Nord et Sud d'Elizabeth Gaskell

Lecture commune avec Maggie

Résumé de l'éditeur : Dans l'Angleterre victorienne du milieu du XIXe siècle, la jeune et belle Margaret Hale mène une vie confortable auprès de ses parents, dans la paisible et conservatrice région de la Cornouailles. Son père, ministre paroissial, décide un jour de renoncer à l'Eglise et part vivre avec sa famille dans le Nord de l'Angleterre. Margaret se retrouve alors plongée dans le monde industriel, ses duretés et sa brutalité. Au contact des ouvriers, la conscience sociale de la jeune fille va s'éveiller et la transformer radicalement.

Mon avis : Ce fut une lecture enthousiasmante.
Tout d'abord, les personnages principaux sont attachants. Si Margaret m'est apparue comme un personnage un peu agaçant au départ, avec sa beauté glaciale et son absence de sentiments, j'ai finalement été séduite par sa pudeur, sa retenue et la force de caractère qu'elle démontre face aux difficiles épreuves auxquelles elle doit faire face.
Thornton, lui est un héros comme je les aime. Il n'a pas peur de ses sentiments, laisse même échapper "des larmes viriles" qui ne le diminue jamais mais au contraire renforce son caractère. Il a toujours à coeur d'aider les autres, même si c'est toujours de manière discrète. Il n'abandonne jamais un ami dans la douleur, ni même un ennemi d'ailleurs. Bref, je suis sous le charme.
Dans un autre genre, je me suis beaucoup attachée au valeureux Higgins, ouvrier syndicaliste et père de famille attentif, qui manque d'éducation, mais pas de réflexion et qui place l'honneur au-dessus de tout. J'ai aussi trouvé Mrs Thornton et Dixon très intéressantes de part leur complexité. Jamais franchement gentilles, elles se révèlent pourtant généreuses quand c'est nécessaire. Les parents de Margaret m'ont un peu énervée à cause de leurs atermoiements, mais au final, ils se sont eux aussi révélés attachants face aux difficultés. Les membres de la famille Shaw quant à eux, jouent parfaitement leur rôle de cousins futiles et égoïstes, qui par leur absence d’empathie nous permettent de nous moquer gentiment d'eux.
Le roman est ensuite un révélateur de son époque. La lutte des classes est subtilement décrite, sans aucun manichéisme. Les manufacturiers ne sont pas tous sans coeur et les syndicalistes ne sont pas tous justes. Il n'y a qu'à voir ce qu'ils font subir à ceux qui n'entrent pas au syndicat. Il y a des accents de socialisme dans les initiatives que prend Thornton pour améliorer la productivité dans son usine. L'une des scènes les plus marquantes pour moi est celle de la grève. Elle est vibrante d'intensité.
C'est aussi une réflexion très émouvante sur le temps qui passe. Margaret voit les choses se modifier autour d'elle, parfois petit à petit, parfois brutalement et, si elle est bien forcée d'accepter les changements, le côté nostalgique de l'ensemble m'a beaucoup touchée.
Il y a quand même de petits éléments pour lesquels j'aurais aimé avoir quelques approfondissements de la part de l'auteure. J'aurais voulu en savoir plus sur la crise de conscience qui secoue le père de Margaret au début du livre. J'aurais aimé que les problèmes de sa mère soient clairement explicités à la place de ses ellipses incessantes.  Et surtout j'ai été un peu frustrée par la fin. J'ai même continué à avancer pour voir s'il ne manquait pas une page ! Je n'aurais évidemment pas aimé une effusion de sentiments, contraire à toute cette tendre pudeur qui parcourt le livre, mais quelques lignes de plus m'ont manquée.

En quelques mots : Si vous aimez la pudeur des sentiments, les grandes émotions indicibles mais aussi les les descriptions tout en finesse de la société victorienne, ce roman est fait pour vous !

Le saviez-vous ? : Tout comme pour Jane Austen, mais dans une moindre mesure, il existe quelques titres de paralittérature gaskellienne (bienvenue au néologisme!) : Margaret of the North de E. Journey, A Heart for Milton de Trudy Brasure et quelques livres de Catherine Winchester dont What you wish for, sorte de Lost in Austen, mais dans Nord et Sud. (Je vous passe un auteur qui a réécrit le livre avec des scènes plus chaudes !) [mais si quelqu'un y tient ;-)]. Malheureusement pour beaucoup d'entre vous, ils n'existent qu'en anglais et même qu'en ebook.

Le billet de Maggie.
D'autres billets chez Aymeline, Jeneen, Titine, Eliza, Syl, Tasha... et vous pouvez me signaler vos liens si vous l'avez lu il y a un certain temps !

Et puis, si j'ai pris la photo du début, c'était surtout pour vous montrer mon magnifique étui acheté à Londres qui permet à mon kindle de tenir debout tout seul. Fermé ça donne cela !

Enième participation au challenge victorien et ce soir sans doute l'adaptation !