevelé. Les héros se retrouvent à courir aux quatre coins de Rome pour effet d’empêcher qu’une décision catastrophique soit prise. On a le droit à une évasion du château Saint-Ange et à une course-poursuite dans les catacombes de la basilique Saint-Pierre qui se termine sous la charpente de la Chapelle Sixtine. C’est peut-être un peu trop pour être plausible, mais c’est extrêmement divertissant à lire d’autant plus quand on connaît Rome.

Le seul vrai bémol est qu’à la fin du livre Francesca commence à avoir des « visions ». Ce sont en fait des images de lieux qu'elle a déjà vus, mais elle n’avait pas besoin de cela.

Francesca est une héroïne intrépide qui n’a pas la langue dans sa poche et qui n’hésite pas à se mettre dans des situations dangereuses pour défendre ses idées et les personnes auxquelles elle tient. Même si évidemment il lui arrive 1000 fois plus d’aventures qu’à toutes les femmes de son époque réunies, j’ai passé un très bon moment avec ce livre et je compte bien lire la suite un jour prochain.



Le château Saint-Ange




mardi 12 janvier 2016

Dix petits nègres d'Agatha Christie



Aujourd'hui, c'est l'anniversaire des 40 ans de la mort d'Agatha Christie. C'est donc l'occasion de participer à une journée organisée pour célébrer la reine du crime dans le cadre du challenge A year in England.

J'ai choisi de lire Dix petits nègres début décembre en prévision de la diffusion de la nouvelle adaptation réalisée par la BBC. C'était le premier Agatha Christie que je lisais depuis mon adolescence et j'ai été happée par cette histoire dès les premières lignes.
J'ai essayé d'en dire le moins possible, mais ce n'est pas forcément facile car il se passe beaucoup de choses très rapidement. Donc si vous ne voulez rien savoir du tout, mieux vaut ne pas lire mon billet.

Dix personnes vont se retrouver invitées sur l'île du Nègre par un mystérieux Mr Owen (ou O'Nyme dans la traduction que j'ai lue) soit en tant que vacancier soit en tant qu'employé. La présentation des personnages est très rapide, tout en donnant quand même des caractéristiques qui permettent de les distinguer : un juge, un aventurier, un docteur, un jeune tête à claques, une vieille fille, une secrétaire, deux employés de maison... On sent dès le départ que chacun cache un secret.
Le soir de leur arrivée, une mystérieuse voix s'élève et les accuse chacun les uns après les autres d'avoir commis un meurtre. Évidemment, tous nient ces accusations. Mais, juste après cette annonce, l'un des invités fait une crise et décède. Le lendemain, une autre personne est retrouvée morte dans son lit. Des coïncidences suspectes se produisent : il y avait 10 petits statuettes sur la table, il n'y en a plus que 8, les décès semblent trouver un écho dans la comptine enfantine "Dix petits nègres" qui se trouve accrochée dans chaque chambre, leur hôte n'apparaît toujours pas... La tension monte parmi les survivants. Qui est donc le mystérieux Mr Owen ? Qui a tué les 2 invités ? Les autres vont-ils tous mourir ?

Voici la photo de l'île de Burgh Island dans le Devon
qui aurait inspiré l'île du Nègre
d'après François Rivière, Agatha Christie. La romance du crime. 


J’ai vraiment eu beaucoup de mal à lâcher ce livre, à tel point que j’ai failli m’endormir avec, puisque je voulais à tout prix savoir qui était responsable de ce qu’il se passait sur l’île. J’avais tellement envie de finir ma lecture que je n’ai pas pris le temps de m’arrêter pour réfléchir à ce qui avait bien pu se passer. Une idée floue s’était formée dans mon esprit, mais je ne voyais pas vraiment qui pouvait être responsable de tout cela. La fin ne m’a pas déçue car toutes les pièces du puzzle s’emboîtent.

En plus d’une énigme policière bien ficelée, j’ai aussi beaucoup apprécié la tension psychologique qui règne entre les protagonistes. Que faire si vous vous retrouvez isolé du monde et entouré d’inconnus ? À qui faire confiance d’autant plus que les meurtres se succèdent avec une rapidité effrayante ? Un des personnages les plus émouvants va d'ailleurs se révéler être un des êtres les plus froids.

