vendredi 17 juillet 2015

Journal d'une courtisane de Priya Parmar



Avant-propos : La Restauration est l'une de mes périodes historiques préférées et je n'ai pas pu résister à la tentation quand j'ai vu que ce livre était paru en poche puisqu'il raconte l'histoire de Nell Gwynn, l'une des très nombreuses maîtresses de Charles II.

Mon résumé : De 1662 à 1670, Nell Gwynn confie ses espoirs journal intime alors qu'elle n'est qu'une jeune marchande d’huîtres.

Mon avis : Le principal problème du livre est qu'il est composé sous la forme d'un journal intime, auquel viendront se joindre quelques lettres envoyées à Nell et bizarrement la correspondance entre le roi, sa soeur et sa mère. Ce n'est pas vraiment une forme qui s'adapte bien à un récit historique surtout que le style employé ici est peu soutenu (Nell a 12 ans au début du journal et 20 à la fin du livre) et plutôt dans une langue modernisée. Les sujets de discussion des lettres royales sont parfois un peu surprenant comme le fait que Charles évoque sa nuit de noces dans sa correspondance avec sa soeur en disant qu'il a essayé de ne pas faire mal à la reine comme sa soeur le lui avait conseillé. Cela ne m'a pas semblé être un sujet de discussion particulièrement royal (je précise tout de même qu'il ne lui dit que cela, on ne tombe pas dans le graveleux).
Ce qui ressort du portrait dressé par l'auteur est que Nell Gwynn était gentille et amoureuse du roi. Je pense qu'il doit y avoir quand même un peu plus à broder que cela autour du personnage.

La bonne surprise est que le livre se concentre principalement sur la carrière théâtrale de Nell et non pas sur son rôle de maîtresse royale. On entre dans le Theatre Royal de Drury Lane (qui existe encore aujourd'hui) et dans la compagnie de Thomas Killigrew avec des acteurs aussi célèbres que Edward Kynaston et Margaret Hughes (héros de Stage Beauty dont l'histoire est ici bien différente). On rencontre les auteurs John Dryden et Aphra Behn (considérée comme l'une des premières femmes de lettres professionnelles anglaises - dont Virginia Woolf dit "All women together ought to let flowers fall upon the tomb of Aphra Behn which is, most scandalously but rather appropriately, in Westminster Abbey, for it was she who earned them the right to speak their minds."). Autour d'eux gravitent les hommes les plus sulfureux de la Restauration comme le duc de Buckingham et le comte de Rochester. Même si ces aspects sont intéressants, je ressors un peu frustrée car les représentations théâtrales ne sont pas vraiment mises au premier plan (contrairement par exemple à l'excellente série d'Edward Marston sur le théâtre élisabéthain). L'auteur se concentre plus sur les relations entre les personnages, le problème étant bien entendu qu'elle imagine des degrés d'intimité qui n'existaient peut-être pas (Edward Kynaston est considéré comme le confident de Nell).

Le livre se concentre sur une période assez courte, celle de la carrière de Nell. Le livre se termine sur ses adieux avec ensuite un épilogue qui se déroule 17 ans plus tard, à sa mort. J'aime bien, quand je lis une biographie romancée, suivre le personnage jusqu'à la fin de sa vie et ne pas avoir l'impression de le laisser en cours de route. Le titre anglais "Exit the actress" rendait compte de ce fait, mais pas le titre français. Je trouve dommage de ne pas évoquer la moitié de la vie de Nell. Surtout que cela donne au livre une fin un peu à l'eau de rose puisque Nell a un enfant du roi, qu'elle amoureuse de lui et on nous dit qu'il ne couche plus avec personne d'autres. C'est sur que s'il avait fallu continuer à raconter sa vie, l'auteur n'aurait pas pu terminer sur un happy-end.

En quelques mots : Une version très romancée de la vie de Nell Gwynn qui rend compte de l'effervescence et de la richesse culturelle de l'époque de la Restauration mais qui reste un peu trop en surface. Cela peut-être une porte d'entrée si on ne connaît pas cette période, mais sinon il laisse un peu sur sa faim.

A noter que l'auteur que l'auteur a récidivé puisque son nouveau livre Vanessa and her sister (Vanessa Bell et Virginia Woolf) est aussi rédigé sous la forme d'un journal.

Sinon, j'ai fait un tableau sur Pinterest avec les principaux personnages.

Il s'agit de ma première participation au challenge de Titine A year in England. 


8 commentaires:

  1. Le "devoir conjugal" était primordial à cette époque pour le roi et je crois que Marie-Antoinette en parlait beaucoup dans les lettres à sa mère et à son frère, puisque son frère avait séjourné à la cour pour aider son mari à "l'honorer". Mais c'est vrai que la langue modernisée me chiffonne toujours un peu aussi, tout comme les journaux intimes où l'âge semble peu vraisemblable (et une marchande d'huitre sait lire et peut s'acheter du papier ?).

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    1. Alors en fait je n'ai pas été claire c'est surtout le côté "en essayant de ne pas lui faire mal" qui m'a fait lever un sourcil, car il est dit que Henriette-Anne avait eu mal lors de sa nuit de noces. Je ne suis pas vraiment persuadée que le fait de ne pas faire mal à sa partenaire soit un sujet de discussion de l'époque, ni qu'un homme suive les conseils de sa soeur. Après oui le coup de la tâche de sang, certains personnages qui écoutent les ébats... sont des sujets de conversations mais là ça me semblait un peu trop.
      J'ai oublié de préciser que l'auteur dit à la fin que Nell est considérée comme illettrée mais qu'elle a passé outre ce fait pour écrire son roman. Comme elle le précise, je me dis pourquoi pas, mais à ce moment-là, il faut qu'elle aille jusqu'au bout et que ca ait plus la forme d'un journal intime parce que certaines scènes sont décrites comme si elles étaient vues par un narrateur externe donc je ne vois pas bien l'intérêt d'avoir utilisé la forme du journal.

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  2. Ce livre me tente énormément, malgré tes petites déceptions. Je vais quand même essayer la lecture :-)

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    1. Je te comprends, j'avais lu des avis mitigés, cela ne m'a pas empêché de l'acheter ^^

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  3. Je passe. trop de choses à lire en ce moment, et tes bémols signalent des choses qui m'agacent beaucoup !

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    1. Oui ça m"agace aussi, mais j'adore cette période et les livres la concernant ne sont pas toujours traduits en français donc j'ai tendance à sauter un peu dessus même en connaissait les risques !

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  4. Je ne connaissais ni le livre ni le personnage. Mais tu es trop mitigée pour que je me lance ! C'est dommage, c'est une période que je connais mal.

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    1. Dans le genre pavé, je te conseille le cercle de la croix de Iain Pears sur la période de la Restauration. Il y a aussi Le don du roi de Rose Tremain qui doit être très bien, mais je ne l'ai pas lu encore (mais le film est bien, donc je pense que le livre aussi).

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