dimanche 28 février 2016

Portrait de femme d'Henry James





Aujourd’hui, c’est le centième anniversaire de la mort d’Henry James. J’ai donc décidé de lui rendre hommage en organisant une LC de Portrait de femme avec AnGee du Livroscope.

Je n’ai pas encore beaucoup lu Henry James (seulement Les papiers de Jeffrey Aspern, Le tour d’écrou, Daisy Miller et Washington Square), mais à chaque fois j’ai été séduite. Ce que j’aime chez Henry James (et que souvent les gens n’aiment pas), c’est la façon dont il joue sur notre frustration, sur notre incertitude et surtout combien peut s’interroger après avoir lu l’un de ses livres et ne pas avoir du tout la même perception des événements qu’un autre lecteur (voir mon billet sur Le tour d’écrou). Je dois dire que Portrait de femme ne fait pas exception à la règle.

J’ai mis beaucoup de temps à lire ce livre (presque deux ans) non pas parce qu’il ne me plaisait pas, mais parce que je l’ai commencé à des moments où je n’avais pas forcément beaucoup de temps pour lire et je n’aime pas laisser traîner mes lectures. De plus, je ne pouvais pas vraiment l’emmener partout avec moi car il est quand même assez encombrant. J’ai donc lu trois fois les 100 premières pages et je dois dire que je ne me suis jamais lassée de les relire. Je sais que certains trouvent le style de James difficile, personnellement je trouve que ses phrases glissent toutes seules.

Portrait de femme raconte le parcours d’Isabel Archer. Jeune américaine, elle est invitée par sa tante en Angleterre. Isabel, éprise de liberté et ravie de se voir donner une chance de visiter le monde, accepte avec enthousiasme.
À son arrivée en Angleterre, elle charme tous les hommes qu’elle rencontre : son oncle mourant, son cousin maladif et leur voisin Lord Warburton. À tel point que celui-ci lui demande de l’épouser. Isabel refuse car elle ne l’aime pas et elle espère autre chose de l’avenir, sans savoir précisément quoi. Un de ses soupirants américains, Caspar Goodwood, fait la traversée pour venir lui aussi lui demander sa main. Elle refuse de même.

Isabel n’est pas forcément le personnage le plus facile à comprendre mais je l’ai beaucoup aimée. Intelligente, elle espère faire quelque chose de sa vie et surtout être libre. Elle ne veut pas dépendre d’un homme et ne veut pas épouser quelqu’un qu’elle n’aime pas. Elle va se retrouver indépendante financièrement et ainsi pouvoir choisir sa destinée. Je pense ne pas trop révéler de l’intrigue en disant qu’elle va faire un mauvais choix. Ce sont les raisons de ce choix qui sont intéressantes et qui peuvent être perçues de manières différentes. Isabel aurait-elle fait le même choix si elle n’avait pas eu d’argent ? Est-ce l’argent qui a fait son malheur ? Ou bien est-ce son orgueil ? Ou le fait qu’elle soit persuadée d’avoir des motifs purs et d’avoir raison ? Est-elle vraiment responsable ou est que ce sont les autres personnages qui l’y ont poussée ? Sa fidélité à ses idéaux force-t-elle l’admiration ou bien n’est-ce qu’un stupide entêtement ? 

Le livre s’appelle Portrait de femme mais il aurait très bien pu s’appeler Portraits de femmes tellement les autres personnages féminins sont intéressants. 
Je pense tout d’abord la tante d’Isabel, Mrs Touchett qui est entièrement indépendante bien que mariée. Elle ne fait que ce qu’elle désire et passe la majorité de son temps éloignée de son mari et de son fils.
Serena Merle est aussi un autre personnage fascinant. Elle veut donner aux autres l’impression d’être parfaite même si on sait dès le départ qu’elle est une intrigante. Malgré tout le mal qu’elle fait, on ne peut pas s’empêcher d’avoir pitié d’elle quand la révélation finale tombe.
Henrietta Stackpole, la journaliste et amie d’Isabel est aussi une femme libre de par son métier. Elle trouve d’ailleurs que les Anglais sont bien ennuyeux avec toutes leurs règles de bienséance et jure qu’elle n’en épousera jamais, même si elle devient très amie avec un gentleman.
Pansy Osmond est aussi un personnage très intéressant bien qu’à l’inverse de toutes les autres femmes précédentes. Élevé dans un couvent, elle n’a pour but  que d’obéir à son père et de satisfaire les désirs des autres. On peut d’ailleurs se demander si cela la rend plus heureuse ou malheureuse que les autres.
Sa tante, la comtesse Gemini est elle aussi une femme à part. Sa réputation sulfureuse fait d’elle une paria de la bonne société. Son égoïsme fait qu’elle ne prévient pas Isabel de ce qu’elle risque.