 Au moment de ma lecture, ce sont les meurtres commis sur l’île qui m’ont frappée. Ils sont tous différents et inattendus quand bien même ils sont annoncés à l’avance par l’intermédiaire de la comptine. Mais, en repensant à ma lecture et surtout en regardant la série de la BBC (dont je reparlerai), ce sont les meurtres dont sont accusés les invités qui m’ont paru très intéressants. En effet, ils permettent de s’interroger sur la notion même de meurtre et la responsabilité des personnes. Si certains sont sans aucun doute coupables et le reconnaissent même froidement, pour d’autres c’est beaucoup plus compliqué. Certains ne pourraient d’ailleurs pas être poursuivis en justice pour ce qu’ils ont faits. S’ils ne sont pas responsables légalement, ils semblent toutefois être coupables moralement. L’épilogue final (dont je ne peux pas vraiment parler) permet aussi de réfléchir aux notions de moralité et d’amoralité. Agatha Christie nous propose un panorama d’une vingtaine de différents types d’homicide en partant de celui commis par accident jusqu’à celui commis de sang-froid en passant par ceux commis par indifférence. Elle laisse le lecteur décider de celui qui lui semble le plus cruel. 

Pour finir, j’ajouterai juste un petit mot sur la traduction. J’ai lu le livre en VF avec la nouvelle traduction de Gérard de Chergé. Je ne l’ai pas vraiment appréciée, notamment parce que le nom du propriétaire de l’île a été modifié comme je l’ai dit plus haut, mais aussi parce que je l’ai trouvée faussement moderne.  Par exemple, en version originale « If only I could get a job at some decent school. » est traduit par "Si seulement je pouvais me faire embaucher dans une boîte pas trop moche !". J’ai retrouvé chez mes parents l’ancienne traduction de Louis Positif et je pense que c’est celle que je privilégierai quand je relirai Dix petits nègres.

Cette lecture a déclenché chez moi l’envie de lire de nombreux livres d’Agatha Christie, je vous en reparlerai sans aucun doute très souvent en 2016 sur le blog.


Je vous parlerai aussi bientôt de la très bonne adaptation de ce livre par la BBC qui a été diffusée en décembre.

Le billet de Titine avec qui j'ai réalisé cette LC. 




dimanche 10 janvier 2016

Le manuscrit perdu de Jane Austen de Syrie James


On sait bien quand on décide de lire une austenerie que l’on peut tomber sur tout et n’importe quoi. À chaque fois, je dis qu’on ne m’y reprendra plus et à chaque fois, je craque. Ce fut le cas pour celui-ci. J’avais dit que j’attendrais de le trouver d’occasion et puis, au détour du rayon livre de mon supermarché, j’ai craqué et je l’ai acheté. Mais je dois dire que cela a été plutôt une bonne surprise par rapport à d’habitude.

Le livre raconte l’histoire de Samantha McDonough qui découvre, dans un livre acheté d’occasion, une lettre de Jane Austen. Celle-ci évoque un manuscrit qu’elle aurait perdu. Samantha se lance donc à sa recherche. Jane évoque le fait qu’il a disparu à Greenbriar dans le Devon. Samantha se rend dans cette demeure et convainc le jeune (et accessoirement beau) propriétaire de fouiller la maison pour retrouver le manuscrit.
Cette recherche du manuscrit prend environ 70 pages. Elle n’est pas désagréable car l’auteur connaît bien Jane Austen et son époque. Par exemple, il y a de nombreuses références à la littérature de l'époque en particulier à La Quichotte femelle de Charlotte Lennox (ouvrage que je ne connaissais pas).

Mais, ce qui m’a vraiment séduite dans cet ouvrage est le fameux manuscrit perdu qui est retrouvé et qui compose la majorité du livre puisqu’il fait entre 300 et 350 pages (coupé par quelques interludes sur lesquels je reviendrai).
Ce manuscrit s’intitule les Stanhope. Il raconte l’histoire de Rebecca Stanhope, jeune fille qui nous rappelle sans conteste les héroïnes austeniennes par sa vivacité d’esprit, par sa bonté, mais aussi parfois par son manque de jugement par rapport à certaines personnes. Son père, pasteur du petit village d’Elm Grove, doit aller acheter de nouvelles cloches pour l’église. Il s’arrête dans une auberge, mais le lendemain matin, il découvre que la somme difficilement réunie par ses paroissiens lui a été dérobée pendant la nuit. Meurtri, il retourne dans sa paroisse et propose sa démission. Son protecteur, Lord Percival, l’accepte. Il considère que Monsieur Stanhope s’est mal conduit car il a joué aux cartes à l’auberge et il l’accuse presque d’avoir joué l’argent des paroissiens. Lord Percival s’empresse ensuite de donner la place vacante à son neveu, Philip Clifford.
Rebecca et son père sont donc contraints de partir. Ils se rendent chez la fille aînée du pasteur, Sarah et tentent de s’adapter à leur nouvelle vie.

