Avant-propos : Même si ma passion pour les Tudors continue, je laisse aussi un peu de place pour d'autres centres d’intérêt, comme par exemple, ce qui touche à Sherlock Holmes et à son créateur Sir Arthur Conan Doyle (même si je suis loin d'être experte en la matière puisque je n'ai pas lu le canon en entier).
Comme souvent avec moi, j’accumule plusieurs variations sur
le même thème. J’ai lu cette semaine Une étude en écarlate de Jean d’Aillon (lecture
au final peu holmésienne, mais ô combien passionnante – je n’ose dire que je
ferai un billet, tellement j’en rédige peu). J’ai aussi regardé le premier
épisode d’Arthur & Georges, série d’ITV, adaptée du livre de Julian Barnes.
Le premier épisode était plaisant, mais j’attends les deux autres pour me
prononcer. Enfin, j’ai découvert que L’horreur du West End de Nicholas Meyer
venait (enfin) d’être réédité. Cela m’a donné envie de sortir de ma PAL les
pastiches de Nicholas Meyer qui sont réputés pour faire partie des meilleurs du
genre.
Mon résumé : 1891. Suite à son mariage avec Mary Morstan,
Watson voit moins Sherlock Holmes. Celui-ci semble succomber de plus en plus à
son addiction à la cocaïne. Sous l’emprise de la drogue, il évoque son pire ennemi
: le professeur Moriarty (ce qu’il ne fait jamais quand il a l’esprit clair).
Peu de temps après, ce même Moriarty vient voir Watson pour lui révéler que Sherlock Holmes le harcèle et le menace.
Il jure qu’il n’est qu’un simple professeur de mathématiques et prévient Watson
qu’il risque de porter plainte contre Sherlock. Aidé par Mycroft, Watson décide
de sauver Sherlock Holmes malgré lui et de lui faire rencontrer un médecin
viennois qui a publié un article expliquant qu’il pouvait guérir les personnes
atteintes d’une addiction en utilisant l’hypnose.
Mon avis : J’ai dévoré cet ouvrage en deux jours.
Il y a tout d’abord un avant-propos, écrit par Nicholas Meyer
lui-même, qui nous explique comment ce manuscrit inédit de Watson lui est
parvenu entre les mains. Il dit qu’il l’a retouché pour la publication, ce qui
explique que l’on ne reconnaisse pas le style habituel du docteur Watson.
Il y a ensuite des « pages liminaires » où cette
fois c’est Watson lui-même qui nous explique qu’il a rédigé ce manuscrit en
1939. Il dit qu’il avait promis qu’il ne révélerait pas cette histoire tant que
les protagonistes seraient vivants, mais le dernier vient justement de mourir.
Il nous précise aussi qu’il rédige cet ouvrage sans notes, ce qui peut
expliquer qu’il diffère un peu de ses histoires habituelles. Enfin, il y il
avoue qu’il a menti dans Le dernier problème et La maison vide pour dissimuler
des événements bien trop graves pour être racontés à l’époque. Mais, il va
enfin nous livrer la vérité.
J’ai beaucoup aimé ces deux prologues car ils permettent à l’auteur
de nous faire entrer dans son jeu. Il sait qu’il n’est pas Doyle et donc il
nous informe qu’il va y avoir un changement de style. Il sait que son histoire
va différer du canon et il nous prévient que deux nouvelles seront
particulièrement touchées. À nous de savoir si on va le suivre ou pas. Pour ma
part, j’ai apprécié cette façon originale de nous faire adhérer à ses théories.
Tout au long du livre, l’auteur fait référence à de
nombreuses nouvelles du canon et l’on croise des personnages des aventures
passées comme par exemple Stamford, celui qui a présenté Watson à Holmes , ou bien
encore le valeureux chien Toby qui joue une fois de plus un rôle important. Il y a aussi beaucoup d'humour.
Dans la première moitié du livre, les événements s’enchaînent
à un rythme effréné. On passe de Londres à Vienne. Le médecin qu’Holmes doit
rencontrer n’est nul autre que Sigmund Freud ! Cet aspect est très réussi.