Face à tous ces beaux portraits de femmes, je trouve que les hommes sont un tout petit peu en reste,  ce qui fait que je ne lui ai pas donné la note de cinq sur cinq.
En relisant la première partie, j’ai trouvé que les caractéristiques traditionnelles des hommes et des femmes de l’époque étaient inversées. Ainsi, on commence livre avec une cérémonie du thé savourée par des hommes qui sont souffreteux et qui échange des commérages alors que débarquent les indépendantes et très actives Isabel et Mrs Touchett.
Ralph, le cousin d’Isabel est le personnage masculin le plus intéressant. Quasi omniscient, il prédit presque tout ce qu’il tout ce qu’il va se passer à une seule exception qui sera sa plus grosse erreur.
Lord Warburton, président prétendant Isabel, est lui aussi a été assez touchant par son attachement aveugle et en même temps sa présence amicale.
Par contre, Osmond m’a un peu déçue. Je trouve qu’on n’arrive pas vraiment à le saisir, qu’il n’est pas assez consistant et qui n’est pas assez présent dans le livre pour qu’on puisse le détester comme on le devrait.
Mais celui qui ne m’a vraiment pas plu est Caspar Goodwood. Si au début on a un peu pitié de lui, son côté carpette m’a profondément fatiguée à la fin.

Fidèle à son habitude de nous frustrer, Henry James termine le livre en nous disant où Isabel va mais pas ce qu’elle va y faire, ce qui peut être sujet à de nombreuses interprétations.


Je compte voir  bientôt l’adaptation avec Nicole Kidman, je pense que je rajouterai un petit mot sur ce billet quand je l’aurai vue.

Julie Wolkenstein a écrit un roman, L'excuse, qui s’inspire des personnages de Portrait de femme. Je vais enfin pouvoir le sortir de ma PAL.

Enfin, il me reste beaucoup d’Henry James à découvrir pour mon plus grand plaisir. Je ne sais pas encore quel sera le prochain. De plus, il y a eu beaucoup de publications pour le centenaire donc je pense que ma PAL risque encore d’augmenter !




lundi 22 février 2016

Adorable Sophy de Georgette Heyer


Adorable Sophy est le dernier des Georgette Heyer qu’il me restait à lire parmi ceux qui ont été publiés récemment en français chez Milady Romance. Il est réputé pour faire partie de ses meilleurs.

Sophy arrive du continent pour passer quelques mois dans sa famille à Londres. La jeune femme qui a un caractère très affirmé, va commencer à révolutionner la maison de sa tante au grand dam de son cousin Charles.

Sophy est un personnage excentrique qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas et qui a un sens des conventions sociales bien à elle. Ses excentricités sont plaisantes à suivre car elle dérange et cela entraîne bien souvent des situations qui font sourire car elle a quelques comportements « osés » pour  l’époque comme par exemple conduire un attelage à toute vitesse dans les rues de Londres. J’ai beaucoup aimé la façon Sophy manipule tout le monde pour arriver à ses fins. Par exemple, elle va tout faire pour que sa cousine, éprise d’un poète, soit forcée de passer du temps avec lui pour qu’elle se rende compte que si l’interdit est excitant, la mauvaise poésie elle, est plutôt rasoir.

Comme à chaque fois, les personnages secondaires sont fort sympathiques. Mention spéciale au père de Sophy  qui ne fait que deux apparitions mais celles-ci sont vraiment très drôles

En refermant le livre, je n’étais pas complètement emportée par ma lecture et je me suis demandée pourquoi. Tout d’abord, il y a le fait que les héros qui tombent amoureux sont cousins germains, ce qui ne fait pas vraiment rêver, même si, comme je l’ai appris grâce à Agatha Christie dans L’if et la rose (billet à venir), ce n’est pas interdit par l’église anglicane contrairement à l’église catholique. Mais, cela n’a pas été mon plus gros problème (je me suis dit que puisque c’était quelque chose qui se faisait à l’époque…). Ce que j’ai réalisé grâce à ce livre, c’est que je n’aime pas les histoires où les caractères des héros sont trop opposés (il serait temps que je le réalise !). Sincèrement, comment Sophy peut-elle trouver du charme à ce bonnet de nuit de Charles ? Lui encore, je peux voir ce qu’il trouve à Sophy car elle rayonne. Mais dans le cas d’une union, je pense qu’ils seraient tous les deux extrêmement malheureux. Et je trouve que ce type de couple fonctionne mal en romance, même s’il est assez répandu. Il y a un trop grand déséquilibre car l’un des personnages prend totalement le dessus sur l’autre.