Je ne me prononcerai pas sur le style de Syrie James puisque j’ai lu la version française mais il me semble tout de même meilleur que ce que l’on peut lire habituellement.
J’ai surtout été séduite par la façon dont Syrie James a réussi à assimiler les situations et les types de personnages austeniens, tout en créant une intrigue qui lui est propre.
Les promenades, les visites, les repas, les bals, les lettres jouent un rôle essentiel dans ce livre et sont décrits avec précision tout en faisant avancer l’intrigue. Dans la galerie des personnages, on retrouve un jeune premier séduisant au premier abord, un homme plus discret qui se révélera plus tard, une sœur affectueuse, un père sympathique mais un peu inconséquent au niveau financier, un personnage très pompeux mais drôle, une douairière donneuse de leçons, une amie qui va se révéler très égoïste… ces personnages sont éminemment austeniens tout en ayant leur propre caractère. Si l’avenir des héros masculins est très facile à deviner, j’ai eu quelques bonnes surprises grâce à des retournements de situation que je n’ai pas vu venir. Il y a aussi quelques quiproquos qui entraînent des scènes réjouissantes grâce à des méprises (notamment une scène de demande en mariage ratée qui est vraiment drôle). C’est aussi l’un des points positifs de ce roman. D’habitude, les auteurs d’austeneries  se concentrent sur les histoires d’amour au détriment de l’humour et des relations sociales mais, ce n’est pas le cas ici. De plus, il n’y a rien d’extravagant. Par exemple, le mystère de l’argent disparu sera résolu d’une manière simple mais pleine de bon sens. Seul peut-être le départ de Bath ressemble plus à du Dickens qu’à du Jane Austen.

Comme je l’ai dit plus haut, le manuscrit est tout de même entrecoupé de quelques interludes contemporains qui ne sont pas forcément très intéressants, voire parfois un peu maladroits, notamment quand l’héroïne commente le manuscrit puisqu’elle dit qu’il ressemble vraiment au style de Jane Austen alors que l’on sait bien que c’est Syrie James qui l’a écrit. Cela donne la désagréable impression que l’auteur s’envoie des fleurs. En même temps, vu que l’intrigue tourne autour d’un manuscrit inédit, cela semble logique que les héros donnent leurs impressions sur le style, mais cela manque un peu de subtilité.
Je regrette aussi que la fin de l’intrigue tourne beaucoup autour de l’argent (c'est quasiment le cas dans toutes les austeneries américaines que j’ai lues). L’histoire d’amour contemporaine semble aussi très artificielle puisque, comme souvent dans ce type d’ouvrage, les héros tombent amoureux en deux jours.

Il y a une certaine continuité par rapport aux autres oeuvres de Syrie James puisqu’elle a écrit un livre intitulé The lost memoirs of Jane Austen (non traduit) qui raconte la découverte d’un coffre avec les mémoires de Jane Austen. Cette intrigue est évoquée dans ce roman et il me semble que le personnage du professeur spécialiste de Jane Austen soit le même que dans celui du premier livre.

Au final, j’ai passé un très bon moment avec ce livre. Je pense que je relirai sans aucun doute la partie qui correspond au manuscrit et que je sauterai peut-être la partie contemporaine.

Je ne sais pas si Milady va traduire les autres ouvrages de Syrie James consacrés à Jane Austen, mais ils vont publier en mars en grand format Le journal secret de Charlotte Brontë, que je lirai sans doute quand il sortira en poche.

En tout cas, c'est la meilleure austenerie que j'ai lue en 2015, les autres étant Darcy what else ? de Teri Wilson et De Darcy à Wentworth de Sybil Brinton (pas de billet). 

Il me reste encore quelques austeneries dans ma PAL (au moins celles-là je les ai toutes achetées d'occasion). Le cadre Mr Collins était un cadeau de Syl. 




