
Avant-propos : En ce moment, je m’intéresse beaucoup à
Sherlock Holmes (j’ai d’ailleurs toujours un billet en souffrance sur les
quatre premières histoires des Aventures de Sherlock Holmes) et à toutes les
œuvres dérivées qui lui sont consacrées ainsi qu’aux livres qui ont fait d’Arthur
Conan Doyle un personnage de fiction.
Je ne sais plus exactement comment j’ai entendu parler de
cet ouvrage, mais son concept m’a séduit.
À noter que contrairement à ce que je pensais au départ (à cause
de son nom et du thème so british), l’auteur
est français.
Mon résumé : Arthur Conan Doyle est appelé par John Halliwell Watson
pour venir assister à une enquête de Sherlock Holmes dans la ville de Londen
car l’ « assassin royal » se lance les traces de Jack l’Eventreur.
Mon avis : J’ai adoré l’humour de l’auteur et son univers
ultra référencé (par rapport à Sherlock Holmes, mais aussi à l’histoire, à la
littérature et au cinéma), même si l’ouvrage est un peu inégal.
Dans cette histoire, il existe deux mondes parallèles :
celui d’Arthur Conan Doyle et le monde dans lequel vit le vrai Sherlock Holmes,
assassin royal sans pitié, marié à une indienne, mais toujours adepte de drogues
et maître de la déduction. Il est engagé dans une grande partie d’échecs avec
Moriarty dont l’enjeu au départ est d’arriver à résoudre l’énigme de l'identité de Jack l’Eventreur.
John Watson est un inventeur célèbre. C’est le meilleur ami
de Sherlock Holmes et il l’accompagne dans ses missions pour la reine Epiphany
Ire.
Arthur Conan Doyle a été choisi pour relater les aventures
de Sherlock Holmes, mais celles-ci sont trop extraordinaires pour qu’il les
raconte telles qu’elles, alors il transforme la réalité pour qu’elle soit
acceptable pour la société victorienne.
Tout au long de l’ouvrage, on croise avec plaisir des
personnages célèbres dont les rôles sont plus ou moins importants et plus ou
moins détournés : Oscar Wilde, Richard Burton, Sigmund Freud, Jack London, Butch Cassidy et Sundance Kid...
L’ouvrage est composé de trois parties (en plus d’une
introduction drôlissime).
La première partie est absolument formidable : nos héros se
lancent sur les traces de Jack l’Eventreur qui sévit à Londen comme à Londres (ce
qui se passe dans l’un des mondes à une réciprocité dans l’autre). J’ai
particulièrement aimé la résolution du l’énigme à Londres.
La deuxième partie m’a paru un peu longue car on se
concentre sur Moriarty et sa complice.
Mais la troisième partie est plus intéressante. On retrouve
nos trois héros du départ. On plonge un peu plus dans le côté fantastique
puisque Moriarty se lance à la recherche du secret de l’immortalité et de ce
que l’on appelle l’instinct de l’équarrisseur au pied du Machu Picchu. On va aussi découvrir l’origine
du peuple Worsh qui contrôle une partie de Londen.
J’ai été séduite par l’humour un peu particulier de l’auteur
(et parfois un brin graveleux). Je vous cite quelques passages :
"Pour descendre jusqu’à celui-ci, Watson et Holmes se laissèrent glisser le long d’un mât métallique et inoxydable comme celui qu’utilisent les pompiers de Portsmouth pour gagner du temps en cas d’incendie. Il y avait sans doute quelque symbole phallique, voire une forme peu banale de communion homosexuelle dans ce rituel enfantin, mais il était probablement déconseillé de faire ce genre de remarques à quelqu’un d’aussi fasciné par la violence que Sherlock Holmes, et qui, selon les dires de son fidèle compagnon, John Halliwell Watson, claudiquait à cause d’une relation homosexuelle ayant mal tourné."
" – Malgré votre grossièreté flagrante et votre manque d’éducation qui ferait passer une putain slave imbibée à la vodka frelatée pour une lady d’Oxford, il me reste quelque humanité me poussant à vous prévenir : si nous revenons à Baker Street sans ces ouvrages, Monsieur Holmes sera très mécontent." [Arthur Conan Doyle s’adresse ainsi au libraire de Londen Richard Burton]."
"Ici, les armes sont en vente libre, que dis-je, le gouvernement vous en offre une pour Noël si vous avez tué dans l’année écoulée plus de deux criminels recherchés, cent crotales, un prêtre papiste ou un Indien renégat. Et vous pouvez cumuler ! Il est quasiment impossible de mourir de vieillesse dans ce pays. » [au sujet des Etats-Unis dans le monde de Sherlock Holmes].
"Planté au beau milieu du hall de l’établissement hôtelier comme une endive en terre qui n’a pas encore connu les joies de la cuisson enroulée dans une tranche de jambon, bien plus intéressé par la peinture et son ostentation que par le billet de leur informateur-mystère, Arthur remarqua que se trouvaient, perdues au milieu de ces chefs-d’œuvre picturaux si délicats, quelques croûtes affreuses, indignes, signées par un trembloteux portant le nom par barbaresque de Pablo Ruiz Blasco y Picasso – un Mexicain ? – ; il s’agissait pour la plupart d’autoportraits d’une laideur à faire avorter une nonne."
"Holmes alluma sa pipe, toussa et regarda le Worsh avec un air d’inquisiteur espagnol venant de mettre la main sur une pleine cargaison de sorcières dénudées et vociférantes."
En quelques mots :
Un univers décalé et original, bien servi par un humour décapant et des références
innombrables, même si le côté un peu inégal m’a fait passer à côté d’un coup de
cœur. Je compte découvrir d’autres livres de l’auteur.