Malgré mes critiques précédentes, j’ai quand même pris un plaisir certain à lire ses aventures notamment grâce à un final  échevelé où Sophy prépare un plan qui paraît bien audacieux et où évidemment tout va aller de travers. Toutes les personnes qu’elle veut éviter vont venir perturber le cours des choses. Ce final rappelle un peu le brin de folie qui m’avait tant plu dans Cotillon.

L’histoire est sympathique et la fin est très réussie mais le couple principal à des caractères trop opposés pour que je me laisse totalement emportée.

Mon préféré reste toujours à ce jour le très réjouissant Cotillon (je me mords les doigts de ne pas avoir fait de billet sur ce livre, mais je le relirai bien un jour).
Vous pouvez toujours lire mes billets sur Un mariage de convenance et Les fourberies de l'amour

Il ne me reste qu’un seul Georgette Heyer dans ma PAL, il s’agit de Frederica que j’ai acheté en VO car pour l’instant, il n’y a aucun autre Georgette Heyer de prévu chez Milady (cela fait presque un an que Ce merveilleux passé voit sa sortie annoncée puis reportée. Je n’y crois plus du tout). Et puis comment résister à cette magnifique couverture  ! 



                                            Participation au challenge A year in England 


dimanche 21 février 2016

Loin de vous ce printemps de Mary Westmacott (alias Agatha Christie)


Le Livre de poche a eu la très bonne idée de republier les livres d'Agatha Christie parus sous le pseudonyme Mary Westmacott. Il en existe 6. Loin de vous ce printemps et L'if et la rose sont déjà disponibles. Ainsi vont les filles devrait être republié le 20 avril. Espérons que les autres suivront ! 

Loin de vous ce printemps n'a fait qu'un très court séjour dans ma PAL puisque je l'ai terminé le lendemain de mon achat.

Le titre fait référence au sonnet 98 de Shakespeare : "From you have I been absent in the spring". 

Joan Scudamore était partie à Bagdad pour rendre visite à sa fille, jeune mariée et jeune maman, qui s'était subitement sentie mal. Sur le chemin du retour, elle rencontre Blanche, une de ses anciennes amies de pensionnat. Joan trouve que la vie n'a pas été tendre avec Blanche qui semble prématurément vieillie. Lors de cette brève rencontre, elles évoquent leurs activités. Joan dit qu'elle est tellement occupée qu'elle n'a jamais le temps de s'arrêter et de ne penser à rien. Blanche lui rétorque que si on prenait vraiment le temps de réfléchir à sa vie, peut-être qu'on découvrirait des choses que l'on n'apprécierait pas. Joan poursuit son voyage pour rentrer en Angleterre. Mais, suite à des inondations exceptionnelles, elle se retrouve bloquée juste avant la frontière turque dans le petit village de Tell Abu Hamid. Elle est obligée de rester sur place et va donc se retrouver seule avec elle-même pendant quelques jours. 

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avant de commencer ce livre, mais ce qui est sûr, c'est que je ne m'attendais pas à ça. Les romans publiés sous le pseudonyme de Mary Westmacott sont souvent qualifiés de "romans sentimentaux" avec tout ce que cela sous-entend de péjoratif de la part de ceux qui écrivent cela. Personnellement, comme les romances ne me dérangent pas, je me suis laissée tenter. Mais, Loin de vous ce printemps n'a strictement rien d'une romance. C'est plus un drame psychologique et on referme le livre le coeur serré. 

Joan se retrouve donc seule avec ses pensées. Au départ, elle essaye de lire The Power House de John Buchan mais rapidement ses souvenirs la rattrapent. Blanche lui a fait quelques allusions à peine voilées sur la « maladie » de sa fille et sur son mariage qui bat de l’aile alors que Joan n’a pas eu cette impression lors de sa visite. Mais elle commence à se rappeler des conversations qu’elle n’a pas comprises sur le moment. Joan s’interroge : a-t-elle manqué quelque chose ? Blanche lui a aussi lancé une petite pique sur la « fidélité » de son mari. Joan est sûre qu’il lui a été fidèle mais d’autres souvenirs reviennent et Joan se pose de plus en plus de questions.