Je participe au challenge A year in England chez Titine. 


mercredi 6 janvier 2016

Le challenge Tudors



Et voici le mystérieux challenge que Titine et moi avons évoqué sur nos blogs et que nous allons co-organiser : il s'agit d'un challenge consacré à une de nos passions communes : les Tudors !

Le but est évidemment de lire des ouvrages sur la période et de regarder des films et des séries.

Même Arte a visiblement envie de participer à notre challenge puisque la chaîne diffusera Wolf Hall la série adaptée des livres d'Hilary Mantel le 21 et le 28 janvier. A cette occasion, nous vous proposons de faire un billet sur le livre ou l'adaptation, voire sur les deux s'il y a des volontaires pour le 5 février.

Si vous ne savez pas quoi lire, nous vous avons préparé une bibliographie (bien évidemment non exhaustive) et vous pouvez aussi lire le billet que j'avais fait l'an dernier sur ma Tudormania.

Bonne découverte ou redécouverte des Tudors !


Les ouvrages historiques généraux sur les Tudors :
Les Tudors de Liliane Crété (il y a 2 versions, une de poche et une illustrée, les textes ne sont pas les mêmes).

Les ouvrages historiques sur Henry VIII : 
Henri VIII : Le pouvoir par la force de Bernard Cottret

Les ouvrages de fiction où Henry VIII n'est pas le personnage principal : 
Le prince et le pauvre de Mark Twain
Deux sœurs pour un roi de Philippa Gregory
L’héritage Boleyn de Philippa Gregory
La malédiction du roi de Philippa Gregory
Reines de cœur de Catherine Hermary-Vieille
Les lionnes d’Angleterre de Catherine Hermary-Vieille
Série Matthew Shardlake de CJ Sansom
Dans l’ombre des Tudors (Wolf Hall) d’Hilary Mantel
Le pouvoir d’Hilary Mantel
Mariée et soumise au temps des Tudors d’Elizabeth Moss

Les séries sur Henry VIII : 
Les six femmes d’Henry VIII, BBC (1970)
Henry VIII, ITV (2003)
Les Tudors, Showtime (2007-2010)

Les films sur Henry VIII :
La vie privée d’Henry VIII d’Alexander Korda (1933)

Les films et les séries où Henry VIII apparaît, mais n’est pas le personnage principal :
Le prince et le pauvre de Willian Keighley (1937) 
La rose et l’épée de Ken Annakin (1953)
Un homme pour l’éternité de Fred Zinnemann (1966)
La reine des 1000 jours de Charles Jarrott (1969)
Deux sœurs pour un roi, BBC (2003)
Deux sœurs pour un roi de Justin Chadwick (2008)
Wolf Hall, BBC (2015)


Les ouvrages historiques sur Elizabeth I : 
La royauté au féminin : Elisabeth Ire d’Angleterre de Bernard Cottret

Les fictions sur Elizabeth I : 
Kenilworth de Walter Scott

Les ouvrages de fiction où Elizabeth I n'est pas le personnage principal : 
Série Giordano Bruno de SJ Parris
Série Nicholas Bracewell d'Edward Marston 
Série Ursula Blanchard de Fiona Buckley 
Série Robert Carey de PF Chisholm (= Patricia Finney) 
Série Lady Grace de Patricia Finney 
Série Lucy et John Dee de Mary Hooper 
La Dame et le poète de Maeve Haran (sur John Donne) 
Marie Stuart de Stefan Zweig 

Les séries sur Elizabeth I: 
Kenilworth, BBC (1967)
Elizabeth R, BBC (1971)
Elizabeth I, HBO (2005)
Elizabeth, The Virgin Queen, BBC (2006)


Les films sur Elizabeth I: 
La vie privée d’Elizabeth d’Angleterre de Michael Curtiz (1939)

La reine vierge de George Sidney (1953)
Le seigneur de l’aventure de Henry Koster (1955)
Elizabeth de Shekhar Kapur (1998)
Elizabeth, The Golden Age de Shekhar Kapur (2007)

Les films et les séries où Elizabeth I apparaît, mais n’est pas le personnage principal : 
Mary Stuart, reine d’Ecosse de Charles Jarrott (1971)
Blackadder, (de nombreux épisodes) BBC (1986-1999)
Shakespeare in love de John Madden (1998)
Gunpowder, Treason & Plot, BBC (2004)
Doctor Who, S3Ep2, BBC (2007)
Les Tudors, S4, Showtime (2010) :
Anonymous de Roland Emmerich (2011)
Doctor Who, The day of the doctor, BBC (2013)
Bill de Richard Bracewell (2015) 

dimanche 3 janvier 2016

La mystérieuse affaire de Styles d'Agatha Christie (Hercule Poirot, Tome 1)



