mardi 19 mars 2013

Hôtel Iris de Yôko Ogawa

Avant-propos : Si j'adore lire des romances rose bonbon où je sais comment tout va se dérouler, parfois j'aime aussi lire des oeuvres un peu plus transgressives. C'est pour cela que j'avais acheté ce livre d'Ogawa.

Mon résumé : Dans une station balnéaire anonyme, Mari, 17 ans, s'occupe de la réception de l'hôtel familial, quand, un soir, un incident se produit : une femme sort d'une chambre d'hôtel en hurlant sur l'homme qui se trouve encore à l'intérieur, l'accusant de pratiques sexuelles malsaines (quand bien même la dame est visiblement une prostituée). Alors, la voix de l'homme s'élève : "Tais-toi, putain". Le ton autoritaire sur lequel est prononcé cette phrase fascine Mari. Quelques jours plus tard, la jeune fille croise l'homme dans la ville et se met à le suivre. Celui-ci s'en rend compte. S'engage alors entre eux une étrange relation.

Mon avis : On ne peut pas vraiment dire que j'ai été séduite, on ne peut pas vraiment dire que j'ai été choquée.
J'ai aimé le style d'Ogawa, très japonais (dans l'idée que je m'en fais par rapport aux traductions), c'est à dire épuré, un peu glacé mais assez poétique.
Ogawa met en scène la rencontre de 2 solitudes. L'homme est un traducteur de russe de 67 ans qui vit reclus sur une île au large de la station balnéaire et de Mari qui ne rencontre personne d'autre que les clients de l'hôtel, vu qu'elle est déscolarisée (décision maternelle). La différence d'âge ne m'a pas choquée plus que cela, car Mari est tellement esseulée, que je pense que cela aurait pu succomber à n'importe qui (une femme, par exemple). Elle le suit car c'est la seule personne qui va s'intéresser à elle. Ce qui est très troublant chez Mari, c'est le mélange qu'elle va faire entre la soumission/ humiliation /plaisir sexuel et l'amour. Complètement soumise et parfois avilie, elle va dire juste après qu'ils n'ont jamais été aussi proches et qu'elle ne veut pas le quitter de la nuit, ce qui est pour le moins déconcertant (enfin selon moi^^). Quand Mari a une relation sexuelle "traditionnelle", elle n'évoque à aucun moment le plaisir. De plus, j'ai assez aimé la dualité du traducteur qui se montre timide et maladroit dans la station balnéaire et qui devient tyrannique et autoritaire dans ses relations sexuelles. D'ailleurs, il écrit à Mari des lettres d'amour plutôt jolies dans les extraits qui nous sont proposés (et pas du tout sexuelles).

Ce qui m'a vraiment dérangée, c'est le manque de finesse psychologique :

  • Mari est soumise sexuellement et y trouve du plaisir, comme par hasard elle est soumise à sa mère depuis l'enfance (sa mère lui coiffe encore les cheveux tous les matins, alors qu'elle a 17 ans, lui a fait arrêter l'école pour qu'elle vienne s'occuper de l'hôtel, elle n'a pas le droit de sortir sans avoir une bonne raison...). 
  • Mari va à la fête foraine en compagnie du traducteur, alors que c'était l'une des rares sorties qu'elle faisait régulièrement avec son père, qui est mort quand elle était jeune. De plus, elle a dû soigner son grand-père alors qu'il se mourrait d'un cancer. Complexe d'Electre es-tu là? 
  • Le traducteur parle à Mari de son neveu qui a juste quelques années de plus qu'elle et qui doit lui rendre visite. Humm mais que va-t-il donc bien se passer???
  • Le traducteur aime asphyxier Mari avec un foulard ce qui a un lien très fort avec la façon dont sa femme est morte.
Bref, on se croirait dans un cours de psychologie pour débutants, avec des ficelles grosses comme des bras, alors que justement, s'il y a bien un livre où je m'attendais à ne pas avoir toutes les clés en main, c'est bien celui-ci. Heureusement, quelques passages gardent un peu de mystère comme ce qui arrive au traducteur et à son neveu à la fin.

En quelques mots : un peu déçue par le côté trop explicatif de l'ensemble, j'ai tout de même apprécié la plume de l'auteure et je pense que je tenterai un autre de ses ouvrages pour me faire une idée. (Mais ça permet au moins de me conforter dans l'idée que je n'ai pas envie de me retrouver saucissonnée et pendue à un crochet "comme une crevette" en train de me prendre des coups de cravache à côté d'une souris morte^^) [Je ne vous raconte pas les mots-clefs de recherche que va donner ce que je viens d'écrire]

Participation au challenge écrivains japonais d'Adalana

22 commentaires:

  1. le style de Ogawa est toujours très concis, je trouve. Pas de fioritudes, c'est sans doute pourquoi tu as ressenti une psychologie un peu "primaire"
    je suis en train de la lire et j'aime assez bien son style "pur" et "efficace"

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    1. Oui mais il y a d'autres auteurs japonais qui concilient une écriture épurée avec une psychologie plus fouillée ou au contraire un contenu plus énigmatique, je ne pense pas que ce soit juste une question de style. Sur les sites, il fait partie des moins bien notés, je pense que ce n'est tout simplement pas son meilleur, c'est pourquoi j'essaierai un autre de ses ouvrages.