Ce qui est très réussi dans le livre, c'est que Joan ne comprend pas tout d’un coup. Elle a gardé des œillères pendant toute sa vie, tout ne peut donc pas s’éclairer tout de suite. Mais nous, au travers de son récit, nous voyons les failles, nous voyons  ce qui ne colle pas, nous comprenons ce qu’elle n’ose pas comprendre. Joan se révèle être une femme égocentrique. Elle pense tellement que tout va bien qu’elle ne voit pas qu’elle blesse ceux qui vivent autour d’elle. Au fur et à mesure de ces jours passés seule, Joan va déciller. Même si ce n’est pas un livre policier, il y a une certaine tension car on se demande ce qu’il va arriver à Joan : va-t-elle enfin comprendre ce qu’elle n’a jamais saisi ? Va-t-elle changer ? Ou bien même va-t-elle devenir folle perdue seule au milieu du désert ?

Je crois que ce type de livres sur le temps qui passe, les regrets, les choses que l’on n’a pas faites… est  vraiment le genre que je préfère. J’ai beaucoup pensé à Zweig en lisant ce livre, pas au niveau du style (de toute manière c’est une traduction) mais au niveau des thématiques : l’héroïne effectue  un retour sur elle-même et se rend compte qu’elle est peut-être passée à côté de sa vie, que les membres de sa famille sont pour elle des inconnus. C’est très beau mais très cruel car Joan les aime même si elle les aime mal. C’est très triste de réaliser qu’on peut aimer quelqu’un et en même temps ne jamais comprendre la personne et même ne pas s’apercevoir qu’elle ne vous aime pas.

La chute de cet ouvrage est ce qu’elle devait être ; elle est à la hauteur de tout le reste. On découvre dans un épilogue les pensées de son mari. Cela permet de voir les choses un tout petit peu différemment et de revenir peut-être aussi un peu sur la façon dont on a perçu Joan.



Comme souvent pour les livres que j'ai trop aimés, j'ai l'impression de ne pas avoir évoqué tout ce que j'aurais dû (la façon dont l'oeuvre de Shakespeare rythme la lecture par exemple). Ce fut en tout cas un véritable coup de coeur pour moi et j'espère que certains d'entre-vous se laisseront tenter par cette autre facette de la reine du crime. 

Participation au challenge A year in England 




samedi 20 février 2016

Le secret de l'automate d'Annie Jay (Elisabeth, princesse à Versailles, Tome 1)



Un des premiers billets de mon blog avait été consacré à un livre d’Annie Jay (Complot à Versailles). Je l’avais beaucoup aimé et je m’étais dit que je lirai bientôt sa suite. Comme souvent, je suis passée à autre chose et je n’ai toujours pas lu le deuxième tome (honte à moi !). Mais, quand j’ai entendu parler sur Whoospy Daisy de la nouvelle série d’Annie Jay, j’ai eu envie de la découvrir. J’ai très bien fait car cette nouvelle série est très plaisante. Et il faut reconnaître que c’est en soi un exploit qu’une série jeunesse me plaise !

Élisabeth Philippine Marie Hélène de France est la petite fille de Louis XV et la jeune sœur de Louis- Auguste (futur Louis XVI). Âgé d’une dizaine d’années, elle pose tellement de problèmes à Madame de Marsan, la gouvernante des Enfants de France, que celle-ci demande la permission à Louis XV d’engager quelqu’un spécialement pour s’occuper de la jeune princesse. Ce rôle va être dévolu à Madame de Mackau dont l’arrivée va bouleverser la vie Élisabeth.



Élisabeth est une petite princesse très attachante. Un peu rebelle, elle a du mal à se plier à l’étiquette de la Cour et elle ne suit pas toujours les conseils de sa gouvernante surtout que les études l’ennuient. Toutefois, elle a tout de même bien conscience de son rôle ; elle sait qu’elle est élevée pour devenir un jour la reine d’un des pays alliés de la France (sa sœur Clotilde est par exemple promise au prince héritier de Piémont-Sardaigne). En fait, Élisabeth est surtout une petite fille très esseulée qui s’épanouit dès qu’elle trouve une amie en Angélique, la fille de sa gouvernante Madame de Mackau (ces personnages ont réellement existé). Les méthodes innovantes de Madame de Mackau vont davantage convenir à la jeune princesse. 