Je n’ai jamais été une grande fan d’Agatha Christie. Je pensais même jusqu’à peu que je n’aimais pas ses ouvrages, n’ayant que de vagues souvenirs de mes lectures de jeunesse (sans doute Mort sur le Nil, mais je ne n’en suis même pas sûre). Mais, je m’étais promis de réessayer. L’occasion m’en a été donnée par la diffusion de la nouvelle adaptation par la BBC de Dix petits nègres. J’ai donc lu cet ouvrage qui m’a happée dès les premières pages. J’en reparlerai bientôt puisque je publierai mon billet pour les 40 ans de la disparition d’Agatha Christie le 12 janvier. J’ai eu envie de poursuivre ma découverte de l’œuvre de « la reine du crime ». Comme je suis monomaniaque, j’ai décidé de lire ses ouvrages dans l’ordre chronologique d’écriture ou tout du moins dans l’ordre chronologique pour chaque série. Ma première lecture est donc celle de la première aventure d’Hercule Poirot, intitulée La mystérieuse affaire de Styles.

Hastings, soldat blessé lors de la première guerre mondiale, rencontre un de ses anciens amis, John Cavendish, qui l’invite dans la demeure familiale de Styles Court dans l’Essex. Il découvre que l’ambiance est assez tendue puisque Lady Cavendish, la belle-mère de John, s’est remariée avec un homme de 20 ans son cadet, Alfred Ingelthorp. Celui-ci est suspecté par l’entourage de lady Cavendish d’en vouloir surtout à son héritage. Les pires craintes de la famille se réalisent quand Lady Cavendish est retrouvée morte dans son lit alors qu’elle s’était enfermée à clef dans sa chambre. Rapidement, on pense qu’elle a été assassinée et tous les soupçons se portent sur son mari. La famille demande à  Hercule Poirot, dont Hastings a vanté les qualités en tant que détective, de faire la lumière sur ces événements.

J’ai beaucoup aimé cette première aventure. L’intrigue est assez classique puisqu’il s’agit de trouver la solution à un meurtre qui s’est déroulé dans une pièce fermée à clef. La grande force d’Agatha Christie est de nous emmener là où elle veut. Elle nous présente différents suspects potentiels de manière successive et on peut même anticiper un peu ceux qui vont être suspectés. Mais, j’ai perdu de vue la vision d’ensemble, doucement endormie par les faux indices livrés par Poirot. En effet, celui-ci nous lance sur « de fausses pistes » car ses déclarations ont un double sens que l’on ne saisit pas du tout lors de la première lecture. C’est seulement quand il les explique à Hastings que l’on se rend compte à quel point on a mal interprété ses propos.  Même si j’avais pensé au coupable et à son motif à un moment de ma lecture, je n’y pensais plus au moment de la révélation. J’ai beaucoup aimé me faire mener par le bout du nez par Agatha Christie. La résolution de l’intrigue se fait de manière très classique puisque tous les suspects sont réunis dans une seule et même pièce au moment des explications (je me demande d’ailleurs qui a inventé ce principe ? ? ?).

Le duo Hercule Poirot /Arthur Hastings nous rappelle un autre duo célèbre : Sherlock Holmes et John Watson. Dès les premières lignes, Hastings nous raconte qu’on lui a demandé de mettre par écrit les événements auxquels il a assisté et devient donc le narrateur des aventures d’Hercule Poirot comme Watson est celui de Sherlock. Mais, Hastings à d’autres points communs avec Watson. Tout d’abord, c’est un blessé de guerre (on apprend qu’il a participé à la première guerre mondiale). Ensuite, c’est par l’intermédiaire d’un ancien camarade qu’il va retrouver Poirot (il l’a déjà rencontré auparavant lors d’une enquête en Belgique). Hastings a aussi le même rôle de faire-valoir que Watson. Il est très souvent perdu face aux déclarations sibyllines de Poirot, à tel point qu’il se demande même si celui-ci ne perd pas la tête. Cela permet au lecteur de ne pas se sentir dépassé par les événements car, si bien souvent on ne comprend pas ce que dit Poirot, on n’a quasiment toujours un temps d’avance sur Hastings. Enfin, comme Watson, Hastings a un grand faible pour les femmes. Le passage le plus drôle du livre est sans aucun doute sa déclaration d’amour et sa demande en mariage. Le pauvre Hastings se fait rire au nez ! Il faut dire que sa demande était plus que précipitée.

