mardi 17 février 2015

La tête de la reine d'Edward Marston (Nicholas Bracewell, Tome 1)

Avant-propos : Je vous présentais dernièrement mes étagères réservées aux Tudor, ce qui a donné envie à Claire The Frenchbooklover de sortir La Tête de la reine (pour elle The Queen's head puisqu'elle l'a en VO) de sa PAL. Comme elle a évoqué sur facebook le fait qu'elle avait commencé à le lire et qu'il lui plaisait bien, j'ai eu envie de la rejoindre. Pour moi, il s'agit d'une relecture qui ne me rajeunit pas puisque ce livre est sorti en 1999 aux éditions 10/18, cela fait donc 15 ans que je l'ai lu ! (C'était l'époque lointaine où je lisais tout de suite les livres que j'achetais). Le livre a été publié pour la première fois en anglais en 1988. 

Mon résumé : 1587, Fotheringhay. La reine Marie Stuart vit ses dernières heures et meurt décapitée. A Londres, la troupe des Hommes de Westfield joue ses pièces à l'auberge La tête de la reine. Nicholas Bracewell, régisseur de la troupe, voit l'un des comédiens se faire tuer sous ses yeux lors d'une bagarre dans un bar. Nicholas décide de retrouver le coupable et de venger la mort de son ami. 


Mon avis : C'est avec un réel plaisir que je me suis replongée dans les aventures de cette sympathique troupe d'acteurs. 

Le héros, Nicholas Bracewell est un homme placide, modeste et discret au milieu des acteurs tous plus exubérants et égocentriques les uns que les autres. Mais le personnage de Nicholas n'est pas ennuyeux : régisseur, homme à tout faire, véritable artisan de la réussite de la troupe sans toutefois en tirer aucune gloire, il est le pilier des Hommes de Westfield. De plus, il semble avoir un passé trouble qui reste pour le moment assez mystérieux ; on sait seulement qu'il a fait le tour du monde avec Drake et qu'il a coupé les ponts avec sa famille. Il entretient une relation ambiguë avec sa logeuse puisque, même s'ils ne forment pas un couple, ils passent de nombreuses nuits à se réchauffer les pieds et parfois le cœur (c'était la minute St-Valentin du jour). 
Nicholas a fort à faire avec le directeur et acteur principal de la troupe, Lawrence Firethorn qui, comme son nom l'indique, a un tempérament de feu. Il s'emporte très souvent dans les coulisses, mais réussit aussi à transmettre cette fougue sur scène  ce qui fait de lui l'acteur-vedette de la troupe. Il passe aussi beaucoup de temps à tenter de tromper sa femme, la volcanique Margery, ce qui fait que leurs relations sont très tumultueuses. 
Autre acteur essentiel de la troupe le comique et spécialiste de gigues, Barnaby Gill, qui est aussi maussade dans la vie qu'il est exubérant sur scène. Il a aussi tendance à s'intéresser fortement aux plus jeunes membres de la troupe, ce qui fait que Nicholas passe son temps à le surveiller et à protéger les apprentis. 
Edmund Hoode est un acteur mais aussi l'auteur  de la troupe. Il doute souvent de son talent (bien aidé par le fait que Lawrence Firethorn lui fasse peu de compliments et lui demande d'ajouter de nombreuses scènes pour séduire les femmes) mais ses pièces sont souvent des succès. 
Enfin, le jeune apprenti Richard Honeydew interprète les rôles féminins de la pièce. Jeune et talentueux, il est devenu le souffre-douleur des autres apprentis qui le jalousent, tandis que Barnaby Gill le poursuit de ses assiduités. La vie n'est pas simple pour le pauvre Richard, même s'il est protégé par Nicholas et les Firethorn. 

En plus de nous offrir des personnages hauts en couleur, le petit monde du théâtre élisabéthain est très bien reconstitué. La troupe donne la plupart de ses spectacles dans la cour de l'auberge La tête de la reine, mais elle peut aussi de temps en temps se produire au Rideau (plus connu sous son nom anglais, The Curtain). La récompense suprême étant évidemment de se produire à la Cour devant la reine. On assiste au rythme infernal des répétitions et des changements de pièces qui sont jouées sur de courtes périodes. La rivalité entre les troupes de théâtre est aussi évoquée puisque il existe une autre compagnie, celle de Hommes de Banbury, dirigée par Giles Randolph, qui concurrence la troupe des Hommes de Westfield. 