Le livre ne se contente pas de raconter la vie d'Élisabeth, il y a aussi un mystère que la princesse va devoir élucider. Élisabeth casse par maladresse sa boîte à musique qui était accompagnée d’un automate. À l’intérieur, elle trouve un mystérieux message codé qu’elle va essayer de décoder avec l’aide d’Angélique (d’ailleurs on peut vraiment s’amuser à le décoder ce que je trouve toujours très plaisant). Le mystère semble lié à la famille de Théophile de Villebois, le page chargé de s’occuper du cheval d’Élisabeth. La boîte à musique faisait auparavant partie d’un groupe de trois automates qui appartenait au grand-père de Théo mais celui-ci a été obligé de le vendre car il a été ruiné. Élisabeth, aidée de ses amis, va donc tenter de résoudre ce mystère.

Même si le livre s’adresse à de jeunes lectrices (à partir de huit ans je crois), je ne me suis pas ennuyée un seul instant bien au contraire ! J’ai dévoré ce tome en moins d’une heure et à la fin, je n’avais qu’un seul regret : ne pas avoir la suite sous la main car le mystère n’est pas résolu et l’intrigue se poursuit dans le tome 2 (je pense qu’il s’agit d’une sorte de roman-feuilleton).

Comme souvent dans les romans jeunesse, il y a des allusions qui échappent sans doute aux jeunes lecteurs mais qui ravissent les plus grands. Par exemple pour se préparer à son futur rôle de reine, Clotilde reçoit des leçons d’italien de Carlo Goldoni. Le peintre Watteau est aussi évoqué puisqu'un de ses tableaux a disparu.



Enfin, je suis totalement tombée sous le charme des très nombreuses illustrations d’Ariane Delrieu. Elles sont toutes plus magnifiques les unes que les autres et collent parfaitement à l’histoire. Je trouve souvent que les ouvrages jeunesse sont chers mais ici entre l’histoire et les illustrations, on en a vraiment pour notre argent !


La suite a déjà rejoint ma PAL et je vous en parlerai bientôt.

jeudi 11 février 2016

Tess d'Urberville de Thomas Hardy


Il y a très très longtemps (environ 15 ans), j’ai vu l’adaptation de Tess par Roman Polanski et cette histoire m’avait profondément marquée. Mais, je n’ai jamais revu ce film et je n’avais pas encore lu le livre bien qu’il soit sur ma liste de livres à lire depuis très longtemps.

L’an dernier, Thomas Hardy était à l’honneur avec l’adaptation de Loin de la foule déchaînée par Thomas Vinterberg. J’en ai profité pour découvrir cet auteur que je n’avais encore jamais lu. J’ai lu et aimé ses nouvelles du recueil Une femme d’imagination et j’avais commencé Tess, mais je n’avais pas eu le temps de le finir et entre-temps j’étais passée à autre chose (j’ai beaucoup papillonné en 2015). Mais ce n’était que pour mieux le reprendre, puisque j’ai fini les 200 dernières pages en une journée.

Le livre est aussi redevenu un peu à la mode grâce (à cause ?) de 50 shades of Grey puisqu’il est cité comme étant un des livres préférés de l’héroïne. Si je n’ai pas lu le livre, j’ai vu le film (meilleur film comique de 2015) et je ne résiste pas au fait de vous citer l’un des passages qui fait référence à Tess. J’avoue que je le cite de mémoire et que c’était donc peut-être un peu mieux dit que cela (ou bien c’était encore pire ce qui est possible aussi).
"- Vous aimez la littérature anglaise ? (Christian Grey)
- Oui (gloussement de dinde ou machouillage de cheveux)
- Les soeurs Brontë, Jane Austen, Thomas Hardy ? (il s'y connait le Christian !) 
- Hardy plutôt (Bella avait déjà pris les Hauts de Hurlevent et Jane Austen n'est sans doute pas assez sexualisée)
(...) 
- Vous êtes une romantique ? (sens cucul du terme, pas sens du mouvement littéraire)
- Bah oui (gloussement de dinde ou machouillage de cheveux)
- Ah oui, j'oubliais vous aimez la littérature anglaise !"
 Les amateurs de littérature anglaise (dont je suis)  apprécieront la vision que l’on a de nous. Je me souviens avoir bondi de mon siège.

Mais revenons à nos moutons,  ou plutôt à nos vaches du Wessex. Tess est une jeune femme aux ambitions simples : elle rêve de devenir maîtresse d’école. Mais un soir, elle s’endort en conduisant la charrette familiale et tue accidentellement le cheval qui permettait à sa famille de transporter leur production jusqu’aux villages voisins. Se sentant redevable, elle accepte de s’occuper d’un élevage de poules dans une famille qui leur serait vaguement apparentée. Mais elle tombe alors dans les griffes du fils de la famille, Alec d’Urberville, qui la poursuit de ses assiduités ce qui va ensuite être la cause de sa chute sociale car elle va devoir porter un lourd secret.