J’ai aussi beaucoup aimé que le contexte apparaisse en filigrane puisque la guerre n’est pas finie (l’intrigue se déroule sans doute en 1916). Hastings y a participé, on évoque aussi les restrictions liées à ce contexte et si Poirot se trouve en Angleterre c’est parce qu’il a quitté la Belgique suite à ce conflit.

Même si j’ai décidé de lire les aventures dans l’ordre et que celle-ci est la première qui a été écrite par Agatha Christie, elle peut très bien être lue à part car on n’assiste pas vraiment à la première rencontre entre Hastings et Poirot puisque ceux-ci ont déjà participé à une enquête ensemble en Belgique (je me demande d’ailleurs si cette histoire a été racontée plus tard par Agatha Christie). On rencontre aussi James Japp qui, d’après ce que je sais, deviendra un personnage récurrent des aventures des héros d’Agatha Christie.

J’ai beaucoup aimé cette première aventure et je compte donc poursuivre ma découverte des autres ouvrages de l’auteur (j’ai d’ailleurs déjà continué au moment où j'écris ce billet).



J’en ai aussi profité pour regarder l’adaptation télévisée avec David Suchet. Ce n’est pas le premier épisode de la série, mais j’ai décidé de les regarder dans l’ordre de mes lectures et non pas dans celui de la diffusion. Cela ne m’a d’ailleurs pas dérangée puisque, comme je l’ai dit, ce n’est pas leur première rencontre. Dans l’adaptation comme dans le livre, ils se retrouvent par hasard à Styles Court. L’adaptation est très réussie. Elle est très fidèle, même s’ils ont dû faire quelques coupures dans l’intrigue (par exemple un des suspects n’apparaît pas, mais cela n’est pas gênant). Ils ont bien développé le contexte historique. Au casting, on retrouve David Rintoul (Darcy dans Orgueil et préjugés 1980).David Suchet est un excellent Poirot. J’ai regardé l’épisode en VO et c’est d’autant plus savoureux car il parle anglais avec l’accent français (son accent est vraiment excellent) et il ponctue ses phrases d’expressions françaises ce qui est évidemment perdu lorsqu’on lit la traduction.


Je compte donc aussi continuer ma découverte des adaptations.

Ce billet fait partie du challenge A year in england. 


vendredi 1 janvier 2016

Le bilan et quelques envies de lectures pour 2016


Pourquoi cette photo me direz-vous ? Ce n'est pas tant pour ce qu'il y a dessus, que pour le moment qu'elle me rappelle. J'étais en haut de Primrose Hill à Londres et je faisais une pause (ça grimpe!) en regardant Facebook. J'ai reçu un message de Titine qui me proposait d'organiser un challenge avec elle en 2016 (vous saurez bientôt la thématique, patience...). J'ai évidemment dit oui. Et pendant ce temps-là, j'avais Londres à mes pieds...

Je fais un petit bilan, car on ne peut pas dire que le blog aura été animé cette année. La faute au temps qui disparaît trop vite. La faute au boulot et aux trop nombreuses réunions. La faute aussi à une inscription dans une salle de sport. Comme bizarrement, je n'arrive pas à lire en courant, mon nombre de livres lus a un peu diminué depuis septembre. La faute aussi aux séries car j'en ai regardé beaucoup cette année.

Mais la passion de la lecture est toujours là. Je regrette même de ne pas pouvoir échanger sur chacune de mes lectures, parce que c'est toujours un plaisir de savoir ce que vous en pensez, donc je vais essayer de bloguer un peu plus cette année, surtout que j'ai de nombreuses ébauches de billets que j'ai juste à finaliser.

J’ai aussi eu moins de temps pour visiter les blogs et j’ai l’impression d’avoir fait un peu moins de découvertes que les autres années.



Même si j’ai lu à peu près le même nombre de livres que les autres années (105), je n’ai eu que deux coups de cœur. Le premier pour All Clear de Connie Willis qui une fois de plus m’a transporté, m’a enthousiasmé, et m’a fait pleurer. Le deuxième pour Photograph 51 d’Anna Ziegler. Il s’agit du texte de la pièce de théâtre qui a été jouée à Londres cet automne avec Nicole Kidman. J’ai dévoré la pièce dès que je suis rentrée à l’hôtel.