L’auteur insiste sur les points communs entre les deux personnages en
particulier au niveau des méthodes de déduction et de la capacité d’analyse.
Freud lui présente une patiente muette qui a tenté de se suicider. Evidemment
Holmes va réussir à déduire sa vie rien qu’en l’observant.
J’ai un peu moins apprécié la deuxième partie parce que
tout un peu « gros » (il y a une histoire de complot et une folle
course poursuite en train). Même si j’ai un peu moins accroché à cause du
manque de plausibilité de l’intrigue, le rythme reste haletant et les pages
défilent rapidement. Cela ne m’a pas beaucoup dérangée car il faut dire que ce
genre de mésaventure m’est aussi arrivé avec les écrits de Conan Doyle (par
exemple au cours de la digression en Amérique pour Une étude en rouge).
Par contre, la fin est très réussie car on nous apprend qui
est Moriarty, quel est le lourd secret qu’il partage avec la famille Holmes et
pourquoi Sherlock Holmes a commencé à se droguer.
A la fin de l’ouvrage, Holmes quitte Watson (ce qui sera le
début de ses années perdues), pour aller jouer du violon, en lui disant de
raconter qu’il a été assassiné par Moriarty, ce qui fait que l’on retombe sur
nos pieds avec Le dernier problème.
Enfin, dans un post-scriptum, Nicholas Meyer nous révèle les
sources de ses théories (qui est Moriarty ? qu’est-il arrivé à Sherlock
dans son enfance ? ) qui , loin d’être tombées du ciel, s’appuient sur des
ouvrages de paralittérature holmésienne, ce que j’ai trouvé particulièrement
intéressant.
On sent que Nicholas Meyer aime vraiment ses personnages et
qu’il essaye de faire coller tout le canon ensemble (alors qu’on sait bien qu’il
existe des contradictions dans ce qu’a écrit Conan Doyle).
J’ai lu, au sujet de l’auteur, un très intéressant article du New York Times, qui explique qu’il a écrit ce livre en réaction aux Sherlock
Holmes avec Basil Rathbone car ceux-ci ont donné une image trop policée du
détective, mais aussi l’impression que Watson était un balourd (je ne les ai pas
vus). Meyer voulait donc évoquer un Holmes imparfait, plus proche de la vision
de Doyle et donner plus de crédit à Watson (qui explique par exemple que s’il
apparaît un peu lent à suivre Holmes dans ses aventures, c’est parce que c’est
le sentiment qu’il a face à un esprit aussi vif, mais cela ne veut pas dire qu’il
soit bête).
L’article du NYT dit que Meyer a « réinventé »
Sherlock Holmes ce qui a ouvert la voie à nos adaptations contemporaines avec
un personnage beaucoup moins lisse. Je laisserai aux spécialistes le soin de
trancher la question, mais j’ai trouvé cet article intéressant.
En quelques mots : Un pastiche réussi, drôle et
ultra-référencé. Même si la deuxième partie est moins plausible, on le dévore
très rapidement.
Et après ? Le livre a été adapté en film sous le pitoyable titre
français de Sherlock Holmes attaque l’Orient Express (alors qu’on ne
parle même pas de ce train dans le livre ; on parle certes de trains
viennois mais tous ne sont pas ce train mythique). J’essaierai de le voir
surtout qu’il a un casting assez incroyable (Laurence Olivier, Alan Arkin,
Robert Duvall et Vanessa Redgrave).
Nicholas Meyer a écrit 2 autres pastiches que je vais m’empresser
de lire. Je vais peut-être aussi reprendre ma lecture du canon avec Syl.
Ce livre m'a l'air bien intéressant mais d'abord, il faudrait que je commence par lire les Holmes de Doyle car je l'avoue, à ce jour, j'en ai lu aucun !
RépondreSupprimerJe te rassure, je n'en ai lu aucun avant mes 30 ans ^^ Par contre, je connais quand même bien les références, même sans en avoir lu. Mais, il faut mieux connaître les grandes lignes du détective avant de lire cet ouvrage car sinon tu risques de te spoiler !