Ce que j’aime chez Thomas Hardy (et que j’avais déjà apprécié dans ses nouvelles) est cette impression que ses héros passent à côté du bonheur à cause de petits riens, de phrases qui n’ont pas prononcées, de gestes qu’ils n’ont pas faits mais que tout aurait pu être différent s’ils avaient eu un petit coup de pouce du destin. Si la lettre de Tess ne s’était pas retrouvée coincée sous le tapis ou bien si elle n’avait rien dit à Angel, elle aurait sans doute eu une autre vie (ces possibilités se prêteraient  d’ailleurs très bien à une réécriture, je m’étonne qu’il n’y en ait pas à ma connaissance). Cette façon de passer si près du bonheur m'émeut beaucoup.

Si Tess passe à côté du bonheur, elle n’est pas épargnée par le malheur la pauvre. Séductrice malgré elle, sa beauté sera sa croix. D’ailleurs, elle essaie même de s’enlaidir un moment pour échapper aux regards des hommes. En même temps, je n’arrive pas complètement adhérer à son personnage à cause de sa soumission et sa vénération aveugle envers Angel qu’elle trouve parfait à tel point qu’elle se plie à toutes ses décisions sans réagir. Au moins face à Alec, elle lutte. Même si j’ai tout de même de la peine pour elle et sa destinée si tragique.

Certaines scènes sont très belles et très poétiques comme la fête de mai où les jeunes filles dansent ou bien encore la crise de somnambulisme d’Angel.

Habituellement, je n’aime pas les descriptions qui concernent l’agriculture. Mais Hardy a réussi à me faire apprécier ces passages. Je n’ai pas sauté une ligne quand il évoquait la traite des vaches ni les travaux des champs. J’ai beaucoup aimé sa description d’un monde qui s’éteint, de ces ouvriers agricoles forcés à l’exode rural car ils sont remplacés par des machines

Partie à éviter si vous ne connaissez pas l’histoire.

J’aime particulièrement les romans qui soulèvent des débats sur leur interprétation et Tess en fait partie, même si le premier débat me paraît entièrement masculin. Lors de ma lecture, je n’ai douté à aucun moment que Tess avait été violée par Alec. Honnêtement, je ne vois pas comment on pourrait donner son consentement en étant ENDORMIE. Mais visiblement, c’est un débat autour du livre car pour certains, les hésitations de Tess envers Alec étaient peut-être des tentatives de séduction. J’avoue avoir arrêté de lire l’introduction (lue après avoir fini le livre comme il se doit) tellement les arguments de l’auteur me semblaient idiots. J’ai lu d’autres articles mieux argumentés depuis, mais dans mon esprit il ne fait aucun doute qu’Alec a abusé d’elle.

Il n’en reste pas moins qu’Alec est un personnage fascinant dans tout ce qu’il a de contradictoire. J’avoue avoir été très étonnée, par son retournement spectaculaire quand il pense découvrir la foi mais que le simple fait de voir Tess le fait retomber dans ses démons. Tess est sa tentation et il est incapable de lui résister. S'il est évidemment condamnable, il a quand même un côté pitoyable. Il essayera  de réparer ce qu’il a fait même si, en fait, il aggrave les choses.

Angel est aussi un personnage ambivalent. S’il apparaît comme le sauveur, l’ange salvateur de Tess, il se retrouve empêtré dans les conventions de son époque alors même qu’ils les avaient en partie rejetées au niveau de la religion ou bien même du système social quand il décide d’épouser Tess alors qu’elle lui est inférieure.  Mais, il devient lui aussi son bourreau de par son aveuglement. Qu’il la rejette semble un comportement assez logique vu qu’il est un homme de son époque, mais il ne voit pas les extrémités auxquelles il la pousse (voire même auxquelles il pousse les autres femmes). Il est pour moi autant l’artisan de son malheur qu’Alec.

J’ai aussi beaucoup aimé le dilemme moral auquel est confrontée Tess : doit-elle ou non révéler son secret à Angel ? J’ai trouvé ces pages très intéressantes car à chaque fois le destin s’interpose jusqu’à la nuit de noces.