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  2. De tous les Ogawa, c'est celui qui semble recueillir les avis les plus partagés... ce qui explique pourquoi je ne l'ai pas encore lu, bien qu'il soit dans ma PAL depuis presque un an ! J'en ai pris un autre à la bibliothèque : "Parfum de glace". Je le lirai la semaine prochaine.

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    1. Oui, la moyenne est assez basse sur Babelio et sur Goodreads. Moi aussi il traînait, je l'ai retrouvé avec un peu de poussière sur le bout du nez. Je pense que je tenterai La formule préférée du professeur. J'attends ton avis sur Parfum de glace dont le thème m'attire aussi, mais dont les avis sont aussi assez partagés.

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  3. J'aime avoir mal...
    Oh oui ! encore...
    Noeuds de marin solides...
    Hum, Shelbylee j'espère que tu nous feras partager tes critères de recherche.
    Je trouve que tu t'en es super bien sortie avec ce billet. Il est fort joliment écrit. je ne pense pas lire ce livre, mais tu en parles très bien. Bravo

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    1. Ca va être beau avec ce que tu me rajoutes comme mots clefs ;-) Merci, parce que j'ai bien cravaché^^ pour l'écrire et ce n'est pas si simple d'argumenter sur ce type de sujet.

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  4. Je vais aussi présenter cet auteur pour le challenge d'Adalana mais ce roman, je ne l'ai pas lu. Je crois que l'auteur aime bien présenter des jeunes femmes soumises, j'ai ça aussi dans ma lecture. J'en parle tout bientôt sur mon blog (avant la fin du mois !).

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    1. Je lirai ton billet avec plaisir ! Je pense que c'est effectivement un de ses thèmes récurrents, mais j'ai vu quand même qu'elle avait l'air d'avoir des ouvrages assez diversifiés. En tout cas, je ferai un autre essai.

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  5. J'ai un peu de mal avec la littérature japonaise, en particulier avec le mélange de poésie épurée très pudique (que j'adore) et de scènes de cul (je pense que l'on peut utiliser ce mot - et bim pour tes stats ah ah!) complètement crues et sordides. Du coup, ce que tu racontes là ne me donne pas vraiment envie de me rabibocher avec!

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    1. Je te comprends, comme toi, je préfère la première partie à la deuxième, mais quelque part cette grande pudeur et cet étalage sexuel me fascine aussi un peu. Est-ce parce que certaines choses sont trop réprimées qu'elles s'expriment de cette manières ?
      Les gens sont hyper décevants avec toutes les recherches possibles aujourd'hui j'ai seulement eu Autumn de Delerm...Pourtant, on s'est donné tellement de mal ;-)

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    2. Oui, je comprends que cet aspect puisse être fascinant et je pense que tu n'as pas tort quand tu parles de choses réprimées (selon moi, -je suis loin d'être experte et je me trompe peut-être - beaucoup d'aspects de la culture japonaise fonctionnent sur ce mode là), alors j'imagine que dès qu'il s'agit de sexualité, c'est juste un carnaval de refoulements et de névroses!

      Je proposerai bien de te rajouter quelques jolis petits mots sympathiques mais je ne voudrais pas sembler vulgaire! ;-)

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    3. J'ai absolument la même analyse que toi sur la société japonaise. Je continuerai ma découverte de cette culture car elle me fascine dans son ensemble.
      Toujours aucun mot clef...Je crois qu'on fait peur aux gens ^^

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  6. Je ne l'ai pas lu celui-là, il faudra que j'y jette un œil à l'occaz.
    Merci pour ta contribution.

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    1. Certaines personnes le trouvent absolument fascinant donc comme d'habitude, il vaut mieux se faire son avis ! Mais je pense qu'il ne fait pas partie des essentiels.

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  7. Aha, j'aime beaucoup le petit passage sur les futurs commentaires de recherches !
    Concernant le livre, hmm. Il n'est peut-être pas à jeter mais je pense qu'il ne sera pas dans mes priorités.
    J'ai lu "Les tendres plaintes" de mon côté, je l'ai bien apprécié :)

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    1. Non il n'est certainement pas à jeter, rien que pour le style, mais effectivement, je pense qu'il y en a d'autres à découvrir avant.
      J'attends ton billet sur Les tendres plaintes pour être tentée :-)

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  8. J'adore ton billet mais je ne commencerai pas par ce livre là pour découvrir Ogawa :)

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    1. J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire mon billet, sans doute plus qu'à lire ce livre d'Ogawa ;-)

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  9. Je n'ai lu que le recueil de nouvelles les paupière et je n'avais pas aimé l'ambiance et l'écriture de ces récits qui e semblaient incompréhensibles mais je suivrai tes billets sur cet auteur, on ne sait jamais, je retenterai peut-être une lecture.

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    1. J'en retenterai un autre, mais effectivement certains de ses thèmes ne me tentent pas des masses. Par contre, j'avais aimé son écriture.

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  10. J'ai choisi la même oeuvre, mais si un peu plus enthousiaste que toi :-)

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    1. Oui je viens de lire ton billet. Il en faut pour tous les goûts :-)

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