SupprimerJe suis d'accord, c'est l'un des meilleurs romans apocryphes et c'est bien qu'il ait été réédité car pendant quelques années, il était absent des catalogues d'éditeurs... Et c'est vrai que Nigel Bruce, qui incarnait aux côtés de Basil Rathbone Watson, a initié une longue période de "Watson le balourd" qui est complètement farfelue. Heureusement, Martin Freeman et Jude Law réhabilitent chacun à leur manière le pauvre docteur à l'écran.
RépondreSupprimerOui je suis contente que toute la série soit à nouveau disponible.
SupprimerMerci pour ta précision sur Bruce. Dans mon esprit, Watson n'a jamais été balourd, mais j'essaierai quand même de jeter un oeil à cette version.
Le résumé me rappelle la bande-dessinée de Cecil et Brunschwig où Moriarty déclare également être harcelé par Holmes. Je le note dans un coin de ma tête mais je voudrais commencer par les livres de Anthony Horowitz.
RépondreSupprimerTu me rappelles qu'il faut que je lise cette BD. Les Horowitz me tentait bien, mais Mrs Figg ne les a pas aimés, alors je ne suis pas sûre de ne laisser tenter.
SupprimerJe ne connais pas du tout ces romans mais je note immédiatement car j'avoue un léger faible pour les histoires qui mettent en scène SH, comme tu le sais ... Ce que tu en écris me convainc beaucoup (l'humour, la présence de Mycroft que j'aime bien ...)
RépondreSupprimerPS = oublie les Horowtiz ... hihi
Je te conseille plutôt le tome 5 de la série de Gyles Brandreth autour de Oscar Wilde parce qu'il y enquête avec Arthur Conan Doyle et que l'enquête est plutôt réussie. Si tu n'as pas lu les autres tomes, tu peux commencer avec celle-ci (même si c'est toujours mieux de commencer avec le 1er évidemment)
Je précise quand même que Mycroft n'a qu'une courte présence, mais la raison pour laquelle Watson fait appel à lui m'a fait rire.
SupprimerJ'ai lu les 2 premiers Brandreth, il faut que je m'y remette, j'adore cette série.
Je pense que je lirais peut-être quand même un jour les Horowitz pour savoir si je suis du même avis que toi. J'ai d'ailleurs hésité en supermarché parce que la version poche est épuisée, mais eux l'avait encore...
Je viens d'y penser : il y a une autre réecriture de ACD que je viens de lire et qui est vraiment très bonne. C'est une nouvelle de Neil Gaiman publiée dans le recueil (excellent) "Des choses fragiles" et qui s'appelle "Une étude en vert" (c'est la première du recueil).
RépondreSupprimerJe n'ai toujours rien lu de Neil Gaiman, honte à moi ! Je note cette référence dans un coin, mais je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de découvrir un auteur par l'intermédiaire de ses nouvelles (parce que je n'aime pas trop ça en général).
SupprimerIL FAUT LIRE NEIL GAIMAN !!!! aheum ... comment faire pour te convaincre ? Menaces ? Chantage ? lol
SupprimerCette nouvelle pourrait au contraire être une bonne porte d'entrée dans son univers.
Ah mais tu m'as déjà convaincue de lire Neil Gaiman, je te rassure ! C'est juste que pour l'instant, je n'en ai pas dans mon énorme PAL, mais ça viendra !
SupprimerBien !
SupprimerIl me semble que j'ai un livre de cet auteur ! Mon dieu, si je perds déjà la mémoire... J'ai peut être celui ci d'ailleurs !
RépondreSupprimerEDIT : j'ai contre le fantome de l'Opéra ! mdr
SupprimerCa m'arrive aussi de ne plus savoir quel titre de série je possède ^^ Depuis, j'ai lu SH & le fantôme de l'Opéra, que j'ai trouvé plaisant, mais moins bon selon moi que celui-ci.
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