J'ai particulièrement aimé le fait que l'intrigue de la pièce commandée à Edmund Hoode doive absolument être liée à l'actualité de l'époque, c'est-à-dire la victoire de l'Angleterre sur "l'Invincible Armada" de Philippe II d'Espagne. Evidemment, comme les pièces politiques ne doivent pas se passer à l'époque contemporaine, elle est transposée dans un temps légendaire. Par ailleurs, l'exemple d'un écrivain débutant qui tente de placer ses pièces sans succès nous montre les erreurs qu'il ne faut pas commettre si on veut que son oeuvre soit jouée par une compagnie.
On sent bien que l'auteur s'est inspiré des différentes troupes de l'époque et en particulier celle du Grand Chambellan (et les différents noms qu'elle a pu porter). On sent Burbage derrière Firethorn, Will Kemp derrière Gill et Shakespeare et ses condisciples derrière Hoode pour notre plus grand plaisir. 

Comme souvent dans les policiers historiques, on ne peut pas dire que l'intrigue qui tourne autour du meurtre soit des plus palpitantes (il faut dire que je me souvenais du coupable, ce qui n'aide pas non plus). Mais la reconstitution historique est suffisamment réussie pour que cela ne soit pas un inconvénient. 

En quelques mots : Un policier historique qui réjouira tous les amateurs de Shakespeare et d'Elizabeth I. On plonge à la fois dans le monde du théâtre mais aussi dans celui des complots religieux et des trahisons. Une réussite. 

Le billet de Claire

Et après ? Claire et moi avons déjà décidé de poursuivre l'aventure. Rendez-vous le 7 mars pour un billet sur le tome 2. J'ai les 5 premiers tomes dans ma PAL. Je vais essayer d'en trouver d'occasion (9 volumes sont parus en français). Sinon, je passerai à la VO. 

16 commentaires:

  1. J'ai très envie de découvrir ce policier, dans le genre je pense immédiatement à Nicolas LeFloch ^^ Je note le titre.

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    1. On peut de toute manière rarement se tromper avec les policiers historiques publiés chez 10 /18. Je suis complètement fan de leur collection Grands détectives.
      Et celui-ci est définitivement l'un de mes préférés !

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  2. pour le théâtre en particulier, cela me tenterait bien!

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    1. Franchement on apprend beaucoup de choses et pour avoir lu quelques ouvrages sur le théâtre à l'époque d'Elizabeth, Edward Marston a vraiment fait un beau travail de recherche sur cette période pour écrire son livre.

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  3. Quel très beau billet Shelbylee! Forcément, tu vas donner envie à de nombreuses personnes de découvrir cette très belle série de romans policiers! Vivement le 7 mars pour en découvrir la suite! J'essaierai de me procurer les autres tomes pour qu'on continue cette aventure ensemble!
    Merci encore pour cette plongée dans le monde du théâtre élisabéthain!

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    1. Merci à toi de m'avoir donné envie de le relire ! Je vais essayer aussi de découvrir les autres tomes, mais sinon je les lirai en anglais. J'avais passé un bon moment aussi avec les autres donc vivement le prochain !

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  4. Je ne connaissais pas cette série mais je note car c'est une époque que j'ai envie de découvrir (contrairement à toi, je n'en connais quasiment rien) et j'adore cette collection (Anne Perry ou Gyles Brandreth ....)

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    1. Oui la collection Grands détectives chez 10 /18 est une source inépuisable de plaisir. Avant d'avoir un blog, elle devait représenter 80 % de mes lectures et je ne te parle même pas de ceux que je relisais depuis le départ de la série à chaque fois qu'un nouveau volume sortait !

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  5. Décidément, tu es d'une richesse tudorienne inépuisable :D

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    1. J'ai fait une légère pause entre Harry Bosch et une romance policière qui se passe en 1902, mais ça y est, j'y suis déjà revenue ;-)

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  6. Je prends plaisir aussi à me faire des relectures 15 ans après histoire de dépoussiérer mes étagères!

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    1. Ca va, j'ai déménagé 2 fois entre temps, donc je l'avais déjà nettoyé ;-)
      Parfois, je suis un peu déçue à la relecture de certains livres qui m'avaient laissé un bon souvenir il y a 15 ans. Mais là aucun souci, la plaisir a été le même.

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  7. Je le note dans ma PAL ! Cela me permettra de découvrir et lire sur l'époque de Shakespeare et Elizabeth I ! Par contre, c'est une série... ça me bloque un peu. Je découvre trooop de livres sur les blogs et j'ai une PAL de folle !

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    1. Pour te rassurer, il est très court (250 pages environ). Il se lit en un ou deux jours !

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  8. Inutile de te dire que j'ai très, très, très envie de le lire !

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