Pour le reste, même si j’ai passé de bons moments de lectures, j’ai eu tendance à privilégier des lectures « faciles », qui me demandaient moins de concentration, comme par exemple les policiers ou la romance. Mon bilan manque de classiques.


J’ai quand même fait de belles découvertes, à commencer par les romans de Michael Connelly. J’en ai lu 7 cette année et je compte bien poursuivre ma découverte l’an prochain.

Autre série que j’ai dévorée puisque j’en ai lu 9 : celle de Brenda Joyce dont l’héroïne Francesca Cahill m’a beaucoup plu.

J’ai aussi pris beaucoup de plaisir à relire avec Claire la série d’Edward Marston sur le théâtre élisabéthain. Nous continuerons sans aucun doute cette année.

Enfin, j’ai commencé en décembre à lire des Agatha Christie et je me rends compte que j’adore cela. J’ai donc décidé de les lire dans l’ordre de parution. J’en suis déjà à mon cinquième.



J’ai beaucoup moins diversifié mes lectures que d’habitude.
Je compte donc changer cela cette année. J’ai fait une liste de livres qui sont dans ma PAL et que je vais essayer de lire absolument cette année.
22. 11. 63 de Stephen King (que j’ai commencé hier car la série télévisée sera diffusée à partir du 15 février).
Le conseiller d’Hilary Mantel (car son adaptation sera diffusée sur Arte à partir du 21 janvier).
Tess de Thomas Hardy (parce que je l’ai commencé et que j’ai adoré mais que je n’ai pas eu le temps de le finir).
Ma cousine Rachel de Daphné du Maurier (parce que je n’ai lu aucun de ses livres cette année et que ça m’a manqué).
Eugène Onéguine de Pouchkine (je l’avais commencé et je l’avais adoré mais je n’avais pas envie de le terminer tellement je trouvais cela beau, il serait temps que je fasse).
La dame en blanc de Wilkie Collins (j’ai très envie de le lire depuis longtemps et en plus la BBC vient d’annoncer qu’elle allait l’adapter à nouveau en 2016).
Oliver Twist de Charles Dickens (je n’ai pas lu non plus de Dickens cette année alors que j’adore cet auteur).
Beaux et damnés de Francis Scott Fitzgerald (j’ai envie de lire un nouveau Fitzgerald puisque Gatsby avait été un gros coup de cœur).
Accordez-moi cette valse de Zelda Fitzgerald (parce que tant qu’à lire Scott autant lire aussi Zelda).
Portrait de femme d’Henry James (parce que je l’ai commencé et je l’aimais beaucoup, mais je n’ai pas eu le temps de finir).
La rose pourpre et le lys, tome 2 de Michel Faber (parce que j’ai lu le tome 1 et que je n’ai pas lu le 2).
Adorable Sophy et Frederica de Georgette Heyer (parce que j’aime beaucoup cette auteur et que ses ouvrages donnent souvent le sourire).
The Cuckoo’s calling de Robert Galbraith (parce que je l’ai acheté en grand format à Bath avant qu’il soit traduit en français et que je n’ai toujours pas lu).
Thérèse Raquin d'Emile Zola (parce que comme ça on ne pourra pas dire que je ne lis pas de français ^^)
Un Stefan Zweig, un Vita Sackville-West, un Sandor Marai et un Anthony Trollope (je ne sais pas encore lesquels, parce que j’en ai plusieurs dans ma PAL).
Enfin, un qui n’est pas encore dans ma PAL mais qui le sera dès sa sortie en poche : Westwood de Stella Gibbons.
Et La vérité sur l'affaire Harry Québert de Joël Dicker comme me l'a rappelé gentiment Mrs Figg ;-) 

J’espère les lire tous dans les six premiers mois de cette année. Je me suis fait une belle petite liste dans un beau carnet où je pourrais rayer au fur et à mesure les titres lus (parce qu'il faut bien l'avouer la moitié du plaisir vient du fait de rayer à la règle le nom du livre dans sa liste, non ?).
Voilà pour ce bilan et mes espoirs, même si comme d’habitude je risque fort de ne pas suivre du tout ma liste.




                                                        Bonne année 2016 !