J’aurais juste un petit regret quant à la fin que je ne trouve pas complètement  à la hauteur du reste. Je trouve la fuite de Tess et surtout son arrivée à Stonehenge un peu trop précipitées. Le côté sacrificiel de l’ensemble de l’ouvrage était déjà assez visible, je pense qu’il n’y avait pas besoin de souligner cela par les ruines de Stonehenge. Par contre, la dernière page est magnifique de pudeur et de retenue.

Lecture commune avec Marmelade de livres, Philisine Cave (billet à venir) et aussi sur Whoopsy Daisy. 




En plus d’avoir beaucoup d’autres romans de Thomas Hardy dans ma PAL, je vais regarder les trois adaptations de Tess que je possède. J’ai aussi le roman Winter de Christopher Nicholson dans ma PAL et il raconte justement la mise en scène de Tess par Thomas Hardy. (Il est exceptionnellement traduit en français sous le titre Hiver pour ceux que ça intéresse).

Participation au challenge A year in England 


mardi 2 février 2016

Le secret de Chimneys d'Agatha Christie


Le secret de Chimneys est le cinquième roman d’Agatha Christie (je ne compte pas ses nouvelles). Je précise à ceux qui ne lisent pas forcément mon blog régulièrement que j’ai entrepris de lire tous les romans d’Agatha Christie dans l’ordre chronologique d’écriture. Je n’ai pas encore fait de billets sur Mr BrownLe crime du golf et L’homme au complet marron car je les ai lus en 2015 et que j’essaye déjà de tenir à jour les billets portant sur mes lectures de 2016.

Même si ce livre n’est pas une suite de L’homme au complet marron, il est amusant de voir qu’Agatha Christie le fait débuter dans le Bulawayo, devant la tombe de Rhodes, là où a eu lieu une scène du livre précédent. Un aventurier, Anthony Cade, y retrouve l’un de ses amis qui lui confie une mission qui semble assez simple de prime abord : déposer à Londres les mémoires d’un ancien dignitaire herzoslovaque. De plus, il doit aussi rendre un paquet de lettres compromettantes à une certaine  Virginia Revel. Anthony accepte cette mission mais celle-ci se révèle bien plus périlleuse que prévu. Dès son arrivée, on tente de lui dérober le manuscrit et les lettres. Tout semble désigner la demeure de Chimneys, où Anthony se retrouve suite à des événements rocambolesques, comme un lieu où il pourrait découvrir des informations. Mais dès qu’il arrive un meurtre est commis : le prince de Herzoslovaquie a été assassiné. Le superintendant Battle est appelé sur les lieux pour enquêter.

Parmi les premiers ouvrages d’Agatha Christie, c’est celui que, pour l’instant, j’ai le moins apprécié. J’ai trouvé quelques passages sympathiques mais je lui ai trouvé aussi quelques longueurs. Je n’ai pas vraiment été intéressée par une partie de l’intrigue : le diamant le plus célèbre au monde – le Koh i Noor  qui se trouve quand même à la Tour de Londres– aurait disparu à Chimneys ce qui me semble très peu crédible. J’ai trouvé que certains ressorts étaient un peu répétitifs comme les personnages qui se font passer pour d’autres qu’ils ne sont pas sans que personne ne les soupçonne et je me doutais bien de qui était le futur héritier du trône. Je ne suis pas particulièrement fan de ces criminels « master mind », ces cerveaux  qui sont responsables de multiples crimes dans différents pays et qui semblent insaisissables. C’est le cas dans deux autres des romans précédents de l’auteur et je ne trouve pas cela très crédible (une fois je veux bien, mais qu’il y en ait autant qui se baladent de par le monde, cela fait beaucoup). J’espère que ces motifs ne se répéteront pas trop souvent dans ses ouvrages.

J’aurais préféré voir l’action se dérouler  en Herzoslovaquie plutôt que dans un manoir anglais, surtout vu les réflexions de deux des personnages principaux à la fin sur leur vision de la politique herzoslovaque.

Toutefois, certains personnages sont sympathiques comme Lord Caterham (qui ressemble à d’autres politiciens croisés dans l’œuvre d’Agatha Christie) qui est incapable de prendre une seule décision et qui s’en remet totalement son homme de main. Sa fille Bundle est aussi très sympathique. Le côté hyper flegmatique du superintendant Battle est aussi très appréciable. D’après ce que j’ai pu comprendre, on les retrouvera dans Les 7 cadrans.

Le prochain livre sur ma liste est le meurtre de Rodger Ackroyd mais je me suis stupidement spoliée en lisant le résumé du livre de Pierre Bayard qui lui est consacré. Entre-temps, j’ai déjà lu Loin de vous ce printemps et je pense lire rapidement L’If et la rose qui sont des romans d’Agatha Christie publiée sous le nom sous le pseudonyme de Mary Westmacott.


J’ai aussi regardé le téléfilm adapté de ce roman car il est passé récemment sur France 3. Que dire ? Il n’y a vraiment rien à sauver au niveau de la transposition. L’intrigue, l’époque, les protagonistes et le coupable sont totalement modifiés. Les dialogues sont à pleurer : après un accident l’un des personnages âgé d’une bonne vingtaine d’années s’exclame « Ne vous avisez pas de toucher à la bicyclette de maman ! ». A oublier. 

Participation au challenge A year in England 

et au mois du polar chez Sharon 



lundi 1 février 2016

Le bilan de janvier 2016


Voici mon petit bilan de janvier.

Ce mois-ci j'ai lu 8 romans et 1 OLNI (objet littéraire non identifié). J'ai indiqué des notes (sur 5)

Dans mon bilan de 2015, j'avais évoqué différentes choses que j'aimerais faire. Voyons où j'en suis. 
  • Bloguer davantage : Check !
Avec 9 billets en un mois, je dépasse allègrement mon rythme de l'an dernier puisque je n'avais publié que 7 billets de septembre à décembre ! 
J'ai aussi lu et commenté un peu plus vos blogs, même si je ne suis pas encore au rythme que j'ai pu connaître auparavant
  •  Recentrer mes lectures : Check ! 
J'avais eu tendance à privilégier des lectures un peu "faciles" en 2015, j'ai donc essayé de rectifier un peu le tir, tout en gardant des lectures distrayantes, parce que je ne peux pas m'en passer. 
J'ai eu 2 coups de coeur (pour le Zweig et le Mary Westmacott), ce qui est déjà autant que dans mon bilan de l'année 2015 ! 

  • Suivre ma liste de livres à lire absolument cette année : en cours 

J'en ai rayé 2 et je suis dans Adorable Sophy. 
  • Lire rapidement les livres que j'achète neufs : AB

Ce mois-ci j'ai quand même pas mal craqué au niveau de mes achats, la faute a un retour assez stressant au boulot qui fait que j'ai eu un peu plus de mal à résister aux nouveautés qui me tendaient les bras et aussi à une nouvelle routine avec mes amies (le vendredi, c'est tour dans une librairie). Mais bon, 3 livres ne sont restés que 24h dans ma PAL, J'en ai lu 4 autres et j'en ai 3 autres en cours (le Gibbons, le Fitzgerald et le Mantel), Même si j'aurais pu être plus raisonnable, j'ai quand même tenu ma résolution de n'acheter des livres que j'ai envie de lire tout de suite. A part le Bruccoli et le Tomkins (que j'ai acheté car il restait peu d'exemplaires disponibles), je pense que j'aurai lu tous les autres en février. 

  • Lancer un nouveau challenge avec Titine : Check !
Le challenge Tudors est en cours. J'ai lu le premier tome de Wolf Hall (billet mercredi), j'espère finir le deuxième tome pour jeudi et je vous rappelle qu'il y aura un billet commun sur la série le 5 février (la série a été diffusée sur Arte). 

  • Poursuivre mon challenge L'art dans tous ses états : A revoir 
Je n'ai lu aucun livre en rapport avec ce challenge ce mois-ci, je vais essayer de me rattraper avec un tout petit livre (Le rendez-vous de Venise de Philippe Beaussant). 

  • Ecrire un billet sur toutes mes lectures : en cours
C'est le défi que je me suis lancée cette année. Pour l'instant, il n'y a que 3 billets sur mes lectures de 2016, mais celui du secret de Chimneys est écrit et sera sans doute en ligne demain, celui de Wolf Hall est presque finalisé et sera en ligne mercredi, celui de Loin de vous ce printemps est écrit à 50 % donc je pense que c'est encore possible. 


Les prochains rendez-vous sur le blog : 
  • le 5 février avec un billet sur la série Wolf Hall avec Titine
  • le 10 février avec une lecture commune de Tess avec Philisine, Tachas et Titine
  • le 28 février avec une lecture commune de Portrait d'une femme avec AnGee pour commémorer le centième anniversaire de la mort d'Henry James (si vous voulez nous rejoindre avec ce titre ou un autre, n'hésitez pas !) 
Joyeux mois de février à tous !